FICHE ELEVAGE

DUQUES de OSUNA y VERAGUA

Plan : 01.01



Il semble n'y avoir ni dessin ni peinture des veragua originels de 1835 (ils sont évidemment de purs vázquez au moment de l'achat). Le veragua placé ici en exergue a été lidié en 1854 : date à laquelle le duc de VERAGUA était devenu le seul ganadero de l'élevage.

En juin 1835, la régente María Cristina de BORBÓN, reine de NAPLES, vend aux ducs de OSUNA et de VERAGUA [fer et devise sont encore très libres, semble-t-il], la REAL VACADA qu’elle avait héritée en 1833 de son époux, le roi FERNANDO VII. Elle leur vend 488 têtes pour 300.000 reales, soit le prix qu’avait payé FERNANDO VII en 1830 pour 700 têtes... Les toros vázquez vont devenir les veragua ; leur nouveau fer va être créé, puis varier quand VERAGUA restera seul ganadero, en 1849..

Le soin apporté à la ganadería
La première disposition prise par les nouveaux ganaderos, en 1835, est d'une part la confirmation du fameux mayoral Sebastián MÍGUEZ -déjà impliqué dans la succession royale pour préserver la pureté de la caste vázqueña (voir TESTAMENTARÍA DE V.J. VÁZQUEZ)-, et d'autre part le maintien des habitudes du bétail jusqu’à son départ d'Aranjuez, l’automne venu, vers les grandes dehesas que possède la Casa OSUNA à Benavente (à 115 km au nord de Salamanque, à vol d'oiseau). On devine une grande attention à la qualité et au bien-être du bétail. Le troupeau ira plus tard dans les monts d'Alancín, à mi-chemin entre Grenade et Murcie, sur la propriété andalouse de VERAGUA... avant de remonter vers Madrid (cf. plus loin))

Qualité ! Qualité ! Qualité !... Et "pureté"
On ne sera pas surpris qu’avec la passion de VERAGUA pour l’intégrité de l’origine vázquez, les ducs tiennent absolument à retrouver le meilleur du vazqueño et à se donner tous les moyens de "purifier" la ganadería, de toute trace du croisement avec les sementals jijón du marquis de GAVIRIA et de Julián FUENTES, en 1790 et 1791.
On notera que cela n'a nullement empêché -au contraire, peut-être !- le toro "PERLITA" de blesser gravement le banderillero Francisco AZUCENA MARTÍN "EL CUCO" à Madrid, le 5 juin 1840 : il en mourra le 8. Ni le toro "BRAVÍO" de gravement blesser le matador Roque MIRANDA CONDE "RIGORES" à Madrid, le 6 juin 1842 ; après quelques autres prestations, malgré les séquelles, et diverses opérations chirurgicales, il mourra des suites de ses blessures le 14 février 1843.

° VERAGUA ne se fie pas à la sélection pratiquée par les responsables de la ganadería royale entre 1830 et 1835 : il élimine toutes les vaches marquées au fer de la Real Vacada ; elles n'ont pas plus de 4 ans. Et, sans doute conscient du laisser-aller de Vicente José VÁZQUEZ à la fin de sa vie, il ne garde, marquées du fer Vázquez, que les vaches âgées d’à peu près 8 à 12 ans : période la plus faste de la ganadería. Drastique ! Ce n'est pas sans raison que les toros de cet élevage vont en arriver à être ^payés chacun 1.000 réaux de plus que les autres...

° Il est vrai que l’amalgame vazqueño est purement andalou : il ne comporte pas la moindre goutte du sang castillan des jijón. C’est là que la présence et l’astuce de Sebastián MÍGUEZ se sont avérés (voir REAL VACADA) et s’avèrent fort utiles. Le premier moyen est d’envoyer à l’abattoir toutes les eralas zarcilleras (porteuses du discret petit gland -"zarcillo"- à la pointe de l’oreille : voir aussi REAL VACADA) : signe qu’elles ont un jijón comme père, ou dans leur généalogie. Quant aux erales mâles, zarcilleros ou non, on s’empresse de les tienter ; les zarcilleros qui le méritent par leur bravoure seront lidiés un peu partout, mêlés aux purs vazqueños ; mais bien sûr, aucun d’eux ne s’approchera des vaches, si remarquable qu’ait pu être sa bravoure à la tienta.

° Après cet excellent travail, la ganadería a retrouvé, en qualité comme en "pureté", toute sa légitimité de véritable caste vazqueña de Vicente José VÁZQUEZ. Pourtant, le duc de VERAGUA, qui dirige en fait la ganadería, ne s’estime pas satisfait. Il décide de sélectionner sans relâche. S’il tiente toros et vaches dans l’arène, ce n’est pas qu’il estimerait ce système meilleur que le classique "acoso y derribo a campo abierto" andalou des origines: c’est tout simplement que ses pâturages n’offrent pas le cadre convenant à un "acoso y derribo" et qu’il n’a ni les chevaux dressés pour cela ni les vaqueros compétents. En tienta, il pousse à bout les utreras : on les pique fort, avec une pique plus sévère que d’ordinaire, et on les torée à fond. Par contre, les erales sont peu piqués, et encore le sont-ils avec une pique plus légère ; bien sûr, ils ne voient ni capote ni muleta. Le duc est partisan de sélectionner sévèrement, inlassablement ; pour lui, vu que la bravoure se mesure au premier tercio, la tienta est indispensable.

° Il se trouve que les pâturages andalous des vazqueños d’OSUNA et de VERAGUA sont limitrophes avec ceux d’un autre ganadero local, Francisco ROPERUELOS -qui possède la ganadería, alors fort appréciée, du marquis de CASTROJANILLOS-. Cette proximité rend possible que l’un ou l’autre de ces toros puisse couvrir quelques vaches vazqueñas, et inversement [le risque n’est pas illusoire : c’est ce qui se passera dans les années 1914-1917 entre les pablorromero et les saltillos : voir encaste pablorromero]. Ajoutée à l’opposition farouche de Pedro COLÓN, duc de VERAGUA, envers tout croisement de ses vazqueños, ainsi qu’à sa confiance absolue envers la sélection comme seul et unique moyen d’améliorer ses bravos, cette situation, précipite le retour de toute la vacada de l’Andalousie à Madrid : d’abord les machos, en 1839 ; puis les vaches, en 1840. Le troupeau n'aura pas manqué de voyages !

Les risques du voyage
On sait que lors de ce retour à Madrid, en 1840, la ganadería comprend à peu près 500 vaches de ventre : soit le même nombre qu’en 1830, lorsque les vazqueños choisis pour le roi FERNANDO VII quittèrent Séville pour Madrid. On peut faire un petit calcul. Il en résulte que chaque année il devait naître à peu près 230 veaux (l’alimentation n’était pas ce qu’elle est devenue ; les vaches ne vêlaient pas chaque année). En supposant qu’il y ait la moitié de mâles (115) et compte tenu des pertes ainsi que du desecho (toros avec des défauts), on peut estimer que la ganadería pouvait proposer chaque année 70 ou 80 toros de 5 ans, prêts à être combattus ; il pouvait y en avoir exceptionnellement 100… ou seulement 50.
En cours de route, les toros des ducs vont passer de peu à côté de la catastrophe. On est donc en 1840. La 1ère guerre Carliste (1833-1839), déclenchée par la succession de FERNANDO VII, vient de finir. Aux approches de Madrid, ils rencontrent l’Armée Royale. Heureusement, Fernando CRIADO FREIRE -l'éleveur de toros bravos jijón qui, en 1830, avait présidé au choix des vazqueños pour le compte de son ami le roi FERNANDO VII- est du voyage : il réussit à plaider la cause avec succès. Cette circonstance favorable sauve le bétail et les vaqueros : sans quoi chevaux et toros auraient illico changé de propriétaire… et qui sait ce qui aurait pu arriver aux vaqueros !

Maître absolu !
En 1849, le XIIe duc d’OSUNA revend sa part de la ganadería à son associé et cousin Pedro COLÓN de LARREÁTEGUI y RAMÍREZ de BAQUEDANO, XIIIe duc de VERAGUA, qui en devient ainsi l'unique propriétaire et le maître absolu. Il gardera, bien sûr, la señal de VÁZQUEZ, ainsi que la devise encarnat et blanc ; mais il changera le fer (fer et devise qui seront ceux des DOMECQ), et la ganadería sera de nouveau annoncée comme DUQUE DE VERAGUA.


Les événements


Date : 06/1835
  • Cession de bétail :
    L'élevage REAL VACADA de su Majesta la Reina gobernadora vend à l'élevage DUQUES de OSUNA y VERAGUA la totalité de ses têtes de bétail (encaste vázquez).
    Cette vente représente un total de 488 têtes, pour une somme probable de 300.000 réaux (soit la somme à laquelle avaient été estimées, en 1830, les 700 têtes acquises par le roi FERNANDO VII...). Qu'en est-il des 200 têtes qui semblent manquer ?...

  • Création :

    En réalité, la ganadería des cousins et associés, les ducs d'OSUNA et de VERAGUA, s'appelle d'abord VERAGUA. C'est seulement en 1841 qu'elle portera le nom des 2 ducs. Pour éviter les ambigüités et simplifier la compréhension, on fait ici "comme si" la double appellation avait été faite dès 1835. Il en va peut-être de même pour le fer conjoint, que l'on fait débuter ici dès 1835. Disons qu'on a harmonisé les appellations avec la réalité qu'elles recouvrent.


Date : 1849