FICHE ELEVAGE

José Luis y Herederos de Felipe PABLO-ROMERO [y ARTOLOITIA]

Plan : 03.02



Placée sous le nom de José Luis et Felipe de PABLO-ROMERO [y ARTOLOITIA] pendant seulement 7 à 8 mois, la ganadería passe au nom de José Luis et des héritiers de Felipe à la mort de ce dernier en août 1944. C'est évidemment José Luis, ganadero scrupuleux s'il en est, qui la gère. Avec rigueur. Six mois à l'avance, on peut voir dans les cercados de LA HERRERÍA, plantés d'encinas (chênes verts) les lots triés pour toutes les grandes arènes d'Espagne : Madrid, Sevilla, Bilbao, Pamplona, Barcelona... 10 toros dans chaque lot (les pablorromeros sont très belliqueux !), que les empresas viennent "reconnaître" mais que le ganadero est le seul à choisir [de nos jours, Miura sepmble procèder encore ainsi]. Pour tirer la quintessence de la ganadería, José Luis rationnalise la sélection. Pour la 1ère fois de l'histoire de la ganadería, les lots de vaches sont assignés à des reproducteurs choisis en fonction des expériences que souhaite mener le ganadero.
Jaime de PABLO-ROMERO y CÁMARA, 9e des 10 enfants de José Luis et dernier des ganaderos du nom, raconte : "Les jours de tienta, tout commençait par une prière. Il enfermait 30 ou 40 vaches et celles qui étaient approuvées, une infime minorité, étaient baptisées. La sélection était impitoyable. Il recherchait les vaches très encastées, avec de la vibration, du moteur, et il accordait une importance primordiale à la pique. Mais il voulait aussi que l'on puisse toréer, que la vache laisse le torero s'exprimer, mais sans être fade, qu'elle transmette un sentiment de risque pour donner de l'importance à ce que l'on faisait devant. Il avait une devise magnifique : élever les toros est ma passion, les lidier mon illusion et si, en plus, ils sortent braves, une bénédiction ! Et quand les choses ne sortaient pas bien, il s'exclamait [signe qu'il ne lui était pas insensible !] : 'Recule, vanité !' " Issu d'un autre point de vue, le témoignage de Rafael GARCÍA ÁLVAREZ "MADRE MÍA", ancien vaquero à LA HERRERÍA, n'est pas moins éloquent : "C'était une autre époque. Don José Luis était un caballero des pieds à la tête. Il nous traitait tous avec beaucoup de respect. Les vaqueros mais aussi nos femmes et nos enfants. Sous la direction du formidable conocedor que fut Antonio MUÑOZ [ici photographié en 1930, quand il n'était pas encore mayoral], le père de Manolo [l'actuel], nous étions une dizaine à vivre là avec nos familles. Tout se faisait à cheval. Nouqs allions rendre compte à Don José Luis à BENAZUZA. Et nous allions régulièrement à la marisma pour bouger les troupeaux. Cela se faisait par les chemins. Il n'y avait alors ni constructions ni clôtures. Nous mettions 3h à peine pour conduire un troupeau de LA HERRERÍA à la marisma. Et 3 de plus pour aller jusqu'à ROJAS NEGRAS, aux portes de La Puebla, où étaient les mâles de 1 à 3 ans. Lors des faenans camperas, nous devions tous revêtir le traje corto. Les tientas étaient d'une rigueur extrême, mais le portail de la finca était ouvert à qui voulait y assister. Les apprentis toreros s'asseyaient sur la tapia [le mur], jambes pendantes, et chacun attendait son tour pour toréer..." Santiago GARCÍA PÉREZ, de La Puebla, ne dit pas autre chose :"Un jour, j'étais allé à vélo depuis La Puebla jusqu'à PARTIDO DE RESINA. Je savais qu'on allait tienter plusieurs jours. Le soir du premier, Don José Luis me vit en train de chercher un abri dans un pailler. Il envoya son mayoral me chercher en lui disant de me trouver un lit et de me faire manger tous les jours à la table des toreros invités." [ces 3 témoignages sont recueillis par André VIARD dans le n°10 de 'Terres Taurines'].
Dans sa rigueur, José Luis respecte religieusement le vieil adage "toro de 4 ans et de 5 herbes" (avec l'alimentation artificielle, il n'a plus la même valeur aujourd'hui !)... alors qu'en l'absence de tout marquage de l'année, ses confrères envoient dans les arènes des novillos "poussés" de 3 ans. Paradoxe, les pablorromeros de José Luis, qui sortent "avec toute leur barbe", donnent le meilleur jeu de toute leur histoire. Il maintient haut les couleurs et le fer des pablorromeros. Le toro présenté ici en en-tête est photographié dans les cercados de LA HERRERÍA en 1940 : on peut supposer que le type n'a pas tellement changé en 4 ans, lorsque commence cet élevage ! Ce toro est à cheval entre le ensabanado capirote mosqueado botinero, et le berrendo (en colorado, car plus clair que les negro qui l'entourent ?) capirote mosqueado botinero.
On peut voir ici un pablorromero combattu à Nimes le 24 mai 1953 [Photo René GEORGE] par Antonio ORDÓÑEZ au cours d'une corrida avec Jorge AGUILAR "EL RANCHERO", chef de lidia, et Antonio CHENEL "ANTOÑETE" en troisième.
L'influence du sang saltillo (1914-1917) et d'une sélection visant à augmenter la bravoure et la noblesse conduisent à la diminution des capes colorado, castaño, berrendo en castaño et berrendo en colorado, tandis que les berrendo en negro se maintiendront jusqu'au début des années 60. En effet ces pelages "de couleur" donnent généralement de moins bons résultats que les cárdeno et les negro, qui seront finalement les seuls rescapés... peut-être parce que le saltillo y est davantage prégnant. En 1951, Antonio ORDÓÑEZ n'en obtient pas moins un grand triomphe avec un berrendo en negro, dans les vieilles arènes de San Sebastián.
Courses et toros célèbres
° Le 23 septembre 1945 à Valladolid, le 5e, "PANTERO", est honoré de la vuelta al ruedo pour son grand comportement ; le mayoral est appelé à saluer.
° Le dimanche 26 mai 1946, à Las Ventas, l'élevage paraît à Madrid pour la 1ère fois. Les toros donnent un jeu acceptable mais inégal. Au cartel, "Pepe/Pepote BIENVENIDA", Rafael Ortega "GALLITO CHICO" et Manuel ÁLVAREZ "ANDALUZ" ; ce dernier fait la vuelta après chacun de ses toros, les 2 autre s'en vont de vació.
Succès et triomphes se suivent, particulièrement à Madrid, mais aussi à Pamplona, Bilbao, Valencia et Valladolid, par exemple. Ce sont des toros "sérieux", et des toreros importants comme César GIRÓN, José María MARTORELL ou Rafael ORTEGA se proposent pour les combattre.
° Le dimanche 28 mai 1948, à Madrid, le 4e, "TEJERO",cárdeno, meilleur toro d'une grande corrida, est primé d'une vuelta al ruedo. Le Sévillan Manuel ÁLVAREZ "EL ANDALUZ" obtient une oreille. Le mayoral est appelé à saluer à la fin de la course.
° Le dimanche 22 mai 1949, à Madrid, pendant la San Isidro, "CANASTILLERO", "CORBATERO" et "FLAMENCO" offrent à la ganadería un nouveau triomphe, auquel contribuent les diestros Antonio BIENVENIDA, Manolo ESCUDERO et Raúl ESMERALDO ACHA "ROVIRA" (probablement le seul matador de toros de l'histoire né à Buenos Aires, en Argentine !). Triomphe suivi de ceux remportés à Bilbao, Pamplona, Valencia et Valladolid.
La période est grandiose...
° Le dimanche 14 maide 1950, à Madrid, le 1er, "CAOBO", toréé par Rafael LLORENTE donne un grand spectacle et fait la vuelta al ruedo. ° Le dimanche 13 mai 1951, à Madrid, l'inlassable "RIZADOR", N°25 et 500 kilos, toréé par Manolo DOS SANTOS, est primé comme toro le plus brave de la San Isidro. Bien qu'il ne pèse que 500 kg, il possède un trapío imposant.
° Le 5 août suivant, à Santander, le grand maestro rondeño Antonio ORDÓÑEZ ARAÚJO coupe la queue d'un berrendo après une faenón. A partir de là, lui aussi réclame les pablorromeros !
° Le dimanche 25 mai 1952, à Madrid, Las Ventas, pendant la San Isidro, "CAMPERO" ressort d'un magnifique encierro et le mexicain Juan SILVETI, colossal tout l'après-midi, lui coupe les 2 oreilles. Il fait aussi la vuelta à 2 autres toros, car il en tue 4 en raison d la blessure de ses compañeros de cartel : ROVIRA et Pablo LOZANO.
° En 1952/3, l'élevage est sanctionné, à la surprise générale, pour avoir présenté à Madrid 2 novillos 'desmochados (cornes raccourcies). Quand on connaît l'intégrité et la rigueur des PABLO-ROMERO en général et de José Luis en particulier, quand on sait ce qu'il lui en a coûté (cf. sa fiche éleveur), le plus vraisemblable est qu'il aura été victime d'une manoeuvre destinée à jeter sur lui le discrédit - ¡Vaya mundillo! - ou qu'il s'agissait d'un accident...
° Le dimanche 15 mars 1953, à Madrid, , 2e course de l'année à Las Ventas : sort l'excellent novillo "PELLICERO".
° Le 22 août 1954, à Bilbao pendant el Aste Nagusia, "GAVITO", 326 kilos en canal (soit 540 kg en vif), sorti 4e, est primé comme meilleur toro de la Semana Grande.

En 1955, création de la société familiale "PABLO ROMERO S.A.". Le gérant en est le même José Luis de PABLO-ROMERO Y ARTOLOITIA ; il va, non sans peine, essayer de poursuivre dans la rigueur.


Les événements


Date : 08/1944
Date : 1955