FICHE ENCASTE

pedrajas

Constitution de l'encaste : 1918



Encaste vistahermosa formé en 1918 par Antonio GARCÍA PEDRAJAS. Il s'agit à l'origine d'un lot de purs parladé par correa (80 vaches et, pour le moins, l'étalon "BANDOLERO", achetés probablement en 1910). Ce lot n'est sans doute pas de premier choix car Curro CORREA n'obtient pas de grands succès pendant les quelque 5 ans où il a la charge de ces toros. C'est Félix MORENO ARDANUY (premier élevage) qui prend la suite en 1915 et commence à sélectionner avec un grand sérieux, mais pendant 3 ans seulement. Lorsqu'Antonio GARCÍA PEDRAJAS les acquiert, en 1918, Félix MORENO lui impose d'acheter en même temps 1 eral saltillo de son deuxième élevage, qu'il vient juste d'acquérir : on peut raisonnablement penser qu'il fait appliquer par son successeur un croisement qu'il aurait aimé tenter lui-même et qu'il y a probablement une pointe de saltillo dans le pedrajas !
En 1919, PEDRAJAS acquiert encore 2 erales parladé - gamero cívico de haute lignée, achetés directement à Luis GAMERO CÍVICO. Les résultats obtenus ne semblent pas excellents car l'élevage patine une dizaine d'années malgré l'enthousiasme et le travail rigoureux de PEDRAJAS... Mais il faut dire que l'on manque d'informations précises. Toujours est-il qu'en 1930/1931, l'élevage commence à relever la tête. PEDRAJAS avait-il acheté d'autres reproducteurs parladeños ? Certains semblent le dire, mais rien n'est confirmé ; et, avec du bétail de grande race, il peut suffire d'une heureuse combinaison semental/vaches sur une portion de l'élevage pour obtenir enfin des résultats de haut niveau. En tout cas, il semble qu'il n'y ait plus d'introduction ultérieure d'éléments extérieurs dans cet encaste, du moins dans la branche qui aboutit à María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS.
Toutefois il est de notoriété publique, dans le milieu taurin, que les GUARDIOLA ont tenté avec succès, à l'intérieur de leurs élevages, des croisements villamarta X pedrajas... _ Pour ce qui est de la branche Tulio et Isaías VÁZQUEZ, on compte un nouvel ajout de gamero cívico de haute lignée, vraisemblablement acheté à TORRE ABAD, plus un peu de murube "ancien" ; cette branche constitue la branche torista de l'encaste pedrajas.

Caractéristiques de l'encaste pedrajas :
° Pelages fondamentaux : quasi seulement negro chez María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS... or ibarra avait une diversité de couleurs : c'est donc certainement un choix de ne retenir que le negro (cf. déjà dans l'encaste saavedra). Mais negro dominant ; plus un peu de castaño, de colorado et de tostado chez Tulio et Isaías VÁZQUEZ... ce qui confirme le choix de Doña María Luisa.
° Particularités du pelage : bragado, listón et meano chez María Luisa. Mais en plus : les colorados sont habituellement bociblanco et ojo de perdiz ; on trouve encore chez Tulio du bocidorado et du chorreado.
° Cornes : naturellement assez développées, sang parladé oblige !... mais la sélection torerista de la casa GUARDIOLA dans les derniers lustres du XXème siècle les a considérablement réduites, si bien que l'on trouve beaucoup de brocho en remplacement du bien armado. Par contre chez Tulio, les armures sont magnifiques... pour l'aficionado ! _ Les cornes de cet encaste ont la particularité d'avoir une apparence de blanc "sale" dans leur moitié inférieure (mais pas toujours chez les tulio !
° Force : rien de particulier... si ce n'est que la même sélection torerista de la casa GUARDIOLA a fini par introduire une certaine mollesse puis de la faiblesse. C'en est une peine. Chez Tulio, il n'en va pas de même... mais on finit par verser dans le genio.
° Morphologie : un toro pas énorme mais bien fait. La tête est large de tempes et le museau camus (chato) ou droit. Le cou est plutôt moyen voire court ; le morillo bien marqué et le fanon (papada) bien visible. Arrière-train fin et musclé, avant-train assez profond mais sans que le toro paraisse vraiment "aleonado"(fait comme un lion : avant-train plus haut que la croupe) ; par contre les tulio sont plus aleonados. Les extrêmités sont de longueur moyenne, fines et fortes. La queue est longue. La peau est fine et lustrée. Le toro placé ici en en-tête est bien dans le type ; il vient de chez María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS, il a été lidié à Séville en 1986.
° Comportement : en principe, une alliance rare de bravoure racée et de noblesse sans fadeur ; cela donne allant, charge qui se "répète", goût du combat et présence en piste : des qualités devenues si rares aujourd'hui... Leur fabuleuse bravoure et leur noblesse toujours sur le qui-vive permettent à qui sait la dominer le temple des grandes faenas. Toutefois ils ne passent pas, auprès des toreros, pour des toros qui "mettent la tête" facilement ; en effet, même quand ils sont très bons, ils ne laissent en général la tête en bas que sur un trajet assez court et ils ne "pardonnent" aucune faute de placement ni de mouvement, c'est pourquoi les toreros parlent du "péril sourd" des pedrajas. Reste qu'il s'agit d'un bétail extraordinaire, qui ne cesse de truster prix, trophées, vueltas, et même indultos sur toute la planète taurine.

Dans les années 1950, les toros de Tulio et Isaías VÁZQUEZ connaissent un moment extraordinaire ; c'est surtout dans le début des années 80 que ceux de María Luisa DOMÍNGUEZ PÉREZ DE VARGAS et des héritiers de son fils connaissent leur plus grand moment. Mais depuis 1995 à peu près, la branche des GUARDIOLA est nette en perte de vitesse (faiblesse, mollesse...). Si bien qu'à l'aurore du 3ème millénaire, les toros de Tulio ( victimes de l'ostracisme du mundillo ?) semblent basculer plus souvent vers le "genio" que vers la "fiereza" (la sauvagerie combattive), tandis que ceux de María Luisa (victimes d'une sélection affadissante et d'un manque de soins ?) semblent tomber dans la mollesse décastée... Sans doute ne manque-t-il pas grand chose pour que les qualités de fond ressortent car le fond de caste demeure ; mais on se souvient du mal d'Antonio GARCÍA PEDRAJAS pour arriver à des résultats...
Au tournant du IIIème millénaire, se réclament de l'encaste pedrajas : 1) Herederos de María Luisa DOMÍNGUEZ y PÉREZ DE VARGAS et Javier GUARDIOLA DOMÍNGUEZ, qui semblent partiellement croisés avec du villamarta et peut-être avec un peu de jandilla ; 2) YERBABUENA [ex-Herederos de Salvador GUARDIOLA DOMINGUEZ) : probablement déjà croisé partiellement avec du villamarta], lequel croise au moins partiellement avec du jandilla et autre domecq, plus du núñez ; 3) enfin, sur le registre torista, Herederos de Tulio et Isaías VÁZQUEZ ; 4) enfin, le Marquis de ALBASERRADA a une lignée pedrajas, acquise en 1949, dont il semble garder une partie au moins pure.