FICHE ENCASTE

villamarta

Constitution de l'encaste : 1914



Un encaste vistahermosa de grande catégorie, créé par le Marqués de VILLAMARTA à partir de 1914 et formé d'un génial condensé des divers encastes constituant l'essentiel de l'élevage contemporain. On voit ici en en-tête un superbe villamarta des Héritiers de Salvador GUARDIOLA FANTONI.
Complexe, il est constitué d'une base, très cohérente, murube-ibarra-parladé-lacorte X urcola (dérivation du vistahermosa qui est majoritaire dans le murube) X saltillo (dérivation vistahermosa très minoritaire dans le murube) X santacoloma (saltillo X ibarra) X une pointe de hidalgo-barquero (1) (autre dérivation du vistahermosa X vázquez). Il ne reste donc dans le villamarta que d'infimes traces du vázquez, et moins encore du cabrera, intégrés dans le hidalgo barquero 1 de façon minoritaire. La pointe de santacoloma a pour fonction de tempérer l'ardeur du saltillo.
C'est dire que le villamarta réunit 5 des principaux encastes du vistahermosa : murube, parladé, saltillo, santacoloma et urcola. La petite part de sang vazqueño (d'où viennent les berrendos, cárdenos claros, salpicados, et parfois ensbanados, de l'encaste) a pour fonction essentielle de donner plus de volume à l'encaste. La diversité des origines entraine une certaine disparité de types morphologiques dans l'encaste : comment s'en étonner ?

Caractéristiques du villamarta :
° Pelages fondamentaux : le negro domine largement, souvent mulato ; on trouve parfois du tostado, du colorado, du castaño et du cárdeno [à noter que le cárdeno peut être oscuro (chez les Señores GUARDIOLA DOMÍNGUEZ) ou non] ; moins souvent encore, on trouve quelques berrendo en negro, de type "aparejado", en particulier chez les Herederos de Salvador GUARDIOLA FANTONI, et même quelques ensabanado : résurgence du peu de sang vázquez.
° Particularités de pelage : présence notable des chorreado en morcillo, calcetero, coliblanco, bragado, meano, girón, facado, estrellado/lucero et caribello ; mais aussi axiblanco, entrepelado et salpicado.
° Cornes typiques : un toro bien armé et assez souvent cornalón ; les cornes sont blanc nacré [par opposition à blanc sale] avec la pointe très noire, fines dès leur base, larges, hautes et pointues ; les veleto, corniabierto, cornidelantero et acapachado ne sont pas rares.
° Force : un toro précoce, qui grandit naturellement vite ; un toro puissant... et donc craint ;
° Morphologie : un toro très beau, grand, long, large, profond, ensellé (ensillado : c'est une lordose) ; il a squelette (la "caisse") voulu pour porter son volume et son poids. Le ventre est plutôt avalé (un peu agalgado : de galgo, lévrier). La tête est en général allongée, plutôt étroite de tempes et de museau, et le profil un peu concave. Les yeux sont grands et vifs. Le cou est de longueur moyenne, le morillo bien marqué et le fanon développé. L'arrière est arrondi et bien proportionné ; les extrêmités longues et fines ; la queue très longue et fournie. _ On notera que chez les vaches, le profil est généralement droit, le cou long, le ventre très discret et la croupe anguleuse.
° Comportement : très encasté et brave, ce toro demande un torero expérimenté. Toutefois son comportement est aussi peu homogène que la morphologie, et pour les mêmes raisons : le mélange d'encastes qui constitue le villamarta. Les diverses ganaderías ont leur personnalité propre : les désormais classiques villamarta de la casa GUARDIOLA (Señores GUARDIOLA DOMÍNGUEZ et Salvador GUARDIOLA FANTONI), ceux de Manuel ÁLVAREZ, ceux qui viennent de Bernardino JIMÉNEZ, ceux de la lignée villamarta du núñez et ceux de l'actuel fer des VILLAMARTA ont peu de points communs ! Néanmoins on s'accorde à reconnaître à l'ensemble les traits de encasté mais nobles, avec de la fixité (fijeza), de la vivacité (prontitud), de la transmission ; mais malheur à celui qui ne sait pas les dominer tout au long de la lidia : il ne rencontrera plus que du genio. c'est dire que cet encaste est passionnant pour l'aficionado averti. _ Reste que chez GUARDIOLA ce toro est très encasté, alors qu'il serait presque suave et docile chez ÁLVAREZ... et très irrégulier ailleurs !

Entre 1942 et 1968, l'élevage Clemente TASSARA BUIZA (2) vend beaucoup de reproducteurs, contribuant par là à l'extension de l'encaste villamarta et de son influence. Cet encaste a une grande capacité à donner d'excellents résultats dans les croisements par les vaches villamarta ; pourquoi plus particulièrement par les vaches ???
Les dérivations du grand fer Villamarta connaissent aujourd'hui une importante baisse de caste... dans les quelques-unes où les villamarta n'ont pas été éliminés ; cette baisse s'est amorcée dès les années 1950 dans certaines branches, soit que certains lots aient été constitués de desecho soit que leur propriétaire n'ait pas su en conserver la caste [à noter toutefois qu'en 2000, l'élevage titulaire du fer historique a fourni en France, à PALAVAS, un lot qui semblait annonciateur de renouveau... hélas il n'a pas confirmé en 2.001, et de loin, tout le lot ayant montré une lamentable faiblesse touchant à l'invalidité].
Pendant le dernier quart du XXe siècle, on trouvait les meilleurs villamarta chez les prestigieux GUARDIOLA : soit, en 1998, les élevages des Señores GUARDIOLA DOMÍNGUEZ et des Herederos de Salvador GUARDIOLA FANTONI ; mais à leur tour ces toros connaissent une descente vertigineuse... que la rumeur attribue au manque de suivi de la ganadería. Les arènes de NIMES gardent le précieux souvenir de l'inoubliable tarde de Christian MONTCOUQUIOL "NIMEÑO", seul et triomphant malgré un violent mistral, avec 6 de ces formidables toros auxquels il coupa 4 oreilles "de catégorie", le 14 mai 1989, dimanche de Pentecôte.
A noter encore que la famille NÚÑEZ possède aussi de l'excellent villamarta [grâce à la part d'héritage de Concepción DÁVILA GARVEY, aussitôt revendue à Carlos NÚÑEZ] ; l'encaste villamarta intervient dans la composition du núñez.