En juillet 1979, la ganadería de Felipe de PABLO-ROMERO y CÁMARA, prématurément décédé, passe à son frère aîné José Luis, qui se fait aider par son jeune frère Jaime. Il semble que José Luis succombe quelque peu aux sirènes du "modernisme" avec la recherche d'un toro plus "commercial" : facile, noble, peu encasté et de peu de forces ; ces traits allant de pair avec un toro encore plus imposant de présentation. Le type du pablorromero tend à perdre son originalité et à s'aligner sur le type de tous les autres... Cette politique est peu du goût de Jaime, davantage animé par l'esprit de son frère Felipe. Par dessus le marché, les héritiers de Felipe ont refusé de transmettre ses notes sur la ganadería à José Luis et à Jaime. Où va ce fer prestigieux ?
En effet; la situation de l'élevage mythique empire. A partir de 1980, au manque de forces s'ajoute une baisse alarmante de caste. Ici comme ailleurs, elle ne saurait guère être étrangère à la modification rapide du type du pablorromero. Les corridas se succèdent, toutes plus mauvaises les unes que les autres dans les arènes de première importance : Madrid, Pamplona, Bilbao, Séville... Pourtant, ainsi qu'on peut le voir sur ces deux photos de Julio ROBLES à la véronique et dans un derechazo (Bilbao, le 23 août 1981), parfois ces toros permettent tout de même le bon toreo mais cela arrive plutôt dans des arènes de 2e et 3e catégorie. Ainsi "TENDERO" gagne la corrida concours de Torremolinos le 25 septembre 1983; et, la même année, "MEXICANO" celle de Zafra, le 8 octobre. La queue de "BEATO", coupée le 14 octobre 1984 par José Antonio CAMPUZANO dans les modestes arènes de Fuengirola, n'est qu'une mince consolation : l'année 1985 sera carrément mauvaise. La ganadería est-elle récupérable ?...
° Le 16 mai 1982 à Las Ventas de Madrid, le portuguais Victor MENDES, de Marinhais (Lisbone), confirme son alternative quand Luis Francisco ESPLÁ lui cède le toro "ERMITAÑO", cárdeno bragado, avec Morenito de MARACAY comme témoin.
° Le 26 mai 1985 à Madrid, Emilio OLIVA BARÓ confirme l'alternative des mains de Francisco RUIZ MIGUEL qui lui cède le toro "GRAPERO", 501 kilos, en présence de Luis REINA.
En 1986, quatre grands toros entretiennent l'espoir:
° Le jeudi 15 mai 1986, à Madrid, en feria de San Isidro, le 4e, "ZORONGO", cárdeno claro : il trustera les prix "Mayte", "Casa de Córdoba" et "Club Taurino Logroñés" en tant que toro le plus noble de la Feria ; José Luis GALLOSO lui a coupé 1 oreille.
° Le 13 mai 1986, à Nimes, "CIGÜEÑO" : il recevra le trophée "PAQUIRRI" comme meilleur toro de la Feria de Pentecôte.
° Le 14 août 1986, à la feria de Huesca, "CERVATILLO" : il sera le meilleur de la Feria.
° Le 20 septembre 1986, à la feria de Logroño, "AVIÓN" cárdeno : le club taurin local lui accorde le prix du meilleur toro de la Feria 1986.
Ces quelques triomphes ne peuvent pas cacher les fracasos majoritaires. La ganadería est en chute libre -ces étranges altibajos ne sont, hélas, pas près de s'arrêter-... Une grande partie de la famille PABLO-ROMERO commence à envisager la possibilité de se défaire de la ganadería... Les héritiers veulent liquider les actifs qui ne rapportent rien ou hypothèquent la rentabilité des autres biens. Le sort de la ganadería est scellé. Après 2 années durant lesquelles elle est restée quasiment à l'abandon, la décision de tout vendre est prise.
Devant la décision familiale de vendre l'élevage, Jaime de PABLO-ROMERO y CÁMARA, frère de José Luis, se refuse à abdiquer : il prend le risque de renoncer à sa carrière bancaire bien rémunérée à Séville, et rachète toutes les parts de la Société Anonyme familiale, plus la finca "PARTIDO DE RESINA", en accord avec son épouse. Nous sommes en avril 1986. Avec lui, que vont devenir la ganadería et son célébrissime fer ? Jaime parviendra-t-il à sortir l'élevage de la mansedumbre, de la faiblesse et de l'irrégularité ?...