FICHE ELEVAGE

Ramón BALMASEDA

Plan : 03.01



Le sévillan Ramón ROMERO BALMASEDA crée son élevage, sous le nom de BALMASEDA, en 1850 par l'achat, avec fer, droits et devise, du second et tout aussi prestigieux élevage du chanoine Diego HIDALGO BARQUERO : un encaste composite fait de vázquez X cabrera X un peu de vistahermosa. En 1851, à la mort de sa belle-mère, María VALVIDARES FERNÁNDEZ, il hérite probablement, par son épouse, de l'élevage de Eduardo VALVIDARES, son beau-père (nature du bétail ignorée) ; un héritage peut-être complété en 1853 à la mort du beau-père, et qui comprend certainement le fer. En 1852, il complète sa ganadería par l'achat du reliquat des cabrera historiques de la belle-soeur du fondateur : Jerónima NUÑEZ de PRADO. Comme le fer lui revient, il disposera de 3 : il n'aura que l'embarras du choix pour son fer !
Ce Ramón ROMERO BALMASEDA est l'oncle maternel de Felipe PABLO y ROMERO ; curieusement, il est très rarement mentionné [en dehors de l'étude d'Antonio LÓPEZ MARTÍNEZ sur l'histoire et l'économie des ganaderías bravas au XIXe siècle, publiée par la Maestranza et l'université de Séville] dans les sources de l'élevage fameux des PABLO-ROMERO... or il semble bien en faire partie ! L'ennuyeux est que son possible apport diminue d'autant la proportion du gallardo, déjà problématique, dans le pablorromero... à moins que BALMASEDA n'ait été pourvu en gallardo par quelque voie inconnue : ce serait trop beau ! Le plus vraisemblable est ce qui est expliqué dans la fiche de l'élevage de Felipe PABLO-ROMERO, dans le "Premier correctif". Quant à la question du gallardo, le "Second correctif" donne une hypothèse nouvelle, assez vraisemblable.

BALMASEDA se présente à Madrid (sous quel fer ?) le 15 septembre 1851. Le toro présenté ici en en-tête s'appelle AMAPOLO, c'est un colorado (probablement retinto) ojo de perdiz, il est combattu à Madrid sous le nom de BALMASEDA, le jour-même de la présentation en 1851, et porte une devise blanc, incarnat et vert ; sorti en 1er, c'est donc le toro qui signe l'ancienneté de son élevage. Après 9 piques et 5 chutes, il baisse de ton ; son matador est "Curro CÚCHARES". Quelle est son origine? C'est soit l'un des toros de son beau-père, Eduardo VALVIDARES, acquis cette même année... soit l'un des toros de Diego HIDALGO BARQUERO, dont il a acquis la ganadería en 1850, encore qu'il signale souvent cette origine (ce qui n'est pas le cas de ce toro). En tout cas, ce n'est pas un cabrera, car d'une part BALMASEDA prend toujours soin de signaler cette origine, et d'autre part il ne les acquéra que... l'année suivante ! On notera l'armure, sérieuse et veleta mais plutôt courte ; les orbites saillantes, le profil droit voire légèrement concave (= camus : chato).

Ramón ROMERO BALMASEDA a toujours prétendu mener à part ses hidalgo-barquero (2) - encaste composite fait de vázquez X cabrera X un peu de vistahermosa -, et les purs cabrera [quant à ceux de son beau-père ???] -. Le doute sur la rigueur absolue de cette séparation est plus que permis quand on sait ce qu'est le "mentidero" taurin... et son ancienneté ! Toutefois BALMASEDA ne va pas cesser de lidier des toros annoncés comme "d'origine cabrera" (ce qui n'est pas contradictoire avec quelques essais de croisements à côté). On trouve parmi ses cabrera nombre de toros importants ou marquants :

- "RIOVERDE", colorado, lidié à Madrid le dimanche 31 juillet 1853, lors d'une corrida de bienfaisance au profit des provinces de Galice avec des toros de diverses ganaderías. Ce toro prend 18 piques par les picadors Joaquín COYTO "CHARPA", Manuel MARTÍN "CASTAÑITAS", Antonio ARCE, les frères CALDERÓN et Juan (à l'époque, on ne lésine pas sur le nombre des intervenants !). C'est Manuel ARJONA GUILLÉN, frère de "CÚCHARES", qui l'estoque.
- "LEONCITO", colorado(probablement retinto) , lidié à Madrid le 25 de juin 1854 (ou le 29 mai ?) ; voici l'image probable de ce cabrera de catégorie . Il reçoit 26 piques de José SEVILLA, Antonio CALDERÓN, Mariano CORTÉS "NARANJERO", Juan ÁLVAREZ "CHOLA", et "CASTAÑITAS" ; il laisse 5 chevaux sur le sable, mais 3 autres ne survivront pas à sa rencontre. C'est Cayetano SANZ qui l'estoque, non sans avoir pris un puntazo à la cheville et deux "varetazos" à la jambe.
-"NARANJO", castaño , annoncé comme venant de la veuve de CABRERA, et lidié à Madrid le dimanche 11 octobre 1857. Il prend 17 piques de Lorenzo SÁNCHEZ et Bruno AZAÑA ; il est estoqué par Cayetano SANZ.
- "CAPIROTE", annoncé comme venant de la veuve de CABRERA, et lidié à Madrid le lundi 28 de juin 1858. Il prend 16 piques de Francisco "FRASQUITO", CALDERÓN et Bruno AZAÑA ; il est estoqué par "CURRO CÚCHARES".
- "COCHINITO", cárdeno, lui aussi annoncé comme de la veuve de CABRERA dans la même course. Il prend 17 piques par les mêmes picadors et est estoqué par Cayetano SANZ. "CAPIROTE" et "COCHINITO" sont les 2 seuls bons toros d'une mauvaise course par temps pluvieux, composée de 3 toros de Justo HERNÁNDEZ et 3 de la veuve.

Quant aux toros annoncés sous son propre nom de BALMASEDA, et qui sont soit de la lignée hidalgo barquero - et non de cabrera, rappelons-le -, soit de ses essais de croisements entre ses diverses acquisitions, soit peut-être issus de l'élevage de son beau-père - dont on ignore jusqu'à la caste -, en voici quelques-uns, lidiés sous la devise blanche, vert et rouge, qui se sont faits remarquer :
- "PORTERO", castaño , lidié à Madrid le lundi 2 juin 1851. Il sort comme "inclusero", c'est-à-dire sans mention de sa ganadería, car c'est un sobrero offert ; mais c'est lui qui sauve la course. En effet, elle a été piteuse à cause des 3 toros de Gaviria comme des 3 de Veragua, au point que ni Manuel DÍAZ "LAVI" ni Cayetano SANZ n'ont pu briller. "PORTERO" prend 22 piques, et il est estoqué par le "media espada" José MUÑOZ "PUCHETA".
- "HORTELANO", lidié lui aussi à Madrid en 1851. Il attrape Manuel ARJONA GUILLÉN, le frère du fameux "CÚCHARES", auquel il donne un puntazo à l'aisselle. D'ailleurs, un autre toro de Ramón ROMERO BALMASEDA, de nom inconnu, infligera une cornada dans le bas ventre à Manuel DÍAZ "LAVI" cette même année à Madrid.
- "VINATERO", negro , lidié, ainsi qu'un de ses frères de camada, à Madrid le lundi 12 avril 1852. Après 26 piques de Juan TRIGO et Francisco PUERTO, il est estoqué par José REDONDO "EL CHICLANERO".
- "AZULEJO", lidié au Puerto de Santa María le 24 de juin 1857, est indulté après 23 piques et 9 chevaux tués.
- "BOTICARIO", berrendo en negro, lidié à Madrid le 30 de septembre 1860, reçoit 16 piques de "FRASQUITO" CALDERÓN (d'Alcalá de Guadaira) et Ramón FERNÁNDEZ ; c'est Julián CASAS "EL SALAMANQUINO"qui l'estoque.
- "GARBOSO", lidié au cours de la même corrida. Il donne une grave cornada dans la cuisse gauche à Julián CASAS "EL SALAMANQUINO", plus un varetazo sur le côté. La course se donnant à "plaza partida", il faut que José María PONCE, de Cádiz, saute la barrière qui partage la piste pour venir l'estoquer, sous les ovations du public évidemment.
- "JILGUERO", lidié à Madrid le 21 octobre 1860. Il saute la barrière par surprise et tombe sur Mariano ANTÓN, de la cuadrilla du sévillan Antonio SÁNCHEZ "EL TATO", un grand banderillero né à La Granja de San Ildefonso (Segovia), qui officie ce jour-là comme sobresaliente. Heureusement, il en est quitte pour la peur.
- "TORTOLITO", lidié au cours de la même corrida, blesse José María PONCE à la cuisse droite.
- "LECHUGUINO", negro entrepelado, marqué de Ramón ROMERO BALMASEDA mais déjà propriété de Rafael LAFFITTE LAFFITTE, lidié à Madrid le 21 octobre 1866. Il prend 18 piques de Francisco CALDERÓN et Antonio PINTO (d'Utrera) ; "EL TATO" l'estoque.
- "CORREDOR" est lidié à Madrid au cours de la même corrida. Il envoie Francisco CALDERÓN en l'air et lui provoque une luxation de l'épaule gauche : heureusement... il n'est pas gaucher !
- Quant à "BARATERO", colorado bragado, bien fait et d'armure agressive, lui aussi marqué de BALMASEDA mais déjà propriété de Rafael LAFFITTE LAFFITTE, il est lidié au cours de cette même corrida du 21 octobre 1866, mais en tant que d'origine cabrera. Avant d'être arrastré, il est enveloppé dans un tapis afin que sa peau ne soit pas endommagée car il doit être naturalisé. Et c'est lui qui sera le symbole de son pays, en 1899, dans le pavillon de l'Espagne à l'Exposition universelle de Paris. C'est dire le prestige de BALMASEDA et de la caste cabrera !

Pelages des toros de BALMASEDA

Pelages fondamentaux : la diversité des origines implique à peu près tous les pelages possibles dans les deux (trois ?) lignées. En voici quelques-uns, retrouvés dans des sources de l'époque : colorado, retinto, castaño, cárdeno, negro, berrendo en negro, en colorado et en castaño, ensabanado.
Quant aux particularités de pelage, c'est forcément la même diversité. On trouve trace des : bragado, negro entrepelado, capirote, botinero, aparejado, mosqueado.

Voici 3 toros d'origine hidalgo barquero et de type assez différent, tous toréés dans la période 1854-1856 : ce superbe berrendo en colorado, haut, long et "agalgado" (ventre avalé, comme un lévrier : galgo) comme les miura, très typé cabrera ; ce cárdeno, beaucoup plus trapu, manifestement typé vazqueño (par le hidalgo barquero (2) au moins) ; et cet ensabando, capirote en castaño, mosqueado et botinero, qui porte encore le fer de son origine, et dont le type, rond et court sur pattes, évoque fortement le futur (1910) vega-villar (croisement vázquez X vistahermosa : ce croisement existe dans le hidalgo barquero) !

Don Ramón maintiendra ses 2 lignées au moins partiellement séparées [et celle du beau-père ???] jusqu'en 1862. C'est alors que, déçu de la faiblesse et des chutes de ses toros - déjà !!! -, mais surtout de l'hidalgo barquero, il vend à Rafael LAFFITTE LAFFITTE, lequel annoncera ses produits pendant un temps avec la référence à BALMASEDA. C'est peut-être la raison pour laquelle on trouve encore progtammés en 1867 à Madrid trois toros de Ramón ROMERO BALMASEDA...


Les événements


Date : 1850
Date : entre 1851 et 1853
  • Cession de bétail :
    L'élevage Eduardo VALVIDARES lègue à l'élevage Ramón BALMASEDA la totalité de ses têtes de bétail (encaste ).
    On sait qu'en 1851, l'élevage se compose de 203 vaches dans la dehesa de NAVALAGRULLA, et 140 mâles dans le cortijo EL JUDÍO à Carmona. L'héritage a probablement au moins commencé en 1851, à la mort de la mère, María Rocamador FERNÁNDEZ ; on pense qu'il n'est évidemment pas allé au delà de 1853, date de la mort du père, Eduardo VALVIDARES. On suppose ici que la fille, Isabel VALVIDARES FERNÁNDEZ, épouse de Ramón ROMERO BALMASEDA, est la seule héritière de la ganadería...

  • Cession de fer :
    L'éleveur Eduardo VALVIDARES lègue à l'éleveur Ramón ROMERO BALMASEDA BARBIERI le fer Valvidares qu'il affecte à l'élevage Ramón BALMASEDA


Date : 1852
  • Cession de bétail :
    L'élevage nnz_pd_j vend à l'élevage Ramón BALMASEDA une moitié têtes de bétail (encaste cb).
    Jerónima NUÑEZ de PRADO y AYLLÓN de LARA cède tous ses cabrera historiques en 2 lots. En 1850/1851, le premier va à Antonio MIURA, qui, d'ailleurs, avait déjà acheté des vaches et des toros un an auparavant. En 1852, le reste va à Ramón ROMERO BALMASEDA, qui acquiert en même temps fer, devise et droits ; il semble que la majorité de ce bétail soit constituée de mâles car Juan MIURA avait acquis la majorité des vaches : et de fait, Ramón ROMERO BALMASEDA va lidier nombre de toros annoncés comme "d'origine cabrera" pendant plusieurs années.


Date : 1862
  • Cession de bétail :
    L'élevage Ramón BALMASEDA vend à l'élevage lft_lft la totalité de ses têtes de bétail (encaste balmaseda).
    Certains pensent que cette vente daterait de 1868 - On se demande pourquoi BALMASEDA ne cède pas ses toros à son neveu Felipe de PABLO y ROMERO, créateur de l'élevage éponyme. Il est vrai que Felipe ne se lancera qu'en 1885, soit 23 ans plus tard (ou peut-être 18) ; avait-il un tel projet en tête dès 1862 (68) ?...

  • Dissolution :