FICHE ELEVEUR

Pedro Luis de ULLOA y CELÍS/CALÍS REINA, 1er Conde de VISTAHERMOSA


naît : 1697-00-00
meurt : 1776-05-22


Les ULLOA sont originaires de la GALICE (ULLOA ou ULLA désigne un petit fleuve côtier au sud de SANTIAGO DE COMPOSTELLA). Certains pensent qu'ils sont descendus dans le sud au moment de la "Reconquête" (Elle commence dès le XIe siécle avec des fortunes diverses. Mais au début du XIIIe siècle, les royaumes chrétiens du nord de la péninsule ibérique unissent leurs forces. Soutenus par une croisade venue de France, ils remportent la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212. Les musulmans sont refoulés dans le sud de la péninsule et forment le royaume de Grenade. Ils se maintiendront pendant près de deux siècles à la faveur des rivalités entre les royaumes de Portugal, de Castille et d'Aragon. L'unification de l'Espagne en 1474, à la suite du mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon, est décisive. Après un siège de plusieurs mois, Grenade tombe en janvier 1492. Les musulmans sont définitivement expulsés d'Espagne, c'est la fin de la Reconquête).
Il se pourrait que cette migration soit en réalité plus tardive. Une épidémie de peste bubonique avait touché Utrera en 1649 et réduit sa population de moitié. C'est ainsi qu'au début du XVIIIe, on trouve à UTRERA, dont voici l'écusson, la trace d'un couple d'agriculteurs formé de Pedro de ULLOA y del PORTILLO (grand-père du 1er conde de VISTAHERMOSA) et de son épouse María Ana ANDINO. Il pourrait être issu de Galiciens descendus du côté d’Utrera à l’occasion d’une vague de peuplement, suite aux ravages de cette épidémie. Ce couple a 2 fils : Martín et Benito de ULLOA y ANDINO. Ils vont donner naissance à deux branches célèbres de la famille ULLOA d’Utrera : par Martín, l’aîné, la branche du marqués de CASA ULLOA, qui s'illustrera avec la caste cabrera ; et par Benito, le cadet, celle du conde de VISTHERMOSA, qui s'illustrera avec la caste vistahermosa.

Branche CASA ULLOA
° Le fils aîné, Martín de ULLOA y ANDINO, est le père de Benito de ULLOA y LEDESMA-SANABRIA, né en 1715 et mort en 1802. Ce Benito devient ganadero en achetant à Luis Antonio CABRERA PONCE DE LEÓN Y LUNA une partie de son élevage. Cette branche des ULLOA s'illustrera,donc, avec la caste cabrera. Benito apparaît dans les archives comme fournisseur de toros à la Maestranza de Séville dès le 22 avril 1761.
° Le fils de Benito, Juan José de ULLOA y PONCE DE LEÓN, deviendra le premier marquis de CASA ULLOA, le 18 septembre 1797.

Branche VISTAHERMOSA
° Le fils cadet, Benito ULLOA y ANDINO, loue avec un bail emphytéotique (de durée très longue, voire perpétuelle) le cortijo VALCARGADO, dont le propriétaire direct est l’Hôpital de la Miséricorde d’Utrera. Depuis l’époque romaine, il y avait à VALCARGADO des marais salants qui procuraient de la saumure pour les olives ; cela ajoute au cortijo une valeur particulière vu que la culture de l’olivier est une des principales activités de la famille. Ce Benito, mort en 1736, est le père de Pedro Luis de ULLOA y CELÍS (parfois écrit CALÍS) REINA : né le 27 décembre 1697 (?), il est baptisé le 27 août 1698 (?) à UTRERA, et se marie à LEBRIJA en 1735 avec María Tomasa HALCÓN de CALA y OROZCO; il mourra en 1736. C'est un propriétaire terrien important ; il occupe des charges officielles, parvenant à devenir conseiller municipal (regidor) d’UTRERA, et sa maison-palais est aujourd'hui l'ayuntamiento d'UTRERA. Le 10 janvier 1765, il obtient du roi Carlos III, moyennant la somme de 220 ducats, le titre de Conde de VISTAHERMOSA, avec celui de vicomte de la VEGA [nom de terres possédées par cet ULLOA ?]. L’appellation de VISTAHERMOSA pourrait venir d’un lieu ou d’un bâtiment proche d’UTRERA : entre MONTELLANO et PUERTO SERRANO, on trouve encore les ruines d’une hacienda VISTAHERMOSA ; il n’est pas impossible que les premiers ULLOA aient eu quelque lien avec ce lieu –on notera que le nom d’hacienda, plutôt que de cortijo, fait référence à la culture de l’olivier.

Note._ Une autre source fait état d'un divergence de date et de noms : "Le 12 mars 1763, le roi Carlos III accorde à Pedro Luis de ULLOA y ANDINO PORTILLO y PALACIOS le titre de Ier conde de VISTAHERMOSA et vicomte de la VEGA, en tant que famille illustre d’Utrera. Il semble que l’appellation, fréquante, de Pedro Luis de ULLOA y CALÍS/CELÍS soit erronée, si l’on se réfère à la littérature héraldique ; mais il pourrait aussi y avoir eu un changement sur le registre d’état civil…" Et pourquoi pas une confusion, volontaire ou non, avec les noms de famille portés par ses grands-parents : Pedro de ULLOA y del PORTILLO et María Ana ANDINO (plus d'autres noms, sans doute !) ?... De toute façon, cela ne porte pas à conséquence. Mais on voit bien la difficulté à établir des certitudes.

Voyant s’étendre chez ses contemporains la fièvre de posséder des toros de lidia pour augmenter leur prestige, entre 1770 et 1774 [en 1774 ???] le notable aristocrate Pedro Luis de ULLOA décide de transmettre, avant de mourir, à son fils Benito une ganadería brave de première qualité, capable de rivaliser avantageusement avec celle des autres. C’est pourquoi il fixe son choix sur la ganadería des RIVAS, de Dos Hermanas, considérée comme faisant partie des meilleures sinon la meilleure. Il ne plaint pas ses efforts pour y parvenir et, entre 1770 et 1774 [en 1775 ???], il obtient finalement de Tomás Dionisio RIVAS ce qu’il voulait. Mais il est déjà d’un âge avancé et de santé précaire…
En 1774/1775, à l’âge de 77/78 ans [ou dès 1770-1774 ?], Pedro Luis décide donc de former une ganadería afin d’en retirer du prestige, comme beaucoup. À l'époque où la ganadería de José Rafael CABRERA est des plus fameuses, il rêve de le supplanter par la qualité du combat de ses propres toros. Il va être le 1er de sa famille à posséder des toros de lidia et, qui plus est, ayant la sagesse de très bien s'entourer, se révéler très compétent en matière d'élevage bravo. Pour réliser son rêve, il se met en tête de ne pas ressembler aux autres éleveurs de toros braves de la campagne utrerana. Ceux-ci avaient choisi du bétail qui, par un biais ou un autre, procédait de la même origine : la ganadería que, depuis le XVIe siècle, les moines de la Chartreuse Santa María de la Defensión -nom qui date d’'une bataille de la Reconquête en 1368-, de Jerez de la Frontera, avaient formée à partir de la dîme ou des aumônes des ganaderos de la région de Jerez. Pedro Luis, lui, décide d'acheter à Tomás RIVAS et ses frères, de DOS HERMANAS, (une partie de ?) son troupeau de toros d'arènes, qui n'est probablement pas d'origine chartreuse… encore que, si l'on remonte plus haut, les origines plus lointaines doivent être à peu près les mêmes pour tous : le bétail plus ou moins sauvage du sud de l'’Andalousie. On notera toutefois que les toros de la famille RIVAS apparaissent dans les Annales de la Maestranza de Séville dès 1733 : bien avant les ganaderías d'Utrera. La plus grande différence entre les toros des RIVAS et ceux des autres pourrait ne tenir qu'à quelques dizaines d’années (au moins 40, et sans doute pas loin de 50) de sélection supplémentaires chez les RIVAS… peut-être associées à un peu de chance et peut-être aussi associées à des méthodes de sélection plus rigoureuses.

Pedro Luis installe sa nouvelle ganadería dans le cortijo SALVADOR DÍAZ, dont le nouveau comte détenait le bail depuis 1769. En même temps, il s'attache les services de Francisco JIMÉNEZ dit "CURRO EL RUBIO", qui était jusque ici le conocedormayoral- des frères RIVAS, et qui lui a servi d'intermédiaire avec eux.
Pedro Luis place son patrimoine sous le régime du majorat : une institution de l'’ancien droit castillan qui permet de maintenir des biens liés ensemble de telle sorte qu’'ils ne pourront jamais être séparés. Il meurt le 23 mai 1776, à l'’âge de 79 ans, alors qu’'il commence juste à profiter de la réputation de son troupeau.

La supposition de Juan José ZALDÍVAR ORTEGA dans son livre de 2010 : "GALLARDO, apellido con casta y solera" n'est pas invraisemblable, même si on ne sait guère sur quoi elle est étayée :
Probablement, avant même que les Hermanos RIVAS ne se rendent tout à fait compte de l'exceptionnelle qualité combattive de leurs toros, Pedro Luis de ULLOA l'avait remarquée, et il cherchait à les acquérir... sans trop regarder au prix. Il semble que, longtemps (depuis 1735 ?), les RIVAS n'aient pas souhaité accéder au désir d'ULLOA, mais qu'ils aient fini par succomber à la perspective de gagner gros.
C'est assez cohérent avec ce qui semble bien établi. Sur les conseils de Francisco JIMÉNEZ dit "CURRO EL RUBIO", qui conseillait et aidait déjà les RIVAS, de 1770 à 1774 il achète des toros aux Hermanos RIVAS [peut-être à Tomás seul] et crée son propre élevage : VISTAHERMOSA 1, son propre fer... et la caste fondamentale vistahermosa. Il commence à rassembler les potentialités de l'élevage ; mais il est déjà largement septuagénaire, et c'est son fils aîné, Benito ULLOA y HALCÓN de CALA, 2e Conde de VISTAHERMOSA, qui lui succède en 1776 à l'âge de 40 ans, qui fera l'essentiel et acquerra la renommée, jusqu'à rivaliser avec les fameux toros de José Rafael CABRERA. Ce deuxième Conde de VISTAHERMOSA mourra sans enfants ; lui succéderont son jeune frère Pedro Luis ULLOA y HALCÓN de CALA, 3e conde de VISTAHERMOSA, puis leur soeur intercalée Luisa ULLOA y HALCÓN de CALA, 4e Condesa de VISTAHERMOSA, eux aussi sans descendance.
Il est notable que le testament du premier Conde soit d'une extrême générosité envers les pauvres et les prisonniers, hommes ou femmes... Il est enterré à la paroisse Santa María de Mesa, d'UTRERA.
N.B. - Quasiment toutes les informations actuelles sur les Condes de VISTA-HERMOSA prennent source dans l'étude que Luis FERNÁNDEZ SALCEDO a réalisée avec l'aide de son ami ganadero Enrique VALDENEBRO, Marqués de JÓDAR, vers le milieu du XXe siècle.