FICHE ELEVEUR

Ramón ROMERO BALMASEDA BARBIERI


naît : 18..
meurt : 1868/1899


Le sévillan Ramón ROMERO-BALMASEDA BARBIERI se trouve être l'oncle par alliance de Felipe de PABLO y ROMERO, le fondateur de la fameuse ganadería : Amparo ROMERO-BALMASEDA OCHOA est une nièce de Ramón, et Felipe épousera sa fille. Les liens de parenté entre les familles ganaderas ne datent pas d'aujourd'hui ! De plus, l'élevage de BALMASEDA entrera probablement, en partie, dans la constitution du pablorromero...
BALMASEDA (c'est sous ce nom qu'il fait courir) crée un important élevage en 1850 par l'achat du second et prestigieux élevage du chanoine Diego HIDALGO BARQUERO. Il le complètera par la suite avec 2 autres acqusitions (voir plus bas). Comme le fer de chaque achat est pour lui, il n'aura que l'embarras du choix pour son fer !

Cette famille apparaît sur la scène sévillane au début du XIXe siècle quand le commmerçant Luis ROMERO BALMASEDA, père de Ramón, fait l'acquisition d'une finca de 129 hectares à El Castillo de Los Guardas en profitant du désamortissemnt de Godoy (1800-1808) ; à sa mort, en 1837, l'inventaire de ses biens sera impressionnant.
Comme tant d'autres, cette famille profite d'un contexte social favorable. Au XVIe siècle, certaines familles avaient fait immensément fortune dans le commerce avec les Indes. Au XVIIe, ces riches négociants avaient acheté des terres et, si besoin, des titres nobilaires, accaparé les charges de l'administration municipale, et intégré les rangs de la Real Maestranza de Caballería de Séville. Ce sont eux, désormais, les maîtres de la ville - avec quelques ecclésiastiques de haut rang tels que des chanoines de la cathédrale ou l'archidiacre de la ville -... et les fournisseurs de toros. On compte parmi eux : le conde de ÁGUILA (1730-1785), le marqués de LAS AMARILLAS (1774-1780), le marqués de LA CUEVA del REY (1752-1799), le marqués de GELO, le marqués de CASAL, le marqués de VALLEHERMOSO (1730-1773) etc. Durant le premier tiers du XIXe siècle, l'occupation française vient alors provoquer des changements importants ; et cette crise de l'Ancien Régime entraîne la ruine des institutions qui monopolisaient auparavant l'élevage du toro brave en Andalousie. Bien que conservant ses terres, la noblesse commerçante reflue des campagnes vers la ville, renonce massivement à l'agriculture, et se retire aussi en grande partie de l'élévage brave qui en était le prestigieux complément. Les monastères et les couvents, principaux pourvoyeurs de la Maestranza de Séville pendant le XVIIIe siècle, sont les plus touchés. Expulsés par les troupes de Napoléon, les frères CHARTREUX de Jerez et ceux de Séville, les DOMINICAINS DE SAN JACINTO à Séville, les JÉSUITES DE SAINT HERMÉNÉGILDE à Séville et ceux du COLLÈGE DE ARCOS, ainsi que bien d'autres, abandonnent peu à peu l'élevage. En outre, la Guerre d'Indépendance qui suit ruine leurs activités agricoles, et leurs terres sont mises en vente à travers divers programmes de sécularisation. Apparaît alors une nouvelle classe de "colons" qui va peu à peu remplacer les deux précédantes sur leurs propres terres. Petits agriculteurs, éleveurs itinérants, ou même commerçants, vont ainsi devenir fermiers puis propriétaires au terme d'un long processus de "desamortización" [désamortissement]des biens de mainmorte.
[Note : L'Église s'est souvent heurtée à travers l'histoire aux États qui ont cherché à la faire participer à leurs dépenses, quand ils n'ont pas confisqué tout ou partie de son patrimoine. Mais, à partir de la Révolution française, le phénomène prend une autre dimension, en s’appuyant sur une nouvelle conception de l’Etat et de la Nation. Le 2 novembre 1789, en France, l'Assemblée Nationale Constituante vote la nationalisation des biens de l'Église et les met en vente. Les conquêtes des armées de la Révolution et de l'Empire étendent le phénomène sur une bonne partie de l'Europe, par exemple en Espagne (où il comence dès 1798 !) et au Portugal, et le prolongent jusqu’en Amérique espagnole et en Amérique portugaise. Dans tous ces territoires, le phénomène de la "désamortisation" [désamortissement], qui comprenait une phase préalable de confiscation et de nationalisation des biens, touche aussi les terres de possession collective et même les terres dites "sans propriétaire".
A la seconde moitié du XIXe, 10 millions d'hectares auront ainsi changé de main ! Le phénomène se déroule en deux temps : profitant des "désamortisations" [désamortissement] de Godoy (1800-1808), Mendizábal (1836) et Espartero (1841-1844), de grands "colons" deviennent grands propriétaires terriens et ganaderos dès les débuts du XIXe ; avec la Loi Générale de Désamortissement de Pascual Madoz (1855-1924), le phénomène est amplifié par la mise en vente d'une partie des terres communales. Ramón ROMERO BALMASEDA BARBIERI fait partie de cette seconde génération, tandis que son père, Luis, faisait partie de la 1ère.

Son père, Luis ROMERO BALMASEDA (époux d'une BARBIERI), avait donc acheté, début XIXe, une finca de 129 ha. au Castillo de las Guardas, grâce à la désamortisation de Godoy (1800-1808). Durant les 20 années suivantes, toujours en profitant des désamortisations, il était devenu propriétaire terrien à La Algaba, Gerena, Triana, Coria del Río et Zalamea la Real (415 ha. en tout)... et même d'une "courte" ganadería de 22 têtes. En 1837, on compte parmi ses héritiers son fils Ramón et son petit-fils... Felipe PABLO y ROMERO : Ramón ROMERO BALMASEDA se trouve donc être l'oncle maternel (par alliance) du fondateur de la dynastie ganadera des PABLO-ROMERO !
N.B._ Les données généalogiques sont floues sur le détail, mais claires dans leurs affirmations. Or pour que Ramón soit effectivement un oncle (par alliance) de Felipe, il faut que Luis ROMERO BALMASEDA, d'abord marié avec une BARBIERI (leur fils Ramón), se soit remarié avec une OCHOA (leur fille Amparo), faisant de Ramón et d'Amparo des demi-frères/soeurs, et de Felipe fils d'Amparo) un neveu (par alliance). Ce n'est pas invraisemblable, car la chose est fréquente à cette époque où la médecine n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. _ Sinon, Felipe ne serait qu'un arrière-petit-fils de Luis : sa part d'héritage deviendrait beaucoup moins vraisemblable. Voici donc la la généalogie la plus probable.

Ramón concentre alors son activité agricole entre Coria, et Dos Hermanas où il commence par louer des fermes qu'il rachètera par la suite. On connaît ces détails par l'inventaire des biens du ménage réalisé après la, mort de son épouse Isabel VALVIDARES FERNÁNDEZ (une fille de gandero) en 1859. C'est ainsi qu'il apparaît depuis 1840 comme propriétaire des dehesas LA SERREZUELA (800 ha.), VENTA DE LA TORRE (120 ha.) et LA HERMOSILLA (250 ha.). A Coria del Río, il loue le cortijo EL BASTERO, dont il achètera d'abord une moitié et quelques années plus tard la seconde. Mais il achète encore des terres à Carmona, El Viso, La Rinconada et Séville (600 ha. en tout). C'est dire qu'il possède quelque 2.000 ha., dont 800 proviennent de la dot de son épouse, Isabel.

° En 1850 (certains disent 1852 : ?...), BALMASEDA achète le second et prestigieux élevage du chanoine Diego HIDALGO BARQUERO.
° A moins que son beau-père Eduardo VALVIDARES ne lui ait déjà laissé quelques toros plus tôt _ en 1851, à la mort de l'épouse de ce dernier, María Rocamador FERNÁNDEZ ALBERDA , BALMASEDA hérite probablement de tout ou partie de la ganadería de son beau-père ; l'héritage est peut-être complété en 1853, à la mort d'Eduardo, si la cession de 1851 n'était que partielle. En 1851, cette ganadería comprend 435 têtes (92 boeufs, 203 vaches et 140 mâles) ; l'encaste est totalement inconnu.
° 1852, BALMASEDA achète le reliquat des cabrera historiques de la belle-soeur du fondateur : Jerónima NUÑEZ de PRADO y AYLLÓN de LARA.
Il résulte de cet ensemble un encaste original... dans la mesure où croise ses lignées, ce qui n'est pas certain ! L'inventaire de 1859 fait mention de 300 vaches et 197 toros de topus âges ; ce n'est pas rien.

La variation de dates (1850 ? ou 1852 ?) pour l'achat des hidalgo-barquero (2) ne serait pas grand chose si elle ne conditionnait pas la raison pour laquelle Ramón ROMERO BALMASEDA peut devenir fournisseur des arènes de Madrid dès l'année 1851, puis de la Maestranza de Séville dès 1853 :
° Est-ce en raison du grand prestige des hidalgo barquero ? C'est possible. Mais alors pourquoi ses toros sont-ils présentés en septembre 1851 à Madrid sous son nom à lui (BALMASEDA), et sans référence à HIDALGO BARQUERO ? Alors qu'en 1854 et 1855, il sortira des toros à Madrid avec le nom de HIDALGO BARQUERO : en voici un, berrendo en colorado et capirote ; or l'élevage HIDALGO BARQUERO n'existe plus depuis 1850, voire 1852... puisqu'il l'a lui-même acheté !
° Est-ce en raison du prestige ganadero (et des relations) de son beau-père qu'il a accès aux arènes de la capitale ? Ce n'est pas impossible, surtout s'il avait déjà reçu quelque bétail brave avant 1951. Et ce serait le signe de la qualité de ce troupeau qui va probablement se retrouver en partie chez PABLO-ROMERO...
° Est-ce en raison d'une conjonction des deux, ou pour une autre raison encore ?... On ne sait pas trop. Cependant Ramón ROMERO BALMASEDA est surtout célèbre par ses hidalgo barquero, qu'il prétend d'ailleurs élever séparément ; de plus, il précisera souvent les origines, cabrera ou hidalgo barquero - mais surtout cabrera - de ceux qu'il présente dans une grande arène. Faute d'information plus précise, on considèrera ici que les toros envoyés à Madrid en 1851 sous le nom de BALMASEDA, sans plus de précision, sont plutôt ceux de son beau-père, Eduardo VALVIDARES : il s'agirait donc d'un élevage de prestige.

BALMASEDA poursuit son activité ganadera pendant 12 ans (18 disent certains...) , avec un certain succès puisqu'il vend des reproducteurs jusqu'au Mexique ! En 1862 (1868 disent certains...), il vend à Rafael LAFITTE LAFITTE.
Curieusement, BALMASEDA est très rarement mentionné [en dehors de l'étude d'Antonio LÓPEZ MARTÍNEZ sur l'histoire et l'économie des ganaderías bravas au XIXe siècle, publiée par la Maestranza et l'université de Séville] dans les sources de l'élevage fameux des PABLO-ROMERO, dont il semble pourtant faire partie indirectement ! On notera que son apport diminue d'autant la proportion du gallardo, déjà problématique, dans le pablorromero... à moins que BALMASEDA n'ait été pourvu en gallardo par quelque voie inconnue : ce serait trop beau ! Le plus vraisemblable est ce qui est expliqué dans la fiche de l'élevage de Felipe PABLO-ROMERO, dans le "Premier correctif". Quant à la question du gallardo, le "Second correctif" donne une autre hypothèse, assez vraisemblable.