FICHE ELEVAGE

VISTAHERMOSA 3

Plan : 00.01



Toujours sous le même fer familial, Pedro Luis ULLOA y HALCÓN de CALA,3e Conde de VISTAHERMOSA poursuit au sein de son élevage la rigoureuse sélection du bétail entreprise par son frère et prédécesseur Benito. Il subit les vicissitudes de la guerre d'Indépendance contre les troupes de Napoléon, ainsi que de l'interdiction des corridas ordonnée par le roi CARLOS IV. Mais il parvient à surmonter la crise et à maintenir, voire à accroître, la haute réputation de ses toros : l'encaste vistahermosa plane sur les sommets.

Petite histoire de l'élevage
°° Les années suivant 1800, Madrid continue à lidier des toros andalous de divers élevages… mais pas de VISTHERMOSA. Sur les conseils du toujours précieux "Curro El RUBIO", le conde continue de chercher à se renforcer en lidiant dans des arènes de moindre importance à travers toute le basse Andalousie : il s’agit d’être prêt le jour où une opportunité se présentera. Ce sera le cas lorsque l’on retiendra ses toros pour donner de la solennité à un événement royal.
° C’est ainsi que Pedro Luis de ULLOA y HALCÓN de CALA, IIIe conde de Vistahermosa, présente ses toros à Madrid –plaza Mayor, cette fois, et non plus porte d’Alcalá- pour les fêtes madrilène des 22, 23 et 29 juin 1803, données à l’occasion du mariage du prince des Asturies, Fernando de BORBÓN y PARMA (qui régnera plus tard sous le nom de Fernando VII) avec la princesse de Naples, María Antonia. On lui demande 6 toros : il ne peut en envoyer que 4, les autres étant déjà partis de leur élevage pour les corridas de Córdoba. On a la description de ces toros grâce aux feuillets de l’événement édités par Luis CARMENA y MILLÁN et recueillis par Rafael CABRERA BONET, de l’Unión des Bibliophiles Taurins : - El "LUZERO", castaño claro, bragado et cornialto, de 5 ans.
- El "BERRENDO", berrendo en negro et cornialto, de 6 ans.
- El "SILLETO", colorado, cornialto, de 6 ans.
- El "BRABO", rosado (= colorado pâle ?…) et cornilargo, de 6 ans.
La présense de ce berrendo est une surprise, même si cette cape était très minoritaire. Il est vrai que certains prétendent que la ganadería VISTAHERMOSA des origines était "en technicolor" !...
° Ce n’est pas tout. Ledit feuillet nous signale que ces toros ont porté une devise rouge, vert et blanc. Il nous donne aussi la description de leur fer : un fer en forme de croix latine jointe à un A majuscule incliné portant un petit cercle à son sommet : voilà qui correspond fort bien au fer connu.
° La même source permet de connaître les toreros de ces courses : "Caballeros rejoneadores : Juan José GUTIÉRREZ (de Málaga) et Félix AVECILLA (de Madrid). Picadores de vara larga : Laureano ORTEGA LÓPEZ, Antonio PARRA, Juan ANASTASIO LÓPEZ, Francisco RIVILLAS, Cristóbal ORTIZ y Juan de RUEDA. Primeros espadas : José ROMERO, Bartolomé JIMÉNEZ, Antonio de los SANTOS et Agustín AROCA. Supernumerario : Juan NÚÑEZ "SENTIMIENTOS". Segundas espadas: "Curro GUILLÉN", Juan del ALCÁZAR, Alfonso ALARCÓN et Manuel ALONSO. "

°° L’apparition suivante des toros du 3e conde de VISTAHERMOSA a lieu cette fois aux arènes de la porta d’Alcalá, le 11 juin 1804 pour la 7e course de la temporada. Il lidie 4 toros porteurs de la devise rouge, en compétition avec 4 de Vicente (José) VÁZQUEZ, 2 de (Rafael) José CABRERA, 2 de Francisco de Paula MARAÑÓN et 4 du conde de COLOMER. Les picadores sont Luis CORCHADO, Pedro ORTIZ, Pedro PUYANA, Francisco ORTIZ, Cristóbal ORTIZ et Antonio HERRERA CANO. Les espadas sont : Bartolomé JIMÉNEZ, Agustín AROCA et Juan NÚÑEZ "SENTIMIENTOS".
Pour cette même temporada 1804, un aficionado –peut-être appelé HERNÁNDEZ GARRIGUES- dit avoir trouvé en 1876, donc bien des années plus tard, des témoignages affirmant que les toros de VISTAHERMOSA portaient de préférence une devise bleu ciel et blanc. Il est curieux que les références les plus connues n’en parlent pas. Pourtant cet aficionado, qui décrit correctement le fer de ces toros, semble crédible…

Pour une si importante ganadería, c'est assez peu de références prestigieuses. Toutefois, il ne faut pas oublier que fin XVIIIe et début XIXe, les corridas n’ont lieu que par intermittence à Séville, ainsi qu’à Madrid et dans le reste de l’Espagne. Plusieurs interdictions et l’invasion napoléonienne en sont les principales causes.
°° Les possibilités de changements du toreo, ouverts par les qualités particulières des toros vistahermosa, s’affirmeront avec la disparition de la génération des José Delgado "HILLO" (1754-1801), Joaquín RODRÍGUEZ "COSTILLARES" (1743-1800) et Pedro ROMERO (1754-1839), suivie de l’émergence de la génération des Jerónimo José CÁNDIDO (1770-1839), Francisco HERRERA RODRÍGUEZ "Curro GUILLÉN" (1775-1820) et surtout de Francisco de Paula José Joaquín Juan MONTES REINA "PAQUIRO"; (1805-1851), élève de Pedro ROMERO à l’École de Tauromachie de Sevilla en 1830.
° En 1805, il y a grandes difficultés à programmer des corridas, mais cette situation s’accompagne de mouvements et de changements politiques en Espagne. Carlos IV, qui se désintéresse de la plupart des obligations de sa charge, t qui se décharge des affaires du gouvernement entre les mains de l’arriviste Manuel GODOY qu’il a nommé chef du gouvernement. Résultat, le peuple finit par haïr GODOY et le roi… Par-dessus le marché, il existe de fortes tensions sociales entre les afrancesados et les conservateurs : les idées de la Révolution française sont passées par là !
Fallait-il en outre que GODOY soit férocement anti-taurin ? Le 20 février 1805, il fait signer à Carlos IV une charte royale interdisant les corridas, au motif que ces rassemblements passionnés pourraient dévier dangereusement. Les motifs invoqués sont évidemment tout autres : la corrida ne correspond pas au caractère si humain du peuple Espagnol, elles sont préjudiciables à l’agriculture, elles détournent les gens de leur travail (les corridas se célèbrent le lundi pour ne pas entrer en concurrence avec les offices religieux : conséquence des anciennes interdictions papales)… La prohibition des corridas reste en vigueur de 1805 à 1807. La guerre d’Indépendance contre les troupes de Napoléon commence en 1808 ; le 19 mars, Carlos IV abdique au profit de Joseph Bonaparte, qui est proclamé roi le lundi 25 juillet. L’événement devrait être célébré par une corrida le mercredi 27 juillet, mais la nouvelle de la déroute française de Bailén, le 19, entraîne la fuite du monarque.
° Après quelques jours de flottement, Fernando de BORBÓN y PARMA, fils aîné de CARLOS IV, est proclamé roi le 24 août 1808. L’événement est fêté 2 jours plus tard par une corrida : le vendredi 26, dans les arènes de la porte d’Alcalá qui voient ainsi leur 1ère corrida de l’année. La seconde a lieu dès le lundi suivant, le 29. La moitié de l’arène est gratuitement réservée aux militaires, et l’autre moitié au public pour la moitié du prix habituel. Les bénéfices sont destinés à la paye des soldats. L’enthousiasme est tel que ces derniers sont nombreux à grimper sur les toits, ce qui ne manque pas de les endommager sérieusement !
° À la mi-mars 1808, on avait déjà acheté 90 toros à diverses ganaderías andalouses, dont celle du IIIe conde de VISTAHERMOSA, en l’honneur de Napoléon, qui pensait venir en visite officielle à Madrid à la fin du mois. Mais il ne vient pas. Aussi les toros restent-ils quelques mois dans les pâturages de la finca de "LA MUÑOZA", à l’est de Madrid, aux abords du Henares, un affluent du Jarama. Quand les Hôpitaux royaux sont désignés pour organiser les corridas d’août et les suivantes, ils renvoient les toros andalous à leurs propriétaires et récupèrent une partie de leur prix élevé : ils pensent pouvoir faire des corridas aussi brillantes avec du bétail castillan de caste jijona, moins coûteux. Sont choisies, entre autres, des bêtes de Juan DÍAZ HIDALGO, de Álvaro MUÑOZ y TERUEL (de Villarrubia de los Ojos), du conde de VALDEPARAÍSO, de Manuel ALEAS (de Colmenar) et de Magín MARTÍN MORENO.
Le 26, est engagé, pour 1.800 réaux par course, l’espada Juan NÚÑEZ "SENTIMIENTOS" : c'est un gitan fixé à Madrid (dans l’actuelle rue de Séville, appelée alors Calle Ancha... de los Peligros !) depuis la prohibition de 1805 ; il a la réputation d’être un bon type… mais "laid comme un démon" ! Est engagé aussi le media espada Alfonso ALARCÓN "EL POCHO", d’origine andalouse et lui aussi fixé à Madrid quand qu’il est devenu banderillero de "PEPE HILLO".
°° L’absence des toros andalous se poursuit en 1809 (pas de corrida à Madrid), 1810, 1811, 1812, 1813 (pas de corrida à Madrid). En 1814, Fernando VII revient sur le trône après la défaite des Français ; l’autorisation des corridas dans toute l’Espagne lui est un moyen de se gagner les faveurs du peuple, tandis que les ganaderos, saccagés par les 2 bords, gênés dans leur travail d’élevage et empêchés de faire courir, commencent à respirer ! Grâce à son acharnement, sa passion et son engagement, non seulement le IIIe conde de VISTAHERMOSA retrouve peu à peu la qualité bien connue de ses toros mais il en augmente aussi énormément le nombre en quelques années, et ce jusqu’à son décès soudain en 1821.
°° En 1814, Séville retrouve aussi les corridas. Les premières ont lieu les 24 et 26 de juillet, ainsi que les 10 et 15 août, avec 8 toros chacune l’après-midi ; le matin a lieu le traditionnel toro del aguardiente. Les toros lidiés appartiennent aux ganaderías du IIIe conde de VISTAHERMOSA, de CABRERA, de FREIRE, de VELASCO, et de GÓNGORA , plus 1 toro d’EL MORUNO. Les Annales du marquis de Tablantes nous apprennent qu’un toro de VISTAHERMOSA s’est mis en colère (rabió)contre Tablada et a fui (huyó) : que s’est-il passé au juste ?... Les picadors sont Cristóbal ORTIZ (blessé le 10 août), Francisco RIVILLAS, José ORELLANA et Luis CORCHADO. Les matadors engagés sont Francisco HERRERA GUILLÉN "CURRO GUILLÉN", Antonio RUIZ "EL SOMBRERERO", plus Juan GARCÍA "EL QUEMADO" comme media espada.
Dès lors, les corridas à Séville et ses environs, tout comme les toros de VISTAHERMOSA, retrouvent leur régime normal.
°° 1815 revoit 2 toros vistahermosa à Utrera ; ils portent une devise bleu ciel et blanc. Le lundi 19 juin, ils reviennent aussi à Madrid, arènes de la porte d’Alcalá, pour une course de matinée et d’après-midi. Sont là : 2 toros du conde de VISTAHERMOSA, 2 de Bernabé del ÁGUILA, 3 de Diego MUÑOZ y PEREIRO, 5 de Vicente José VÁZQUEZ et 2 du marqués de CASTROJANILLOS. Les 6 du matin sont piqués par Joaquín ZAPATA et Sebastián MÍGUEZ ; les 8 de l’après-midi par Luis CORCHADO, Antonio HERRERA CANO et José ORELLANA. Quant aux matadors, ce sont "CURRO GUILLÉN", Manuel ALONSO "EL CASTELLANO" et Juan NÚÑEZ "SENTIMIENTOS". Les 2 derniers toros de l’après-midi sont estoqués par le sobresaliente Francisco HERNÁNDEZ "EL BOLERO".
À Partir de cette date, les toros andalous de toutes origines retrouvent peu à peu dans l’ensemble de l’Espagne la place qu’ils avaient acquise.

Le 29 juin 1821, jour de la... saint Pierre !, Pedro Luis de ULLOA y HALCÓN de CALA, IIIe comte de VISTAHERMOSA, meurt sans descendance, âgé de 70 ans. Sa sœur Luisa hérite du titre de IVe comtesse de VISTAHERMOSA et de toute la ganadería... à 69 ans. Elle ne désire pas poursuivre dans les toros. Il faut dire qu’à cette époque, il est mal vu, voire non toléré, qu’une femme ait la liberté et l’autonomie de diriger des négoces de quelque sorte que ce soit, et surtout de toros braves aussi aristocratique soit la chose ! Plus tard, quelques-unes y parviendront tout de même…
La comtesse forme une Testamentaría (exécution testamentaire) qui se charge, non sans grandes difficultés, de vendre le troupeau : vu le grand nombre de têtes (de quel ordre ? Plusieurs milliers probablement...), les exécuteurs testamentaires ne trouvent aucun acquéreur capable d’acheter et de prendre en charge la totalité. Il ne reste qu’une solution : vendre en plusieurs lots à divers acheteurs. Autant dire que le quatrième et dernier élevage du nom n'aura guère d'existence que nominale.


Les événements


Date : le 17/11/1800
Date : 1806
Date : 1820
  • Cession de bétail :
    L'élevage VISTAHERMOSA 3 vend à l'élevage Vicente José VÁZQUEZ 1 etalons (encaste vistahermosa).

  • Remarques :
    C'est en profitant du désamortissement de GODOY qu'en 1806, Pedro Luis ULLOA y HALCÓN de CALA,3e Conde de VISTAHERMOSA achète la finca de VALCAGADO.
    Ne pas confondre la branche des ULLOA conde de VISTAHERMOSA, avec la branche cousine [le père du 1e Conde de VISTAHERMOSA avait un frère, Martín, qui épousa une LEDESMA] de : Benito ULLOA LEDESMA et son fils, le marqués de CASA ULLOA, éleveurs eux aussi, qui contribueront à la création du croisement fondamental de vazquez et qui réussiront avec des cabrera.

Date : 1821
  • Cession de bétail :
    L'élevage VISTAHERMOSA 3 lègue à l'élevage VISTAHERMOSA 4 la totalité de ses têtes de bétail (encaste vistahermosa).

  • Transfert/Cession de lieu :
      finca VALCARGADO sur la commune

  • Dissolution :

  • Remarques :
    C'est en profitant du désamortissement de GODOY qu'en 1806, Pedro Luis ULLOA y HALCÓN de CALA,3e Conde de VISTAHERMOSA achète la finca de VALCAGADO.
    Ne pas confondre la branche des ULLOA conde de VISTAHERMOSA, avec la branche cousine [le père du 1e Conde de VISTAHERMOSA avait un frère, Martín, qui épousa une LEDESMA] de : Benito ULLOA LEDESMA et son fils, le marqués de CASA ULLOA, éleveurs eux aussi, qui contribueront à la création du croisement fondamental de vazquez et qui réussiront avec des cabrera.