C'est au sein de cet élevage, deuxième du nom, que prend véritablement son esssor la célébrissime caste vistahermosa, sous l'impulsion de son propriétaire Benito ULLOA y HALCÓN de CALA, 2e Conde de VISTAHERMOSA, qui a hérité en 1776, toujours probablement avec l'aide précieuse de "Curro El RUBIO" comme au temps de son père. Il se présente à Sevilla en 1782, et à Madrid le 2 août 1790 à l’occasion d’une série de fêtes de bienfaisance organisées par la Junta de Hospitales. Comment sortaient les toros de Vistahermosa ? Difficile à préciser. Mais une chose est claire : ils commençaient à s’appeler les condesos, tellement leur type et leur comportement en piste différaient du type et du comportement de tous les autres. Ils correspondaient certainement à un nouveau concept.

Brève histoire de l'élevage du IIe conde de VISTAHERMOSA
° Les toros du IIe conde de VISTAHERMOSA sont présentés à la Maestranza de Séville en 1782. Mais les vistahermosa n'ont toujours pas foulé le sol de Madrid, alors qu'’ils sont des 5 élevages les plus côtés d’'Andalousie…... Avant que ne commence la temporada 1790, la Junta de Hospitales de Madrid, qui a la charge d’'engager toros et toreros pour les arènes de la capitale, lance un appel à d'autres éleveurs que les habituels -pour la plupart éleveurs de jijones de Castille et de navarrais- qui se considèrent comme suffisamment méritants pour lidier de plein droit dans la capitale, aux arènes de la porte d'Alcalá. Comme les toreros engagés, José DELGADO GUERRA "Pepe-HILLO", "COSTILLARES" et Pedro ROMERO -excusez du peu !- sont Andalous, après de solides délibérations, on choisit, en plus des toros castillans, de présenter des toros andalous. Ce seront 8 toros de CASA ULLOA (des cabrera),

[Attention. Le titre de marquis de CASA ULLOA n'est attribué que le 18 septembre 1797 à Juan José de ULLOA y PONCE de LEÓN. En 1790, c'est son père, Benito de ULLOA y LEDESMA-SANABRIA, qui est encore ganadero des fameux toros de caste cabrera ! Il n'est mort qu'en 1802. Il semble qu'à partir du fils, l'appellation de CASA ULLOA ait largement reflué dans les chroniques sur le passé de la ganadería... remontant jusqu'à sa création par le père de Juan José.]

12 toros d'Antonio MAESTRE (de Séville ; semble oublié par le mundillo), 8 toros de BÉCQUER (des cabrera), 8 toros de Joaquín de GOYENETA (semble oublié par le mundillo) et 8 toros de VISTAHERMOSA 2 etc. qui feront leur présentation à Madrid

[les chiffres sont ceux de Archives régionales de la communauté de Madrid -ARCM- ; leur détail ne correspond pas aux chiffres annoncés dans les cartels publiés dans le Diario de Madrid ; les archives paraissent plus fiables. Toutefois les 2 sources donnent un même total de 44 toros]

Au total, ce sont donc 44 toros, plus 7 cabestros, andalous qui sont achetés par la Junta de Hospitales de Madrid en cette année 1790 ; elle les paie 59.141 réaux à leur représentant, le marquis de CASA MENA (semble oublié par le mundillo). Ils sont acheminés à pied depuis leurs pâturages andalous, comme le montre ce dessin à la plume de Luis Pineda(XXe siècle).
° Ainsi la 6e corrida madrilène de la temporada 1790, donnée le lundi 5 juillet, plaza de la porte d’'Alcalá, est-elle celle de la présentation des 6 premiers toros andalous : précisément ceux de Benito ULLOA [certainement ULLOA LEDESMA SANABRIA : élevage cabrera], d’'Utrera, avec la devise escarolada (jaune pâle de la feuille de chicorée). La 7e, le lundi 12 juillet, voit la présentation de 5 toros d'’Antonio MAESTRE, de Séville, avec devise blanc. La 8e, le lundi 19 juillet, c'est le tour de ceux de Juan BÉCQUER, d'Utrera, avec devise blanc. Pour la 9e, le lundi 2 août, qui comprend une course du matin et une autre de l'après-midi, sont annoncés 5 toros du conde de VISTAHERMOSA, d'Utrera, provenant du royaume de Séville ; il porteront une devise escarolada (jaune pâle de la feuille de chicorée). Ces 5 toros se trouvent en compétition avec 3 toros de Miguel JIJÓN, 2 de Hermenegildo DÍAZ HIDALGO (tous deux de Villarrubia de los Ojos), 3 d'Álvaro MUÑOZ y TERUEL (de Ciudad Real) et 5 de Vicente BELLO (de Palacios Rubios, Salamanca) ; ces derniers se présentent aussi à Madrid. Les toros des 2 élevages qui se présentent, VISTAHERMOSA et BELLO, sont courus l'après-midi. 5 d'entre eux sont piqués par Bartolomé CARMONA (sévillan residant à Ronda) et Miguel VELÁZQUEZ de MOLINA (de La Algaba, Séville); les 13 autres sont piqués par Diego GARCÍA "COLCHONCILLO" (de Chiclana, Cádiz) et Francisco FERNÁNDEZ "EL TINAJERO" (de Granada). Les "espadas" sont les Sévillans Joaquín RODRÍGUEZ "COSTILLARES" et Francisco GARCÉS. Les 2 derniers sont estoqués par le media espada Juan José de la TORRE.
° Sans doute les vistahermosa ont-ils donné un bon jeu puisque le lundi 6 septembre suivant, pour la 11e corrida, on voit revenir 3 toros de plus de VISTAHERMOSA ; ils portent cette fois une devise verte. -On notera que le conde de VISTAHERMOSA avait été annoncé par erreur comme marquis-. Ce sont les mêmes picadors que pour la 9e. Mais cette fois les espadas sont : José DELGADO "HILLO" et Francisco GARCÉS (en remplacement de "Costillares", blessé) ; toutefois, les 2 derniers toros sont estoqués par les medias espadas Francisco HERRERA "EL CURRO" et Juan José de la TORRE.
Les toros andalous sont enfin entrés à Madrid. Ils vont s'y implanter. On les y verra pendant les temporadas suivantes, les VISTAHERMOSA en particulier. Ils sont bien acceptés par les toreros comme par le public.

° On trouve trace d'une présence des toros du IIe VISTAHERMOSA à la Maestranza de Séville au cours des 8 courses des fêtes de printemps de 1794, en concurrence avec des toros d'Antonio MAESTRE (de Séville ; semble oublié par le mundillo), de la marquesa de TOUS ( =? ), de Joaquín de GOYENETA ( =? ), de Benito ULLOA FREIRE ( = ? ), de ROMERO ( = ? ), de LA CARTUJA de Jerez et de José Joaquín RUBIN de CELIS ( = ? ). Le principal matador engagé est "Pepe-HILLO" ; il touche 2.875 réaux pour chaque intervention (actuación).
° Le 11 mai 1801, aux arènes madrilènes de la porte d'Alcalá, le toro "BARBUDO" de la ganadería de José Gabriel RODRÍGUEZ SANJUÁN, de Peñaranda de Bracamonte (Salamanca), blesse mortellement José DELGADO "HILLO", alias "Pepe-HILLO". Il avait été le premier matador à lidier et estoquer un toro de VISTHERMOSA, le jour de la présentation à Madrid...

C'est LE frère de Benito, Pedro, 3e conde de VISTAHERMOSA, qui possèdera le troisième élevage du nom, en 1800. Le fer reste le même.