FICHE ELEVEUR

Antonio URQUIJO


naît : 1904
meurt : 1962-03-8


C'est en 1917 que sa mère, Carmen de FEDERICO, acquiert ses murube... désormais urquijo. Antonio a, sauf erreur, 13 ans. "Gusanillo" (petit ver dans les pommes, image de la passion qui taraude le coeur !) ? En 1925, il achète, sans doute par parents interposés, le très fameux élevage de Manuel RINCÓN, d'encaste... rincón et de fer... rincón ! Il le place sous son nom et se choisit un nouveau fer. Il maintient le haut niveau obtenu par RINCÓN mais gardera l'ensemble seulement jusqu'en 1928 [pourquoi ?], date à laquelle il vend au Cordouan Indalecio GARCÍA MATEO. Don Antonio s'occupera ensuite beaucoup des urquijo de sa mère, avant d'en devenir directement co-propriétaire avec son frère Carlos, en 1946.
Don Antonio est évidemment grand aficionado, mais aussi "garrochista" de valeur, bibliophile taurin de haute volée (en 1955 à Madrid, il est trésorier fondateur de la "Unión de Bibliófilos Taurinos" ; sa bibliothèque contient plus de 3.000 volumes sur le toreo) et collectionneur averti (il crée à la finca "Juan GÓMEZ" un superbe musée taurin) ; malheureusement, il meurt prématurément à 58 ans.
Eduardo CID, picador, de la fameuse famille des CID, qui étaient les hommes de confiance chez les URQUIJO et dont les conseils avaient été déterminants dans le choix des vaches à garder, a bien connu Antonio URQUIJO pendant sa jeunesse. Voici ce qu'il raconte :
° La ganadería a lidié jusqu’à 3 corridas à la Feria de Séville, qui en comptait 10. La devise sera l’arbitre de nombreux après-midi glorieux dans les arènes les plus importantes d’Espagne et de France. Avec "GALLITO" et BELMONTE d’abord ; "MANOLETE" ensuite ; puis Domingo ORTEGA, Antonio "BIENVENIDA", Luis Miguel "DOMINGUÍN", Antonio ORDÓÑEZ, "Curro ROMERO", "EL VITI", "EL CORDOBÉS" et autres figuras qui ont donné des faenas mémorables.
La grande place des CID dans l’élevage n’empêche en rien leur admiration respectueuse pour Antonio URQUIJO :
Je crois qu’il a été le meilleur éleveur d’Europe. Surtout par sa droiture et sa rigueur. Personne ne devait monter son cheval et lui n’en montait aucun autre. C’était un cavalier impeccable et un grand picador. Son cheval était bien dressé et le caparaçon devait être très protecteur. Il tientait des utreras parce que, disait-il, une erala peut tromper. Pour lui, tout comme les becerras, elles étaient comme les personnes mal définies à l’adolescence. Je me souviens du silence absolu des tentaderos. Personne ne parlait ni ne se déplaçait. On ne voyait même pas un bout de jambe ou le pico d’une cape sortir du burladero. Quand un torero n’était pas capable de mettre une vache là où il le souhaitait, il sortait avec la cape et la plaçait lui-même, parfaitement. Il aimait torèer avec la cape et avec la muleta, rivalisant avec les meilleurs. Il n’aidait jamais une vache : celle qui voulait allait au cheval y allait, et celle qui ne voulait pas… boucherie. Il demandait aux toreros de donner 8 ou 10 muletazos sur chaque corne, puis il les laissait faire à leur guise.
Quand il voulait s’entretenir avec mon père, il tapait discrètement sur le
burladero avec son stylo, personne ne s’en rendait compte. Alors mon père s’approchait et ils parlaient. À la fin de la journée, ils se réunissaient pour croiser leurs notes et échanger leurs impressions. Et ce pendant les 3 jours du tentadero, qui débutait au petit jour.
Le sérieux, la rigueur d’Antonio se manifestait dans tous ses actes. Si une vache vêlait hors saison et si on ne connaissait pas le père, elle était rejetée d’emblée. Il n’admettra jamais une entourloupe. Certains de ses toros ayant été refusés à Madrid et à Séville, selon lui à cause de magouilles orchestrées par les
empresas, il se refusera à y lidier pendant de nombreuses années.
Sous cette rigidité apparente, se cachait un « excellent homme, aussi bon éleveur que bonne personne. Quand nous étions enfants et que nous arrivions à la propriété, il demandait qu’on nous fasse entrer dans le musée qu’il avait créé avec tant de soin. Il était généreux et n’a jamais élevé la voix sur ses ouvriers. Son décès fut pleuré. Don Antonio URQUIJO a laissé sa marque, non seulement pas sa classe d’éleveur, mais aussi par ses extraordinaire qualités humaines.