FICHE ENCASTE

lacorte

Constitution de l'encaste : 1920



L'encaste vistahermosa majeur du XXème siècle... et peut-être de tous les temps : voici le plus formidable creuset de sang du XXe siècle. Les formidables parladé sont devenus pendant 7 ans les tamarón : à partir de 1920, avec le Conde de la CORTE, ils deviennent les lacorte ; certains les appelent les "condesos", retrouvant la vieille appellation des toros du Conde de VISTAHERMOSA... pas moins ! Il est à noter tout particulièrement que les étalons lacorte ont, à quelques rares exceptions près, une exceptionnelle aptitude à fixer leurs caractéristiques et à transmettre leurs qualités à leur descendance (soit tout le contraire des santa coloma) : cela ne contribue pas peu à leur succès.
Le toro placé ici en en-tête s'appelle "PELETERO". Il est de la ganadería de Juan Pedro DOMECQ DÍEZ qui, à cette époque, a encore gardé le type et la caste lacorte ! Il a été lidié le 14 juillet 1949 à Bordeaux, en 3ème position. "PARRITA se fait arracher la cape des mains malgré la qualité de ses véroniques données en gagnant du terrain. 8 piques et 1 rencontre pour 4 chutes à l'ancienne ! Immense sensation sur les gradins en raison de l'agressivité du toro. Un toro très brave, puissant, féroce, de grande caste et qui conserve ses qualités jusqu'à la fin. Par sa muleta, Luis Miguel DOMINGUÍN fait honneur à ce toro dur mais boyante. Le lot est à l'unisson, même si celui-ci en est le meilleur", raconte la revue nimoise TOROS (N°1321).

Caractéristiques de l'encaste lacorte :

° Pelages fondamentaux :
Assez variés (plus que dans l'atanasio) : negro dominant ; colorado dont quelques retinto, castaño ; et même quelques cárdeno. Il se dit aussi que l'on trouverait parfois quelques ensabanado (est-ce exact ? c'est peu crédible ! D'où viendraient-ils ?!... Leur présence dénote plutôt une touche de sang vázquez, éventuellement très minime car génétiquement les robes du vázquez sont très dominantes).

° Particularités de pelage : les plus caractéristiques sont salpicado/burraco et girón ; fréquents sont les llorón/zarco, bragado, meano, gargantillo, listón, rebarbo et coliblanco ; quelques chorreado en morcillo ; chez les colorado, ojo de perdiz et bocidorado abondent.

° Cornes : armure spectaculaire car très développée (cornalón), ce qui est un trait parladé ; typiquement large de berceau et "carrée", légèrement relevée (tocado de pitón) ; astifino : témoin cette tête d'un lacorte de 1994 (ganadería Herederos del conde de LA CORTE. Le lacorte est un toro très bien armé. Les astiblanco sont dominants ; de même que les veleto et les cornidelantero, mais on trouve aussi les cornivuelto, corniabierto et même playero ; les bizco ne sont pas rares.

° Morphologie : ces toros sont sérieux. Ils ont le physique des parladé... mais pas en modèle réduit comme les núñez. Des toros hauts, d'allure plutôt fruste (basto), quoique fins de ventre et profonds de poitrine, avec beaucoup de fanon (papada) et une grande encornure ; plus hauts devant que derrière, leur tiers postérieur est peu développé, anguleux et tombé : ils sont "aleonados". Ils s'engraissent difficilement mais pèsent en raison de leur "caisse" (charpente), de leur longueur et de leur taille ; leur rendement en boucherie est loin derrière, par exemple, les pablorromeros. La ligne dorso-lombaire est légèrement ensellée, tandis que celle du ventre est volumineuse. Ils ont peu de morillo, ce qui fait les fait paraître de moindre trapío que leur taille et leur tête ne le laisseraient penser. Le cou est long, le morillo peu prononcé et le fanon important sous la machoire ("badanudo"). Le profil du museau est droit, la tête allongée, les tempes et le museau larges. Les yeux sont grands. Les extrêmités sont longures et fines. La queue est épaisse, longue et très fournie. En voici deux exemplaire bien typés : celui-ci, au repos, qui fait particulièrement remarquer sa grande taille et son peu de morillo ; celui-là, "pendiente", qui fait particulièrement remarquer sa poitrine profonde et son trapío.

° Force : ils n'en manquent pas ! On se souvient encore à Nimes d'un picador envoyé par dessus les barrières avec son cheval aux heures de gloire de l'élevage (années 50).

° Comportement : durant la lidia, ce toro va a más. Il sort courant partout, non fixé,abanto ; il commence à se centrer au cheval où, avec sa prodigieuse bravoure, il donne un combat spectaculaire ; il est prompt et vif aux banderilles, noble et de longue charge au 3e tiers avec beaucoup de classe. Il s'agit dans la muleta d'une noblesse sans fadeur et qui transmet. De la grande, très grande caste ; et classieuse... De plus, cet encaste a une grande régularité, à la différence des santacoloma ou des saltillo - albaserrada - victorino, par exemple. Ces qualités en ont fait des toros très appréciés des "MANOLETE" et autres Antonio ORDÓÑEZ. Les meilleurs depuis les années 30 jusqu'à la fin des années 60.
Voici, parmi tant d'autres, un exemple du comportement de cet encaste avec "PELETERO" de Juan Pedro DOMECQ DÍEZ, sorti en 3ème position le 14 juillet 1949 à Bordeaux et choisi ici pour représenter son encaste. "PARRITA" se fait arracher la cape des mains malgré la qualité de ses véroniques, données en gagnant du terrain. Le toro prend 8 piques et 1 rencontre pour 4 chutes à l'ancienne. Immense sensation sur les gradins en raison de l'agressivité du toro ; très brave, puissant, féroce, de grande caste, il conserve ses qualités jusqu'à la fin. La muleta de Luis Miguel DOMINGUÍN fait honneur à ce toro dur mais boyante. En plus, le lot est à l'unisson, même si "PELETERO" en est le meilleur...

Dès les années 30, un grand nombre d'élevages bénéficient avec succès de reproducteurs "condesos" qui améliorent considérablement leur caste : on dit qu'ils se sont "lacortisés" (en espagnol : "encondesarse"). Sont à détacher du lot : Juan Pedro DOMECQ, premier du nom, et Atanasio FERNÁNDEZ qui, alléchés par tant de qualité, viennent ensemble aux BOLSICOS, dès 1930, pour acheter chacun... une "reata" (une lignée) de la ganadería : on peut dire que ces 2 branches du lacorte, la première surtout, ont aujourd'hui envahi presque toute la cabaña brava...
Ensuite, le manque de force les a fait décliner et ils n'en sont toujours pas vraiment sortis. Par desus le marché, ils ont perdu leur belle régularité ; le toro extraordinaire sort tout de même de temps en temps... mais pas plus ! On ne peut plus qu'espérer leur récupération.