FICHE ENCASTE

murube

Constitution de l'encaste : 1863-06-10



Felipe MURUBE, en lien avec sa mère Dolores MONGE/MONJE, forme l'encaste en réunissant les 2 principales branches du vistahermosa : la plutôt torista varea - lesaca, acquise en 1862 chez Manuel SUÁREZ JIMÉNEZ, et la plus "douce" barbero - saavedra, acquise en 1863 et 1864 chez José ARIAS de SAAVEDRA. Mais dans le lesaca, on n'utilise comme reproducteurs que quelques étalons. Le murube typique s'est donc beaucoup plus développé dans la ligne saavedra. En l'améliorant encore.

Caractéristiques du toro murube :
C’est un toro qui fait partie des plus grands parmi les toros de combat, mais il n’est pas longiligne. On dit qu’il a "de la caisse", et même qu’il est basto (épais). Avec son squelette fort et son volume, il supporte un poids élevé.

° Pelages fondamentaux : normalement negro, avec le zaino et le mulato dominants ; assez exceptionnellement castaño et tostado, plus rarement encore colorado. Toutefois, la lignée dérivée de contreras aura beaucoup de colorado et de castaño...
On notera que, chez LA CASTILLEJA, où le ganadero Antonio GARCÍA GALÁN prétend avoir du murube absolument pur [acheté en 1982/1983 à Manolo et Jesús CHOPERA, qui le tenaient depuis 1957 d'Antonio URQUIJO encore à l'apogée], il y a des robes sardo, berrendo et même ensabanado [semble-t-il non bocinegro, à la différence des osborne]... En 1999, ce ganadero explique : "La ganadería des VISTAHERMOSA était en technicolor [vrai jusqu'à un certain point : voir l'encaste vistahermosa] ; c'est MURUBE [lequel : Dolores MONGE/MONJE, viuda de MURUBE ? ou ses fils ? ?] qui a éliminé tout ce qui n'était pas noir parce qu'il ne voulait que des bêtes de cette couleur." Cette résurgence colorée est dûe, selon lui, à une seule vache, dont il dit qu'elle fait faire "un saut [génétique] de 200 ans"... Il est vrai que ces robes sont très rémanentes, mais faut-il en conclure que le pelage des murube des origines était plus varié qu'on ne le pense habituellement, quoique de façon très minoritaire ?... ou bien penser à quelque introduction, accidentelle ou non, d'un autre sang (les CHOPERA ne manquaient pas de santacoloma !) ?... Bien malin qui le dira ! Mais il reste un peu difficile de prêter foi à l'affirmation, très isolée, de Antonio GARCÍA GALÁN... surtout quand on sait tout ce que le mentidero taurin est capable de faire courir comme bruits !

° Particularités du pelage très peu nombreuses : Pour ce qui des assez rares particularités, on ne trouve aucun axiblanco ni rabicano. Il y a surtout des meano et des bragado, ainsi que quelques lombardo, chorreado, listón, voire bocidorado et entrepelado (plus quelques rarissimes girón ? cf. ci-après). Pour les mêmes raisons et avec les mêmes réserves que ci-dessus à propos d' Antonio GARCÍA GALÁN pour les pelages fondamentaux, on trouvait peut-être aussi aux origines des particularités telles que : estrellado, axiblanco et bragado corrido ; plus botinero et alunarado chez les ensabanado [semble-t-il non bocinegro, à la différence des osborne].

° Cornes : Les cornes sont souvent brochas (en couronne) ou corniapretadas, moyennement développées, épaisses et cornillanas/astillanas (extrémité du piton à la même hauteur que sa base) ; souvent légèrement dissymétriques, allant parfois jusqu'au bizco. L'armure est typiquement de couleur noire (toro astinegro), parfois blanche avec seulement la pointe noire (toro astiblanco).

° Morphologie : il semble encore exister quelques différences morphologiques selon que domine le saavedra ou le lesaca. Ce toro habituellement épais, qui compte parmi les plus grands parmi les toros de combat, a peu d'allure. Il est généralement de grand format devant, avec de la carcasse, mais bas sur l'arrière et ramassé (= aleonado : c'est la conformation naturelle du toro !... que la sélection tend à inverser dans bien des élevages afin que le toro humilie plus facilement).
Son poitrail est large et profond. Il atteint facilement des poids élevés. Il a beaucoup de morillo et de fanon (papada), mais il est moins badanudo (le bout de peau qui pend sous le museau s'appelle badana) : l'ensemble contribue à donner de la profondeur au toro. Le ventre proéminent donne un animal ventru. La ligne dorsolombaire est habituellement légèrement ensellée, et la croupe volumineuse. Le cou est plutôt court (ce qui est une gêne pour le toreo moderne). Il y a aussi une branche minoritaire présentant des armures et un cou plus développés ; elle est en général plus courte de mains (pattes avant) et plus basse au garot. Ce toro étant de morphologie moins "montée", moins haut devant, il embiste mieux, en humiliant davantage.
Le toro placé ici en en-tête est assez typique de la morphologie murubeña, mis à part le dévelopement vraiment inhabituel de son armure ! Mais on peut modifier beaucoup de choses, et surtout les cornes, par une sélection judicieuse... Il appartient à la ganadería de Luis TERRÓN (ANGL). En voici un autre, toujours de Luis TERRÓN, pris sous deux angles différents, ce qui montre combien l'allure d'un toro dépend de sa position : d'abord de plein profil, ensuite la tête légèrement tournée.
Sa tête est assez peu volumineuse. Le frontal est souvent carifosco (frisé). Le profil assez souvent "acarnerado" (légèrement convexe comme un museau de mouton ; particularité toutefois moins fréquente chez les vaches) ; dans ce cas les cornes sont en général plus développées et corniapretadas : on le voit bien sur cette photo, d'un urquijo de 1976. L'ensemble donne un toro sérieux, avec du trapío.
A défaut d'être acarnerado, le profil sera droit. On note que les acarnerados ont la tête particulièrement allongée et assez étroite, comme cet exemplaire, de Luis TERRÓN encore ; tandis que les profils droits ont les tempes plus larges, le museau camus (chato) et plus gros.
Les yeux sont grands. Le morillo est bien marqué, développé ; le fanon (papada et son prolongement sous la machoire et le le début du cou badana le sont aussi. Les extrémités fortes, puissantes et longues correspondent à l'ensemble de la morphologie de ce toro. Les sabots sont petits (le contraire étant mauvais signe !). La queue est longue, grosse et avec un toupet (borlón) bien fourni.


° Comportement : Pour ce qui est de leur comportement dans la lidia, ils se livraient avec bravoure au 1er tercio et arrivaient très éteints au dernier. Mais ce défaut s'est corrigé peu à peu en raison du goût des publics et des toreros. Habituellement, ils ne créent pas trop de problèmes aux subalternes pour les banderilles car ils sont de belle noblesse ; de fait, ils ont causé peu d'incidents et jamais de trop graves.
Le murube est le premier à avoir ébauché le type de bravoure du toro moderne. C'est un toro brave aux piques, qui vient de loin et recharge. Il galope facilement dans sa charge pendant tout le combat. C'est le toro favori des vedettes depuis JOSELITO EL GALLO jusqu'à la fin des années 60. Sa noblesse s'exprime quand le torero se confie, sinon il a tendance à se réserver puis à se coucher dans la charge et à devenir avisé (probón). Il a été longtemps considéré comme le toro qui avait le plus de classe dans sa charge. Cf.l'adage : "Pour la personnalité les miura, les murube pour la classe, les santacoloma pour la bravoure, et pour la beauté les pablorromero".)

L'élevage fondateur de Dolores MONGE, viuda de MURUBE est allé de succès en succès. L'encaste murube constitue l'une des bases fondamentales du cheptel brave actuel, tant par ses qualités que par la diversité des encastes auxquels il a donné naissance.
Cet encaste majeur est à la base d'au moins 90% des élevages modernes. A part les quelques saltillo, les miura, les pablorromero et les restes de veragua, voire de navarro, tout ce que l'on voit aujourd'hui courir dans une arène dérive de cet encaste ! Il s'est développé essentiellement par 4 dérivations créées entre 1890 et 1910, une grande époque pour cet encaste : 1) IBARRA ; 2) Luis de GAMA ; 3) CONTRERAS et 4) URQUIJO. En quelque 150 ans, ces dérivations ont donné naissance à des encastes bien différentes de leur souche originelle, aussi bien en comprtement qu'en morphologie.