FICHE ELEVEUR

Antonio ORDÓÑEZ ARAUJO


naît : 1932-02-16
meurt : 1998-12-19


En 1980, Don Antonio [né un 6 février (ou un 16 ?), mort un 19 décembre (ou un 18 ?)...] prend la suite de Carlos URQUIJO DE FEDERICO ; avec bétail et fer, il crée un nouvel élevage. Il est alors reconnu comme l'un des tout plus grands toreros de l'histoire, en dépit d'une certaine irrégularité et, en certaines circonstances, de toros "terciaditos".
Comme bien des taurins, Antonio ORDÓÑEZ avait une immense aficion. Aux San Fermines de Pamplona, ne l'a-t-on pas vu courir l'encierro comme corredor et parfois comme pastor ?... En plus d'y toréer, bien sûr ! Témoin cette touchante photo colorisée à sa mémoire en 2015.
Le dominio, la lenteur et la majesté de son toreo sont souvent grandioses : que l'on en juge par la perfection et la personnalité de cette naturelle, typique de son style ; ou bien sur ce somptueux derechazo." Jamais un torero n'était parvenu à pratiquer le toreo avec une telle perfection, avec grâce et sérénité, à la fois si allègre et si profond que cela tenait du miracle" écrit de lui José María de COSSÍO..." Le toreo miraculeux d'ORDÓÑEZ" commente José BERGAMÍN... "Le premier torero de l'histoire en qui les deux grandes trajectoires de l'art de toréer symbolisées par "JOSELITO" et BELMONTE se sont fondues en un seul toreo", selon A. ABAD OJUEL... Quant à lui, il dit simplement : "Je ne torée pas comme je pense mais comme je sens" ; et plus d'une fois il confiera à son entourage qu'en rentrant à son hôtel après une grande faena, il demeure insatisfait, pensant à tout ce qu'il aurait pu faire et qui n'a pas été...
Si l'on devine sur son visage d'homme mûr quelque chose d'une nostalgie, peut-être faut-il l'attribuer cette insatisfaction radicale du créateur jointe au "prix" de la création tauromachique : "Le plus tragique dans le toreo,exprime-t-il lui-même, c'est qu'on ne risque pas seulement d'y perdre sa vie, on se perd soi-même... Rien ne peut restituer le sentiment qu'un artiste exprime dans l'arène... Il ne reste plus rien de la plus merveilleuse faena." Belle parabole de la condition humaine... Il n'en demeure que plus attachant et reste le maître incontesté par son "toreo de verdad" (cf. ses 21 blessures sérieuses, dont quelques-unes très graves), intelligent, pur, classique : "l'empereur des toreros"...
On peut voir ici 3 portraits de lui : homme jeune conscient de son toreo et conquérant, torero mûr et rayonnant, puis déjà marqué par la maladie qui devait l'emporter mais toujours "impérial".
Il s'était habillé de lumières pour la première fois à HARO, dans la RIOJA, le 29 juin 1948. Il avait pris l'alternative le 28 juin 1951 à Madrid pour la corrida du Montepío de la Police : au cartel, Julio APARICIO, parrain, et Miguel BAEZ "LITRI", témoin ; toros des Herederos de GALACHE. Sa dernière saison complète avait été celle de 1971 (il s'était éloigné des ruedos en 1963 et 1964). De 1972 à 1980, sauf en 1978 et 1979, il n'apparaissait plus que pour "sa" corrida goyesque de RONDA, en septembre ; la dernière, en 1980, étant un mano a mano avec son gendre PAQUIRRI. Son essai de retour les 16 et 17 septembre 1981 se soldera par un échec. Sa meilleure temporada avait peut-être été celle de 1968 ; mais toutes avaient été parsemées d'immenses tardes...
Fils du grand et fragile matador "NIÑO DE LA PALMA", il était né à RONDA, patrie de Pedro ROMERO et berceau de la tauromachie. C'était le troisième de 6 enfants (Cayetano, matador en 1946 ; Juan, novillero ; lui, matador en 1951 ; José, matador en 1954 ; Ana, l'unique fille ; Alfonso, novillero puis grand subalterne). Marié en 1953 avec Carmina (Carmen) GONZÁLEZ LUCAS, soeur de Luis Miguel "DOMINGUÍN", il en a eu en 1955 une première fille, Carmen, la future épouse de "PAQUIRRI", puis une deuxième en 1956, Belén, la future épouse du matador Juan Carlos BECA BELMONTE. Le 29 août 1982, son épouse meurt de maladie. Il se remarie en 1983 avec Pilar LEZCANO DELGADO ; beaucoup sont frappés de la complicité profonde et discrète qui s'établit entre eux... Il est très unanimement reconnu comme un homme de coeur, de convictions, d'engagements et de foi : dans la vie comme dans le ruedo, un grand Monsieur !
Le voici qui se lance à son tour dans l'élevage du bravo en 1980. Il n'y connaît pas le même succès que dans la piste, à l'instar de nombreux toreros. Désespérant de rendre à ces murube - urquijo, qu'il a tant aimé toréer, leur lustre d'antan, il s'en défait au bout de quatre ans au profit de Pepe MURUBE et se tourne vers le lacorte - atanasio qu'il élève avec un soin scrupuleux, ou même un perfectionnisme, qui évoquent son éternelle recherche de perfection dans le toreo. A noter qu'il persiste tout de même dans l'urquijo par sa fille Belén, tandis que par Carmen ce sont aussi des atanasio. _Il meurt des suites d'un cancer du poumon le 19 décembre 1998 ; sa disparition soulève une immense émotion dans l'aficion et une certaine nostalgie chez les anciens...