Le célèbre fer en "Y" est créé par Eduardo YBARRA pour son élevage ; il tient ses droits de Felipe MURUBE, lequel n'avait pas créé de fer vu qu'il était une simple transition entre sa mère, Dolores MONGE, viuda de MURUBE, et Eduardo Ybarra. Le lot de la présentation à Madrid est combattu par "LAGARTIJO", "FRASCUELO" et Fernando "EL GALLO".
Toutefois, il est plaisant de savoir que cet élevage était déjà venu à Madrid le 6 (le 8 ?) février 1885 : à l'occasion d'une corrida de bienfaisance au bénéfice des sinistrés du grand tremblementde terre du 25 décembre 1884 à neuf heures du soir, dont les cinq secousses très importantes avaient affecté les villes de Grenade, Cordoue, Linares, Jaén et surtout Málaga. Les toros n'y furent pas bons du tout, tant en présentation qu'en caste... à l'exception du 6ème, amené par le nouveau ganadero YBARRA, appelé "FAVORITO" et portant une devise bleu turquoise et paille (est-ce celle qu'adoptera toujours l'élevage ??? A défaut d'information plus précise, on le suppose ici). Cet excellent toro, tout droit sorti de chez Dolores MONGE, viuda de MURUBE à travers la part d'héritage de son fils Felipe, va attirer l'attention de l'aficion sur son élevage et son éleveur. Il surprend par son allure, son allant et sa vivacité. On comprend mieux la surprise en le comparant avec les 5 précédents. Les toros, qui ont leur poil d'hiver, sont en général peu solides (on accuse les pluies et les pâtures détrempées...) ; leur présentation laisse à désirer. Le quatrième, d'Àngel GONZÁLEZ NANDÍN, déclenche colère et quolibets tant il est maigre et efflanqué.
- Qu'on lui donne un numéro matricule ! s'exclame un plaisantin.
- Mais pourquoi ?
- Il aura au moins droit à la gamelle de l'armée...
Le lendemain, la presse comparera son trapío à celui d'un "chien assis prenant le soleil" ! Fernando EL GALLO (le père de JOSELITO et du "divin chauve") en aura peur malgré tout. L'Anastasio MARTÍN SUÁREZ et le Rafael LAFFITTE y CASTRO, eux, sont à prendre avec précautions, mais c'est justifié. FRASCUELO s'en sort quand même mieux que Felipe GARCÍA, proche de la retraite. Quant à l'OROZCO, il ressemble à un vazqueño (il y a de tout dans cet élevage de maquignon...) et en a presque la classe ; Valentin MARTÍN en profite... par moments.
Avec le grand toro du jour, MAZZANTINI ne se dérobe pas ; il exécute de beaux quites "avec sérénité et fraîcheur", dit un revistero : avec les 9 piques (pour 2 chutes et 1 cheval mort), il y a de quoi ! Eduardo IBARRA fera mention de son toro avec orgueil : le 8 (6 ?) février 1885 est resté pour lui un jour à marquer d'une pierre blanche.
Ce fer passera successivement par les mains de Fernando PARLADÉ (qui ne l'utilisera pas), Luis GAMERO CÍVICO (qui ne l'utilisera pas) puis ses descendants pour TORRE ABAD, et à partir de là il sera toujours utilisé. Toutefois l'ajout d'un cercle autour du 'Y' par Juan GUARDIOLA FANTONI en fera, de fait, un nouveau fer.