FICHE ELEVAGE

María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS

Plan : 00.07



En 1946, Salvador GUARDIOLA FANTONI met sous le nom de son épouse, María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS, l'éphémère élevage de Salvador NOGUERAS PÉREZ (1), qu'il vient d'acheter. Ce bétail pedrajas porte le désormais célèbre fer Pedrajas ; Doña María Luisa le modifie légèrement : il garde ses droits mais perd son ancienneté ; on l'appellera ici Pedrajas (2). Il s'agit d'ailleurs du même bétail que chez Salvador GUARDIOLA DOMÍNGUEZ puis ses héritiers : ces 2 fers, acquis par Salvador GUARDIOLA FANTONI, constituent la totalité de la part d'héritage de Magdalena GARCÍA NATERA, la fille d'Antonio GARCÍA PEDRAJAS ; et comme les toros des 2 fers sont élevés au même endroit et par la même famille, il est plus que probable que la distinction des fers est purement juridique et qu'il y a au moins des échanges de reproducteurs entre eux.
A noter aussi qu'il serait bien surprenant que les GUARDIOLA n'aient pas tenté divers croisements pedrajas X villamarta... qui semblent donner d'excellents résultats ! Par contre, il n'y a pas de cession de bétail officiellement attestée, en dehors de la famille GUARDIOLA...
Comme tous les élevages pedrajas, celui-ci est "court" : seulement 6 novillos lidiés en 1950 et en 1978 ; vers 1980, il y a chez les GUARDIOLA quelque 2.000 têtes sous 4 fers (dont 2 pour les pedrajas) ; en 1985, il n'y en a plus que 1200, dont 45 vaches pedrajas correspondant à 2 lots seulement pour 1986. Ce n'est pas étonnant si l'on se rappelle la difficulté d'Antonio GARCÍA PEDRAJAS à stabiliser la qualité de son bétail. "Muy corto, muy delicado este ganado", en dit le fameux mayoral Luis SAAVEDRA PAVÓN, celui qui caresse les toros... et qui semble avoir un génie propre pour leur alimentation [à EL TORUÑO, où il n'y a que le pienso et pas un brin d'herbe pour nourrir les toros à partir de 2 ans 1/2, il compose les rations en fonction d'éléments liés à la météorologie, au calendrier, à l'inspiration du moment...].
Ce bétail extraordinaire ne cesse de truster prix, trophées, vueltas et même indultos sur toute la planète taurine. On voit ici en en-tête une belle image de la légendaire bravoure de ces toros : ce qui s'appelle "mettre les rognons" ! Il s'agit d'un toro lidié à Seville en 1986. Et voici encore "BARBERITO", lidié le 30 septembre 1984 à Barcelone. Leur bravoure n'est pas leur seule qualité ! Ils sont aussi capables de "mettre la tête", même s'il est rare qu'ils la mettent aussi bien que ce novillo, toréé le 2 août 1982 à Hagetmau par Luis Miguel CAMPANO... mais affecté d'une faiblesse et d'une candeur plutôt rares dans cet élevage. Dans l'ensemble, les cornes sont plutôt "commodes", il arrive parfois qu'elles soient carrément agressives comme sur ce novillo de 1974.
Cependant la sélection opérée devient peu à peu nettement "torerista", particulièrement sous l'influence grandissante des fils GUARDIOLA ; mais ils ont longtemps l'art de trouver un subtil équilibre entre bravoure encastée, noblesse sans fadeur et répétition dans la charge. Beaucoup de Sévillans aiment avec prédilection ces toros "castizos" qui font les beaux jours de la corrida "de resaca" de leur "feria de abril", le lundi [celle du 25 avril 1983 reste inoubliable, avec en 3ème et surtout en 6ème positions, deux grands braves dont le dernier obtient la vuelta... avant même l'expression de la pétition ! Pour qu'ils s'expriment totalement au troisième tiers, il eût fallu une muleta plus experte que celle du très honnête mais modeste Pepe Luis VARGAS]. Dans les années 1980 tout particulièrement, ces toros développent en général une bravoure fabuleuse qui dresse les publics et défraye la chronique tauromachique ; mais ensuite, ils arrivent trop souvent épuisés dans la muleta et ne permettent plus la faena longue de la corrida moderne. Nimes, par exemple, garde l'impérissable souvenir du fameux "TROMPETILLO", lidié le 27 septembre 1986 par Paco RUIZ MIGUEL -1 oreille et vuelta al ruedo du toro-, qui était prêt à charger le picador d'un bout à l'autre du grand axe de la piste à l'issue du tercio de piques ! Même s'il est devenu de notoriété publique que ce toro, boiteux le matin au corral, avait été vigoureusement soigné ["chargé comme un coureur du Tour de France", prétend un plaisantin...], il n'en reste pas moins que sa caste vive était fabuleuse.
Malheureusement, surtout depuis que ses fils dirigent l'élevage, une sélection torerista plus appuyée réduisant force et bravoure [pour que les vedettes les acceptent !], plus peut-être un "allongement" des camadas, et probablement un engraissement excessif... comme tout le monde entrainent déjà, au tournant des années 1980/1990, une réelle décadence, avec son cortège bien connu de faiblesse, de mollesse et de fadeur [cf. les toros du 20 septembre 1990 à Nimes... cependant magnifiquement "rattrapés" par le sobrero du lendemain qui met sous l'éteignoir pas moins de 5 victorinos !]. Une peine... accentuée par la sortie récurrente de quelques toros de très grande classe, de ceux qui mettent un torero à sa place par le triomphe qu'il est ou non capable d'obtenir.
A la mort de la ganadera, en 1993, la ganadería passe à ses héritiers.


Les événements


Date : 1946
Date : le 14/06/1993