FICHE ELEVEUR

Antonio MORALES - PARTIDO DE RESINA S.L.


naît : 1935/1950
meurt :


Sous couvert de la Sociedad Agrícola y Ganadera S.L. [= à responsabilité limitée] "PARTIDO DE RESINA", le Sévillan Antonio MORALES FERNÁNDEZ, dit "EL TICO", est le nouveau propriétaire des historiques pablorromeros à compter du 1er janvier 1998. Il est toutefois personnellement ganadero sous le nom de "Antonio MORALES et Société". C'est à lui que Jaime de PABLO-ROMERO y CÁMARA a préféré vendre, bien qu'il ne soit pas taurino... ou justement parce qu'il ne l'est pas ! Il acquiert la finca PARTIDO DE RESINA (maintenant réduite à 400 ha.), l'élevage, le fer, l'ancienneté, la señal et la devise ; mais pas le nom, que seule l'Association nimoise des "AMIS DE PABLO ROMERO", initiatrice du projet de Fondation, a désormais le droit de porter. Toutefois, il garde le droit d'annoncer sur les affiches, pendant 3 temporadas : "PARTIDO DE RESINA, antes PABLO-ROMERO". Sans discuter, il a accepté l'engagement moral de ne pas détruire cet encaste historique par des croisements, et celui de garder Manolo MUÑOZ, le mayoral, arrière petit-fils du premier mayoral de l'élevage : outre le beau geste, de Jaime de PABLO-ROMERO, de tout faire pour ne pas l'entraîner dans sa chute, Manolo est important car il représente la véritable mémoire de la ganadería. Jaime de PABLO-ROMERO a gardé les livres de la ganadería, mais il reste disposé à collaborer pour tout ce qui sera jugé nécessaire.
Le prix qui court 'dans les chaumières', comme on dit, est de 550 millions de pesetas [soit dans les 45 millions de francs ou 7 millions d'euros]. D'autres parlent de 3 millions d'euros "seulement". Une folie ! assure le mundillo des ganaderos ; car il y aura 20 toros de vendus par an, au mieux, et 5 personnes à faire vivre. La rentabilité est impossible... Il se raconte que, pour payer, EL TICO aurait ouvert devant Jaime de PABLO-ROMERO une valise pleine de billets...
En fait, "EL TICO" est l'homme de la situation : râblé, teigneux, audacieux, opiniâtre, considérablement enrichi par des affaires industrielles prospères (hôtellerie de loisir, puis restauration à grande échelle, immobilier, jambon _ 20.000 patas negras et autant de paletillas à 150 euros pièce génèrent une recette de quelque 6 millions d'euros, représentant une ou deux ganaderías par an ! _). Lorsqu'il pose sa valise de billets sur la table de Jaime de PABLO-ROMERO, il réalise un rêve d'enfant et offre à ses affaires une vitrine prestigieuse ; voilà des motivations qui vous rendent un homme capable de résister à l'adversité. Sait-il qu'il reproduit la démarche de Felipe de PABLO y ROMERO, arrière grand-père de Jaime et premier ganadero du nom, un bon siècle plus tôt ?... Peut-être ! En tout cas, il va attraper le virus.
Quelque 10 ans plus tard, il confie à André VIARD : "Presque chaque jour, je m'échappe de mes affaires et je viens ici. Cette vie me plaît. Je connais le campo depuis longtemps. Avant d'acheter la ganadería, j'ai élevé du ganado vacuno, des brebis, des cochons... et les toros, ça fait 10 ans déjà ! Mon toro le plaît plus qu'un autre. PAQUIRRI me le disait toujours : le pablorrometo a un pecho deux fois plus large que les autres. J'ai acheté la ganadería en pensant à lui. Je le connaissais bien et il m'en parlait souvent. Et puis je ne me prends pas la tête. Les toros sont là, ils existent et j'ai le temps. Il faut revenir au toro bonito, mobile, brave et bien armé. C'est ce que nous cherchons... Et puis, à Chapinería, quand on m'a porté en triomphe, j'ai vu mon père et ma mère pleurer de joie. Et ça n'a pas de prix ! "
Jaime de PABLO-ROMERO avait-il deviné que, sous ses abords d'affairiste remuant, TICO possédait la sensibilité adéquate pour se passionner pour la ganadería ?... En tout cas, c'est ce qu'il espérait ! "TICO" désigne le vétérinaire taurin José Luis ALGORA CABELLO comme directeur technique : c'est lui qui gèrera la conduite de la ganadería et en sera le représentant agréé. Il se lance avec les dernières techniques de la génétique : l'inverse exact du savoir empirique ancestral du mayoral... ce qui ne facilitera pas les relations, du moins dans un premier temps !
Les pablorromeros seront-ils sauvés ?... On l'espère d'autant plus que le travail est sérieux et l'engagement moral respecté. Le bétail sort dans son type caractéristique, le comportement général des toros s'améliore rapidement, encore que la caste soit irrégulière : Jaime de PABLO ROMERO était sur le bon chemin... Las ! l'embellie est de courte durée. Le problème majeur reste celui de la faiblesse, latente ou accusée, qui empêche ce formidable toro d'exprimer ce potentiel qui "transmet" tellement ; en plus, caste et bravoure s'affaiblissent au profit d'une noblesse molle souvent accompagnée de mansedumbre. Pourtant ce ne sont plus les moyens financiers qui manquent ! La solution sera-t-elle trouvée ? La sélection est-elle conduite dans le but de retrouver vraiment le type et le comportement classiques du pablorromero, selon les intuitions de Jaime de PABLO-ROMERO ? faut-il "rafraîchir" le sang, et si oui comment ?... Que faire, sinon espérer encore ? D'autant plus que les ressources de la génétique semblent apporter du neuf au cours de la temporada 2006 [voir PARTIDO DE RESINA].
Reste, pour l'histoire, que la famille PABLO-ROMERO a créé un type de toro unique, ne ressemblant à aucun autre et qui a beaucoup apporté à la Fiesta Brava. Restent aussi, pour espérer, l'aficion énorme du ganadero, du vétérinaire et du mayoral, ainsi que les moyens financiers hors du commun et la générosité du "TICO"... plus les "miracles" de la génétique.
A partir de 2005 environ, une nouvelle donnée intervient : l'apport, plus que vraisemblable, de sang saltillo par Victorino MARTÍN... hélas grandement gâché par un incident technique.