FICHE ELEVAGE

PARTIDO DE RESINA

Plan : 03.02



Quand la ganadería PABLO-ROMERO est rachetée par le Sévillan Antonio MORALES, le 1er janvier 1998, on persifle dans le milieu des ganaderos, toujours gourmand de ragots, sur la "poca vergüenza" du dernier PABLO-ROMERO qui n'a pas hésité, dit-on, à tendre sa sébile pour renflouer ce qui n'était qu'un naufrage ganadero dont il était, après tout, le seul responsable : n'était-il pas chargé de la sélection ? Si les toros avaient mieux "embisté", entend-on dans les tertulias champêtres, ils auraient continué à se vendre, et l'une des ganaderías les plus prestigieuses aurait gardé à la fois son aura et sa famille fondatrice. Seuls quelques nostalgiques, essentiellement français, perpétuent le culte ; ils sont pourtant persuadés, eux aussi, qu'une page est tournée...
Mais il ne faut pas oublier qu'après examen sanitaire strict de l'élevage, il ne reste plus que 120 vaches, que l'indice de fertilité est très bas car la majorité des vaches est vieille de plus de 12 ans, que l'alimentation est à revoir. Les premières tâches sont rudes... Après quelques sévères tentaderos, le choix d'un utrero, "CORBATILLO", comme premier semental de PARTIDO DE RESINA, et quelques bonnes vaches, telle ou telle étant exceptionnelle, viennent encourager le nouveau propriétaire.
° Le 26 avril 1998, "EXCITADO", cárdeno, 1er "Partido de Resina" lidié à Las Ventas, Madrid, sort en 2e dans une corrida concours. Il manque de force et de caste ; Óscar HIGARES ne peut rien en faire... Cependant, la même année, sort au Puerto de Santa María (Cádiz) une corrida marquante, primée comme la meilleure du mois d'août, dans laquelle ressort un excellent toro, "CANDILEJO/A" cárdeno, très bien lidié par le même Óscar HIGARES et primé comme meilleur toro de la feria. Mais l'irrégularité de la ganadería laisse planer un gros doute...
° Or à la surprise générale, on n'a guère le temps de pleurer l'honneur enfui des PABLO-ROMERO. Dès la San Isidro 1.999, le 30 mai 1999, à la 18e corrida de la feria, _et tout le mérite en revient au 'dernier des PABLO-ROMERO', celui-là même dont les collègues se gaussaient_ la valeur des pablorromeros fait un bond prometteur à la bourse de Madrid : "JOYERITO" (le petit joailler), le bien nommé ! est consacré par plusieurs jurys (dont celui des vétérinaires taurins) comme le toro le plus brave de la feria madrilène. Né en janvier 1995, il porte le N°42 et pèse 534 kg., il est cárdeno, de cornes asaltilladas impressionnantes ; c'est lui qui illustre, en en-tête, l'élevage de PARTIDO DE RESINA. En pablorromero typique, il transmet beaucoup mais demande à être compris très vite car il ne supporte que peu de passes et s'avise rapidement... Le malheureux FUNDI, alors dans un mauvais moment, est un peu le dernier à le comprendre, alors que depuis longtemps le public tout entier a pris fait et cause pour sa bravoure noble. En un quart d'heure, le 'petit joailler' vient d'effacer vingt-cinq années de vaches maigres, de bravoure décadente, de noblesse approximative ; la bravoure originelle coule toujours dans le sang des légendaires pablorromero ; l'espoir est permis. La chance est d'autant plus grande que, un mois avant la San Isidro, se dit-il dans le mundillo, "JOYERITO" avait reçu une cornada dans la cuisse. A la vue du sang, les autres toros se ruaient sur lui pour l'achever. Il n'avait dû son salut qu'à la présence de José Luis ALGORA s'interposant avec un vieux Land Rover, qui n'en était pas à son premier coup de corne. Bien soigné, il avait pu aller à Madrid. Désormais, sa tête naturalisé orne le salon de Partido de Resina...
° Cette même année 1999, le 9 août, à San Sebastián, sort une bonne corrida dont émerge le 4e, "GARROFILLO", cárdeno claro. Correct sans plus à la pique, il révèle toute sa caste dans la muleta de Tomás CAMPUZANO, très relaché mais qui faillra avec l'épée. Ovationne à l'arrastre, ce toro est primé par le trophée Gregorio ORDÓÑEZ au meilleur toro da la feria.
° Le 16 août 1999, à Tafalla (Navarra), sort l'excellent "DORADO", cárdeno claro et coliblanco/coletero, qui gagne le prix du club taurin local au meilleur toro de la feria.
° L'an 2000 n'est pas très prometteur malgré 2 très bons toros au Puerto de Santa María (Cádiz), et surtout l'exceptionnel "TACONCITO", à la feria d'Arles, lidié par le malagueño Juan José TRUJILLO qui lui coupe les 2 oreilles tandis que le toro est honoré de la vuelta al ruedo.
° 2001 est marqué par la grande noblesse de "MEJORANO" et "PLAYERITO", le 14 mars aux Fallas de Valencia, puis de "REACTOR" et "MORENO", à Arles.
° Pour la San Isidro 2002, la ganadería revient à Madrid et donne des signes encourageants avec "CAOBA".
° Mais pour la San Isidro 2003, le 4 juin, un autre "JOYERITO" est bien loin de celui de 1999 ; et le 1er, "VENEZOLANO", cárdeno bragado corrido manso et quasi invalide est protesté par le public : c'est le toro d'alternative de Sergio AGUILAR, avec comme parrain José Miguel ARROYO "JOSELITO" et comme témoin Víctor PUERTO... En novembre de cette même énnée 2003, l'empresa Taurotoro S.L, dirigée par José María GONZÁLEZ DE CALDAS et José Jesús CAÑAS, avec le ganadero Antonio MÉNDEZ, qui dirige diverses et importantes arènes andalouses, achète toute la camada pour la lidier dans ses arènes.
Pourtant 5 ans après, les problèmes sont toujours les mêmes : cette faiblesse au moins latente et cette caste vacillante. Quant à la temporada 2005, elle est carrément catastrophique, après le désastre de Madrid qui a vu sortir 6 toros invalides, confirmés par ceux de Burgos : les corridas déjà vendues restent au campo... Que faire ? Il semble que les problèmes ne sont plus d'ordre génétique mais plutôt dus au métabolisme en raison du changement de pienso. Les toros ont des crampes, ils vacillent. L'image de ganadería, en train de remonter, s'effondre. Et pour couronner le tout, voici qu'apparaît la brucellose, peut-être transmise par des bêtes sauvages du Coto de Doñana. Et comme la ganadería est peu nombreuse et génétiquement très fermée, le problème est encore plus difficile à résoudre. Il faut se résoudre à éliminer de grandes vaches et d'exceptionnels sementals on sacrifie encore la moitié du troupeau de vaches : son exiguïté (une centaine au lieu des 400 des origines !) n'autorise plus une sélection draconienne. Comment éliminer peu à peu tous les facteurs de risque, tels que consanguinité excessive, faiblesse, manque de race ? Comment revenir à la caste, à la bravoure, à la mobilité des origines, quitte à les affiner ensuite en polissant davantage de noblesse ? Peut-être aurait-il fallu "rafraîchir" le sang par un apport extérieur dès les premiers signes de dégénérescence ? mais ce n'a pas été fait... Pourrait-on le faire aujourd'hui, sans perdre l'originalité de cet encaste unique ? En tout cas, il y faudra beaucoup d'aficion, beaucoup de temps, et beaucoup d'argent !
Par chance, le troupeau se trouve rajeuni et il sort pas mal de bêtes de bonne note...
Persévérer, chercher, chercher encore... Rappelons qu'il n'existe pas de registre des "familles" de la ganadería (il n'a jamais été tenu, puisque ces livres ne parlent que des vaches retenues et des toros en piste, pas des sementales !) ; les notes les plus anciennes sont les notes de tienta de Manolo MUÑOZ et de son père, elles ne concernent que les reproducteurs et le comportement des toros sortis en piste, individuellement. Comment éloigner le risque de consanguinité en "ouvrant" au maximum les possibilités de diversité offertes si les familles ne sont pas identifiées ? Comment distinguer les différents apports des castes initiales qui subsistent dans chaque camada, et qui pourraient rendre compte des nuances dans le type des toros, de la variété des comportements, des forces et de la caste ? Le filon existe pourtant : "JOYERITO" en est l'exemple le plus éclatant ; les tientas le confirment car la caste est là, avec la noblesse, jamais naïve. Comment faire pour que s'opère l'alchimie et que s'inverse la spirale de la décadence ? Il faut creuser pour le chercher, séparer le diamant de sa gangue, puis l'affiner : un travail de longue haleine, 20 ans au moins, que des échecs ou des erreurs peuvent compromettre à tout moment...
° Bref, les responsables de la ganadería doivent pratiquement repartir de zéro. Ils décident de sortir seulement en novillade pour tester l'évolution des toros, tout en se risquant occasionnellement à sortir des quatreños dans des arènes peu importantes. C'est ainsi qu'en matinée, le 2 janvier 2006, à Almería, en 2e position de la corrida concours, sort "AVIADOR", cárdeno claro : il s'avère encasté et brave, il prend 3 piques et en aurait pris une 4e si l'on n'avait pas changé le tercio, il garde une charge claire et allègre, répète avec fixité bien que sans humilier beaucoup. José Ignacio RAMOS coupe 1 oreille après une grande estocade. "AVIADOR" gagne le concours devant pas moins que MIURA, María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS, CUADRI, Samuel FLORES et Marqués de ALBASERRADA.
° De très bonne note aussi, "CURSILÓN", cárdeno bragado, lidié en 6e position le 22 août 2007 à Antequera (Málaga) : de grande noblesse, le Sévillan de Gerena Manuel ESCRIBANO lui coupe les deux oreilles et le toro fait la vuelta al ruedo.
° Le 6 septembre 2008, voici à Madrid une novillada prometteuse, bien dans le type et le comportemnt du pablorromero, quoique un ton en-dessous de la grande époque. Ressortent du lot "DORADO" et "BULLANGUERO". Cependant, pour les ganaderos et quelques aficionados, le 3e novillo, "PORTORRIQUEÑO", est le meilleur de cette notable novillade, meilleur peut-être que le fameux 1er "JOYERITO", cat pluus noble et plus vif. Malheureusement, il ne sera pas possible d'en tirer des pailletes, par manque de concentration des spermatozoïdes. Aussi les ganaderos vont-ils tenter d'avoir un veau de mêmes père et mère, malgré les incertitudes de la loterie génétique.
° Le 7 septembre de 2009, les novillos de PARTIDO DE RESINA reviennent à Las Ventas. Ils confirment les espérances, et tout specialement "LEZNITO", "MACHITO" et un autre "DORADO".
° Mais il se passe déjà "quelque chose"... Le 26 avril 2009, corrida concours à Saragosse. "AVIÓN" semble être le frère de "CALLEJERO" de José ESCOLAR GIL (albaserrada par victorino) et de "CACEROLITO" de Ana ROMERO (buendía par absorption), tous deux lesaqueños (lesaca est la source du saltillo)... "AVIÓN" est d'une exquise noblesse et "met la tête" de façon parfaite ; mais il manque de force : il se murmure que cela pourrait venir d'un malformation congénitale, et transmissible, du train-arrière...
° 24 avril 2010, Saragosse encore. "QUESERO", n°39, a moins de classe que "AVIÓN", mais avec plus d'allant et de force. Il est moins typé saltillo que "AVIÓN", plus brut et plus musculeux, comme le pablorromero d'avant, tout en gardant son petit air saltillo. [Sur cette photo, on pourra comparer aisément le type du très asaltillado "AVIÓN" (en haut), et du mâtiné de saltillo "QUESERO" (en bas)]. "QUESERO" est né en 2006. C'est un toro important. Brave, il prend 4 piques en allant a más. Exigeant dans la muleta de RAFAELILLO. Aux yeux de beaucoup, il aurait mérité de gagner le concours. La ganadería semble sur le bon chemin : en 2006, Tico MORALES s'était donné 5 ans pour revenir à son meilleur niveau grâce au vaste programme de sauvetage mis au point par les scientifiques : en 4 ans, l'espoir renaît...
° Le dimanche 25 avril 2010, passionnante corrida de PARTIDO DE RESINA à Las Ventas. Les 6 toros, sont lidiés dans cet ordre : "GARROFILLO" (cárdeno, 593 kilos, né en novembre 2004, applaudi à l'arrastre), "IMPULSIVO" (cárdeno claro, 555 kg, né en mars 2005, ovationné), "PERUANO" (cárdeno oscuro, 594 kg, né en mars 2005, sifflets), "ZEPELÍN" (negro entrepelado bragado meano, 564 kg, né en novembre 2004, sifflets), "CARRASQUERO" (cárdeno axiblanco, 673, 11/04, applaudi), et "AVIADOR" (cárdeno bragado, 623 kg, né en novembre 2004, ovationné ; annoncé 4e, il est toréé en 6e par CALVO, ressorti exprès de l'infirmerie où il avait été admis après le 2e, suite à une voltereta). Lidiée 15 jours plus tard, en San Isidro, elle en aurait disputé les prix. Pas 1 toro ne tombe et la plupart sont applaudis à leur sortie, tous vont au cheval (3 batacazos malgré une cavalerie meilleure), 5 sur 6 sont braves, 4 humilient bien même si 2 seulement le font jusqu'au bout de leur charge (les 2 de José CALVO, plus marqués saltillo, à chacun desquels il aurait coupé 1 oreille en tuant mieux). A part ces deux-ci, ils manquent tout de même de cette petite étincelle qui fait les grands toros ; mais au 1er tiers, ils offrent le spectacle de rencontres puissantes, chargées d'émotion, et ils gardent leur allant malgré le dur châtiement qui leur est réservé. L'immense 5e (673 kg. affichés, mais certainenent 50 de plus en réalité) permet à Fernando CRUZ de toréer avec qualité, avec ce toreo sérieux et sincère que Madrid sait valoriser ; sans faillir à l'épée, il aurait certainement coupé 1 oreille importante. Quant à ORTEGA, qui prend l'alternative, il montre envie et esthétisme ; mais, toréant très peu, il manque de sitio. La ganadería vient de reconquérir le coeur de la très difficile aficion madrilène. Qu'eut-ce été si ces toros étaient tombés en des mains plus expertes ?... Malheureusement, les chroniqueurs les plus importants sont à Séville et, ce même jour, José TOMÁS reçoit au Mexique une terrible cornada qui va occuper tout le devant de la scène. Le mérite de cette résurrection revient à José Luis ALGORA... tout aussi négationiste sur l'apport lesaca-saltillo que les PABLO-ROMERO, alors qu'il dispose de toutes les données génétiques possibles... et qu'il se garde bien de les publier !
Que conclure de ces résultats de ces années 2009 et 2010 ? Comme le fit Felipe de PABLO-ROMERO voici un siècle, le rafraîchissement par saltillo, probablement en cours ujourd'hui, n'a pas pour but une absoption totale. Il s'agit plutôt, par un apport extérieur, de réduire le taux de consanguinité afin de régénérer le capital génétique et de rendre leur qualité aux embestidas... mais pas trop pour ne pas perdre le type caractéristique du troupeau : une entreprise qui semble parfaitement réussie. Olé ! Mais d'où proviendrait ce sang saltillo, destiné à en raviver la veine là où elle est déjà la plus prégnante, sous couvert de partition d'embryons et d'inséminations artificielles afin de gagner du temps en multipliant la descendance des meilleures mères ? Peut-être bien des paillettes de saltillos mexicains, eux-mêmes régénérés par d'autres paillettes cédées en son temps à Pepe CHAFIK par Victorino MARTÍN... Mais l'omerta est totale, et, même la tête sur le billot, les ganaderos n'en diront mot !
° Mettons à part le 16 octobre 2010 pour la feria d'El Pilar à Zaragoza, où "NERVIOSILLO" (presque 6 ans, 586 kilos, cárdeno oscuro), "PICADOR" (presque 5 ans, 530 kg, cárdeno coletero), "IMPULSOR" (presque 6 ans, 576 kg, cárdeno coletero, lucero), "MEDALLITO" (cinqueño, 624 kg, cárdeno oscuro, girón bragado), "NOVICIO" (presque 6 ans, 585 kg, cárdeno) et "PANAMEÑO" (presque 6 ans, 591 kg, cárdeno oscuro) donnent un piètre spectacle, bien qu'applaudis à leur sortie pour leur beauté : vieux, sans force ni bravoure ni caste... Juan José PADILLA, le local d'Ejea de los Caballeros Alberto ÁLVAREZ et Iván FANDIÑO ne peuvent rien faire. On peut espérer que ce lot est composé de déchet de l'élevage.

Il n'est pas facile de connaître par le détail la vie et les problèmes de l'élevage bravo. Puisque les circonstances l'ont mis sur la place publique, profitons-en pour connaître ce qui se vit dans la ganadería PARTIDO DE RESINA quelques années après sa création. On mesurera mieux ainsi la complexité des choses, leur caractère aléatoire, les chances comme les risques des techniques de la biologie... et la passion qu'ils peuvent susciter. On mesurera aussi combien le mentidero taurin, fidèle à lui-même, sait faire du brouillard là où cela l'arrange :

DE PABLO ROMERO A PARTIDO DE RESINA
En préambule à la feria nimoise de février 2.000, l'Association "Les Amis de PABLO ROMERO" organise une conférence sur PARTIDO DE RESINA intitulée "Vie technique et secrets d'une ganadería". Plus de 500 personnes répondent favorablement à cette invitation afin d'écouter Manolo MUÑOZ, mayoral de la ganadería, José Luis ALGORA CABELLO, directeur technique, et Ignacio MORALES, frère de l'actuel propriétaire [Ignacio MORALES ne fait pas partie de la société PARTIDO DE RESINA SL]. Une grande partie de la conférence est à la charge de José Luis ALGORA, vétérinaire spécialisé dans le bétail brave et qui, depuis la reprise en mains de l'élevage par la société anonyme PARTIDO DE RESINA, apporte sa science et ses conseils en matière sanitaire et nutritive. ALGORA expose l'ensemble des traitements et changements accomplis depuis le départ de Jaime de PABLO ROMERO.
Tout a commencé début 98 avec un inventaire du lieu et des conditions commerciales. Le propriétaire, Antonio MORALES, dut dans un premier temps prendre le téléphone pour vendre les cinqueños invendus de la saison 97, puis vendre la camada 98 : "Ce ne fut pas facile car le mundillo ne nous connaissait pas et nous avions un déficit d'image important." L'objectif était d'écouler la totalité des camadas, même à bas prix. Un travail d'approche avec les journalistes, peñas, impresarios fut accompli pour redonner place au relationnel et développer la confiance.
En matière sanitaire, le bétail était en mauvais état : les toros souffraient d'aminitis (inflammation au niveau des sabots, provoquant manque de mobilité et faiblesse). Jaime de PABLO-ROMERO avait déjà commencé à travailler sur ce problème avec un vétérinaire de Barcelone ; grâce à ses relations (il a un frère qui fait partie de l'équipe des vétérinaires de la plaza de Las Ventas, à Madrid : poste stratégique s'il en est !) José Luis ALGORA peut continuer l'oeuvre. Une fois ce travail d'urgence exécuté par le biais d'un bac de 'cura' (soins) _ souffre et antiseptique _ en plein campo, dans lequel les toros passent pour se désinfecter les sabots, le résultat est quasiment immédiat : plus aucun toro renvoyé au corral pour faiblesse. Nouveau pépin : la ganadería est frappée, début 98, par la maladie de la mort subite, dûe au retour des pluies sur l'Andalousie et à un bétail non immunisé ; elle provoque la perte de nombreux becerros et, de ce fait, réduit la camada 2002 à 27 toros.
Le travail sanitaire et préventif repose sur une diminution du nombre de vaches en même temps que sur une augmentation du taux de fertilité pour augmenter les naissances. A ce jour, explique José Luis ALGORA, parmi les 134 vaches, 17 ont été abattues pour cause de "patrimoine génétique faible" ; et grâce à "l'augmentation" du même patrimoine génétique, les naissances de mâles ont été portées à 51 : on a déjà atteint un taux de fertilité de 60%, l'objectif est de parvenir à un taux de l'ordre de 85 %. Passer au-dessous de ce seuil ne serait pas rentable et pourrait provoquer [note de toro-genèse : pour cause de consanguinité, probablement] des maladies liées aux foie, sabots, articulations et cornes.
Cette conférence révèle qu'un travail considérable d'études et de techniques génétiques est déjà en cours. Comment comprendre autrement les mystérieuses notions de "patrimoine génétique faible" et d'"augmentation" de ce même patrimoine ? José Luis ALGORA et "TICO" sont manifestement partis sur les bases d'un usage de tous les recours de la technique. Il y fallait une aficion débordante, de la volonté et des reins solides ! Savaient-ils qu'ils suivaient les traces de José Luis de PABLO-ROMERO y ARTOLOITIA et de son fils Felipe de PABLO-ROMERO y CÁMARA, qui cherchaient à grands frais les causes de la faiblesse latente de leurs toros ?...
Concernant l'alimentation, le vétérinaire indique qu'il veut réintroduire la nourriture naturelle. Une vache bien alimentée à l'herbe donnera un bon aliment au becerro, et ainsi le becerro se portera bien ; tandis que le pienso est basé sur une certaine composition souvent mal équilibrée [des études poussées et de gros progrès ont été faits en la matière ces toutes dernières années] qui, à terme, peut avoir des effets néfastes. Pour cela, le ganadero a fait désherber tout le campo pour y installer des prairies artificielles avec une irrigation incorporée. A long terme, ALGORA voudrait augmenter à 250 le nombre de vaches, dans le but de répondre à la totalité de la demande et de mieux sélectionner le trapío en envoyant certains desechos en novillada. [Note de 'toro-genèse' : ainsi que de mieux fixer les caractéristiques sélectionnées, sans tomber dans une consanguinité trop forte]
Un travail informatique s'est mis en place à partir d'un prélèvement ADN sur un toro combattu au Puerto, et dont le sperme fut conservé pour permettre de travailler le problème de la consanguinité. Une insémination artificielle fut même réalisée avec le sperme de ce toro sur une vache. "Il est hors de question de croiser et nous resterons dans le même type de toros."
Des films et des questions souvent subtiles vinrent clore le débat.
Le travail qui reste à faire est encore énorme, mais soyons sûrs que les réflexions et la connaissance de Manolo MUÑOZ, ajoutées au travail de José Luis ALGORA et aux moyens financiers d'Antonio MORALES donneront à l'élevage PARTIDO DE RESINA, ex-PABLO ROMERO, son lustre d'antan (...).
(Jean-Charles ROUX, N°0, du 8 avril 2.000, de la revue des "Amis de PABLO ROMERO" : "El mil'888".)

Compléments L'information arrive petit à petit, tant par les échanges avec les responsables de la ganadería que par l'enquête minutieuse d'André VIARD dans son N°10 de la revue "TERRES TAURINES". Peu à peu, le paysage s'éclaircit. Nous voici devant une entreprise historique de récupération d'une ganadería brave. Dès le 1er janvier 1998, José Luis ALGORA met sur pied un vaste programme scientifique qui préfigure peut-être l'élevage de demain. Originaire d'Aragón, José Luis a fait ses études de vétérinaire à Madrid, où il a connu Javier MORALES, le frère du TICO devenu assesseur vétérinaire de la plaza de Las Ventas : un poste stratégique qui apporte à la fois du savoir et du pouvoir en matière taurine. Le TICO s'était assuré de ses services avant même d'acheter la ganadería. José Luis et Javier ont convaincu TICO que le recours aux techniques de pointe en matière de reproduction (analyses ADN, congélation de sperme et d'embryons, fécondation artificielle) était la seule clé pour sortir l'élevage de la perdition ; il fallait que l'objectivité scientifique vienne au secours de l'empirisme traditionnel. La situation est d'autant plus délicate qu'il a fallu procéder à des abattages successifs, parfois massifs (élimination des bêtes hors du type de l'encaste, réduction de la surface des terres, problèmes sanitaires - tuberculose et brucellose -, mort subite, patrimoine génétique insuffisant) : la recherche ne peut plus jouer sur de grands nombres.
"Des livres, il n'y en a que depuis les années 70, explique José Luis. Mais il n'y a jamais eu ici de lots de reproduction. On laissait 400 vaches et 10 sementals en vrac. Quand les petits naissaient, on ne connaisait que les mères. Le 1er lot de reproduction s'est fait pour "POTRICO" [indulté à Barcelone le 23 mai 1968, puis essayé comme reproducteur, sans succès d'ailleurs] -toutefois, il semble bien qu'en réalité, José Luis, le ganadero de l'époque, avait commencé avant...- Dans les grandes fincas, autrefois, on misait sur la sélection naturelle." A quelque chose malheur est bon : "Ce désordre, continue José Luis ALGORA, a permis de laisser les lignées "ouvertes", d'autant plus que, dans la marisma, les sementales ne duraient pas plus de 2 ans à cause de la tuberculose et des moustiques." Une certaine diversité génétique a donc été préservée, ce qui constitue une base de travail intéressante.
Comment José Luis ALGORA travaille-t-il ? On commence à le savoir un peu. "Depuis 8 ans, confie-t-il à André VIARD en 2006, notre priorité a été de baisser le type de nos toros en cherchant des sementales mieux faits [on est donc dans la ligne du travail de Jaime de PABLO-ROMERO]. Cela n'a pas réussi avec tous, mais la ganadería est dans l'ensemble plus basse quand même -de fait, il sort de temps en temps quelques exemplaires monumentaux !-. Au niveau de la qualité, nous avons aussi obtenu un meilleur pourcentage de toros qui humilient. Mais augmenter la qualité fait parfois chuter la caste et l'agressivité -problème majeur des ganaderías depuis 20 ans !- ; il faut trouver un équilibre -difficile alchimie !-." D'après José Luis, "les problèmes de faiblesse venaient beaucoup de la morphologie particulière du pablorromero : très fort devant, cou court, conformation des extrêmités -oui, pour une part... mais dans les années 50-60, les mêmes toros tenaient debout !-." Quant aux problèmes sanitaires, "nous en avons réglé bon nombre, mais il en reste. Nous ne sommes pas au bout. La presse ne nous a pas beaucoup aidés ; il faut savoir distinguer entre un toro manso et un toro malade. Ceux de Madrid et de Burgos, l'an passé [temporada 2005], étaient malades : un problème de pienso aggravé par le manque de pâturages cette année-là. Faute d'herbe, il s'est produit un manque d'équilibre et une accumulation d'acide ; nous avons tout analysé et compris le problème. D'ailleurs, l'un des toros restés à la finca a été tienté 15 jours après et gardé comme semental."
Mais à cette gestion, somme toute traditionnelle, se superpose un projet plus ambitieux : grâce aux techniques de pointe de la science, et particulièrement de la génétique, retrouver au coeur du troupeau le diamant de la caste, l'extraire et reconstruire à partir de là une ganadería débarassée -s'il se peut !- de ses scories. Il s'agit donc d'optimiser au mieux le phénotype de chaque individu, qui est la résultante de son patrimoine génétique, de son environnement et de son mode de vie.
Le projet repose donc sur les études ADN (il est devenu possible d'obtenir le profil génétique de chaque reproducteur, voire de tout le troupeau si on le souhaite) avec un certain nombre de fécondations artificielles, et sur l'expérimentation en tienta. José Luis s'avance prudemment sur le sujet, car les innovateurs font vite figure d'apprentis sorciers dans le milieu traditionaliste des ganaderos... malgré Álvaro DOMECQ au début des années 1990, suivi par le Français Pierre-Marie MEYNADIER depuis 1994, par José CHAFICK vers 1996 pour réunir toutes les branches saltillo [on dit même qu'il avait obtenu des paillettes de sperme de l'un des albaserrada de Victorino MARTÍN pour régénérer ses saltillos mexicains, mais avec promesse formelle de ne pas utiliser ce trésor en Europe], par Victorino MARTÍN lui-même au début des années 2000, et par le Français Olivier RIBOULET qui a pu ainsi sauver sa ganadería condamnée par la tuberculose... sans parler de Juan Pedro DOMECQ qui a mis toutes les ressources des techniques modernes au service de son élevage ! Désormais, les veaux naturels des vaches naissent à PARTIDO DE RESINA, mais ceux qui résultent d'une fécondation in vitro puis d'une transplantation d'embryon chez des vaches mansas de race retinta naissent en Extrémadure, à Azuaga, sur le territoire de Punto del Alto, dans la finca "GALAPAGAR" du "TICO". Époque nouvelle...
"En ce moment, explique José Luis, nous prélevons du sang de toutes les bêtes de la ganadería pour établir leur carte génétique. C'est la seule façon de nous y retrouver malgré le désordre des années antérieures. Nous voulons aussi retrouver la filation exacte de toutes les bêtes par les pères -colossal travail car il demande de passer par l'ADN nucléaire, et pas seulement par l'ADN mitochondrial transmis seulement par la mère-. En second lieu, nous voulons retrouver quelles sont les familles génétiques, les identifier, chercher quelles sont celles qui sont en voie d'extinction pour ne pas les perdre et garder le maximum de variabilité génétique. Le programme va nous montrer aussi quels sont les sementales idéaux pour 'ouvrir' les familles [c'est-à-dire fixer dans l'élevage des familles bien diversifiées], et leur compatibilité avec les mères qui sont les plus éloignées d'eux." Quant à l'apport saltillo, José Luis est catégorique : "C'est une théorie sans fondement. Les études faites par l'Université de Madrid pour la UCTL sont formelles." Voire ! car il faudrait travailler à partir d'un séquençage complet des génomes, ce qui n'est pas le cas... Et surtout, les schémas publiés montrent le contraire de ce qui est affirmé par dans cette étude elle-même...
Depuis les origines des ganaderías braves, on sélectionne uniquement sur des critères ganaderos. Ici, le facteur génétique est pris en compte ; il passe même au premier plan. L'empirisme et l'intuition -qui ne sont pas exclus, car l'appréciation des résultats en relève toujours !- fait place à la science. "Avec une ganadería qui a vécu aussi longtemps en autarcie, c'est devenu nécessaire pour éviter une dégénérescence totale. Nous avons mis en place un programme inédit à cette échelle. Il va nous aider à choisir les sementales non plus seulement en fonction de critères ganaderos (notes de tienta, morphologie, reatas - lignées -), mais en fonction aussi de leur compatibilité génétique -il s'agit d'éviter au maximum la consanguinité entre le semental et les vaches qu'il couvre-. On verra qu'il est inutile de gaspiller en tienta tel becerro choisi selon des critères ganaderos, et qu'il vaut mieux aller voir ailleurs pour 'ouvrir' des possibilités génétiques ; ou bien nous garderons telle vaches qui ne nous plaît pas parce qu'elle est devenue unique dans sa famille, nous lui mettrons un bon semental et nous tienterons sa fille, quitte à recommencer jusqu'à ce qu'à obtenir un bon produit. D'ailleurs, des filles de mauvaises mères peuvent sortir extraordinaires, surtout dans une ganadería aussi 'fermée' que celle-ci où des sauts en arrière peuvent surgir à n'importe quel moment. Nous avons un semental dans ce cas : fils d'une vache rejetée, il est sorti extraordinaire, et nous l'avons gardé. Mais 6 toros, issus de sementales et de vaches différents, peuvent sortir le même jour de manière semblable ; et 6 toros d'un lot de 8 sont sortis mauvais alors que les 2 autres ont été bons 15 jours plus tard ! Il y a des influences irrationnelles : nature de l'eau, alimentation, transport. La génétique permet quand même d'éviter des erreurs grossières en tienta." La finalité est de trouver les étalons qui amélioreront effectivement la ganadería, et de "refermer" ensuite les lignées afin de fixer en chacune les caractéristiques de l'amélioration tout en courant le moins possible les risques de la consanguinité.
En pratique, la carte généalogique du troupeau, établie sous le regard du professeur madrilène Javier CAÑÓN, directeur de l'étude sur l'ADN des ganaderías bravas demandée par la UCTL, devait être prête fin 2006. Quant aux nouveaux produits, ils sont analysés au fur et à mesure des naissances et viennent prendre place dans le puzzle de l'élevage. Bien entendu, l'insémination artificielle est largement utilisée : José Luis a créé une banque de sperme à partir de tous les repoducteurs, en prévision de l'avenir ; dans le même esprit, il prélève post mortem le sperme des toros qui ont donné en piste le meilleur jeu en vue d'en inséminer des vaches. C'est une manière d'élargir le nombre des sementales et d'accroître la diversité génétique, ainsi que de garantir la survivance dans l'élevage des gênes des toros les plus braves, les plus encastés [une manière de faire qui s'apparente à celle de Victorino, dont on dit qu'il tiente "de macho" a campo abierto tous ses toros et qu'en dehors de ceux qu'il sélectionne comme étalons, il donne des vaches pendant un an ou deux aux quelques-uns qui lui ont plu le plus]. D'autre part, la création d'embryons permet de multiplier par un facteur 3, ou même 5, la descendance d'une vache unique ou bien d'une bonne vache, et donc de recréer une famille sur le point de s'éteindre ou bien d'en multiplier une. Quant à la génétique d'un semental, sa multiplication est pour ainsi dire infinie. L'insémination et l'implantation d'embryon permettent enfin d'essayer des combinaisons beaucoup plus vite que par le cycle de reproduction naturelle.
Pour mesurés qu'ils soient, les propos de Manolo MUÑOZ, le mayoral, viennent tempérer ce bel optimisme et confirmer ce que l'on peut savoir de certaines expériences françaises d'insémination artificielle et de transpantation d'embryons : "C'est une technique très compliquée à mettre en pratique : l'extraction a été positive mais l'implantation beaucoup moins. Il y a eu beaucoup de déchets." Il semble que le stress et la colère engendrés par l'enfermement des vaches bravas réduise considérablement leur réceptivité en influant sur leur métabolisme. On peut espérer que la technique s'améliorera rapidement... Mais Manolo confirme tout de même : "L'insémination artificielle sera la bouée de sauvetage de nombreuses ganaderías pures qui ne peuvent aller chercher ailleurs de quoi se régénérer. Le mode de vie des petits nés de vaches retintas ne leur fait rien perdre de leur bravoure." En tout cas, José Luis ALGORA précise : "Nous avons déjà congelé 300 embryons et réussi 25 naissances à partir de transplantations d'embryons sur des vaches mansas de race retinta. Les femelles que nous avons tientées en 2.005 -donc nées à l'automne 2003 ou au printemps 2004 : guarismo '3'- ont été extraordinaires." José Luis reconnaît que ce travail serait bonifié par une introduction de sang saltillo, et que ce serait même recommandé s'il y en avait déjà dans le pablorromero ; mais "nous voulons conserver le toro de pablorromero tel qu'il est, porteur d'un génotype unique ; sinon, ce n'est plus du pablorromero !" Hum ! Hum ! Un ange passe...
De toute façon, du bel et bon travail qui donne à espérer... Patience ! Même si l'ère romantique de l'élevage brave semble révolu au profit de la bravoure "hors sol".
En tout cas, on ne reprochera pas à la ganadería le manque de trapío de ses toros. Que l'on en juge à travers ces quelques superbes exemplaires : une estampe... le cou et le pecho 'maison'... la fierté... la vivacité du regard... les cornes asaltilladas... la masse... l'allure... quel régal pour les yeux ! Mais ils sont peut-être les derniers à ne pas avoir été "rafraîchis" par quelque saltillo actuel, un sang auquel sont attachés le "hocico de rata" et la charge un humiliant beaucoup, au pas...

Les sementales en 2.000
En 2.000, les 5 sementales sont :
° "GARGANTILLO", N°53 (guarismo ?), cárdeno claro, capacho
° et "DUQUE", N°21 (guarismo ? cape ? cornes ?),
tous deux déjà testés et de confiance ;
° "CORBATILLO", N°9 (guarismo ?), cárdeno algo claro, acapachado et bien armé : sélectionné par le nouveau ganadero, et encore en train de faire ses preuves (transmet-il ses qualités ?) mais porteur des plus grandes espérances tant il a été bon à la tienta ; les vaches retenues comme reproductrices pour ce "CORBATILLO" ne sont que des vaches tientées et sélectionnées par José Luis ALGORA, qui peut ainsi se fier à ce qu'il a vu de ses yeux et vécu, pas seulement à des informations reçues.
° "PAJARITO", N°9 (guarismo ? cape ? cornes ?).
° Et "GRAPERO" N°21 (guarismo ? cape ? cornes ?).
Si certains disent que ces 5 étalons seraient tous cárdeno, rien n'est dit de leur trapío ni de leur type.

Quelques temporadas
Temporada 1997 : 34 toros lidiés, 3 orejas. Durant la San Isidro, à Las Ventas, le 1er juin, Domingo VALDERRAMA fait la vuelta al ruedo à l'un de ses toros.
Temporada 1998 : 47 toros lidiés. "CANDILEJO", combattu le 23 août, est primé par l'association "El Monasterio" comme meilleur toro de la saison au Puerto de Santa María.
Temporada 1999 : le 30 mai, "JOYERITO", N°42, cárdeno, somptueusement armé, est proclamé triomphateur de la San Isidro par le Conseil Général des Collèges Vétérinaires d'Espagne (Consejo General Colegios Veterinarios de España).
Temporada 2001 : la saison 2001 est un fracaso, avec des toros somptueux de présentation mais très faibles, voire invalides.
Temporada 2002 : triomphale corrida à Arles pour la "Feria du Riz", finie en apothéose par José PADILLA sous un orage dantesque. Mais l'embellie ne durera pas...
Temporada 2004 : bonne corrida du 8 août, à Vitoria, où se détache le 6e toro, auquel ROBLEÑO donne une faena importante (mal rématée à l'épée) : un toro de 635 kilos appelé "VENTOLERO", sensationnel de bravoure, de noblesse et de transmision, qui obtient le prix du meilleur toro de la feria et qui, de toute façon, ne peut que faire la fierté de son éleveur.
Temporada 2005 : c'est la Berezina ! Malades, ankylosés, fourbus, tétanisés, les pablorromeros invlides s'affalent lamentablement en pleine San Isidro, puis à Burgos quelque jours après. Pourtant 2 mois plus tôt à Almería, le lot avait donné satisfaction ; et pendant l'hiver, un toro toréé en privé par "MORENITO DE ARANDA" s'était avéré si exceptionnel qu'il avait été gracié... La ganadería est-elle "bonne pour la boucherie", comme le murmurent certains ? Non. C'est un problème d'alimentation : le nouveau mélangeur acheté, sur les conseils de José Luis ALGORA, pour broyer ensemble le pienso et la paille a été mal réglé. Dans le fond de la benne, du pienso s'accumule et fermente, provoquant un excès de protéines fermentées, d'acidité et de toxines. La corrida d'Almería, lidiée avant la livraison de la machine, n'était pas tombée... Las ! après pareil désastre, les corridas déjà vendues restent au campo. Certains des toros prévus pour Bilbao finissent en "bous de carrer" dans les rues de Castellón. Quelque 20 toros sont lidiés "a puerta cerrada" : aucun ne tombe, plusieurs sont bons. Ils ont été mis un temps à la diète et la machine a été mise au point. Une camada de perdue. Une réputation épouvantable à remonter. Mais l'espoir demeure... à condition de garder le moral et d'avoir les moyens financiers.
Temporada 2006 : par ci par là, quelque bons novillos ; puis, en fin de saison, une formidable novillada à Chapinería, dans la "Vallée de la Terreur", près de Madrid : 6 oreilles et une queue, sortie "a hombros" de Sandín, Lamelas et Marco Leal, plus "EL TICO" à la demande des toreros auxquels un grand aficionado, ravi, l'a suggéré. Ce triomphe prend une grande dimension symbolique pour le ganadero, aux anges et félicité de tous côtés, pour la première fois depuis 8 ans. Sur les 6 novillos, 4 étaient très typés albaserrada, tant par le physique (museau de souris, cornes asaltilladas) que par la manière, très victorino, d'embister le mufle au sol sur toute la longueur de la charge (ce qui n'a rien à voir avec la charge classique, à mi-hauteur, du pablorromero !) ; un autre l'était un peu moins ; un dernier était davantage typé vega-villar-barcial. Il y a du rafraîchissement dans l'air ! Et l'on dirait que ça marche. Excellement. Las ! un incident technique lamentable a fait largement capoter la démarche...
Espérons que l'espoir soit tout de même permis !...
Voici encore ce que publie José Luis ALGORA début 2011, manifestant ainsi la continuité et la persévérance du travail entrepris : "Pour une ganadería sans égale comme celle-ci, ouvrir les familles pour pouvoir ensuite les rafraîchir sans accentuer la consanguinité s'avère une aventure compliquée et risquée. Pour cela, nous menons des études de l'ADN avec l'Universidad de Veterinaria de Madrid, à la recherche des vaches et des sementals les moins proches entre eux génétiquement, afin de les croiser et de réduire ainsi le degré de consanguinité de la ganadería." Cette insistance sur la consanguinité se comprend avec la réduction drastique du troupeau, contaminé par la brucellose et la tuberculose. Mais il faut aussi se souvenir que, voici quelques années, Victorino MARTÍN a connnu exactement les mêmes problèmes que PABLO-ROMERO, faiblesse et perte de caste, pour ne pas avoir assez limité la consanguinité : une consanguinité excessive ne serait-elle pas la vraie cause des ennuis des pablorromeros ?... C'est assez vraisemblable. Alors... suerte !
Fin 2010/début 2011, la ganadería dispose de quelque 130 vaches de ventre. Puissent les plus beaux de tous les toros garder leur race encastée tout en gagnant en noblesse...
Début 2015, la ganadería comprend 16 familles qui, selon le vétérinaire José Luis ALGORA, présentent "une énorme diversité génétique ". Voilà qui semble être le fruit du travail antérieur et ouvrir la possibilté d'une récupération significative de l'encaste pablorromero.


Les événements


Date : le 01/01/1998