FICHE ELEVEUR

Herederos de Luis GAMERO CÍVICO


naît : 1921
meurt : 1925


A la mort de leur père Luis GAMERO CÍVICO y BENJUMEA, en 1921, ses 4 enfants, Luis, Juana, Manuel et José GAMERO-CÍVICO y TORRES, héritent (leur mère est décédée en 1911). Ils restent en indivision, sous le nom de Herederos de Luis GAMERO CÍVICO, avec le même fer et bien sûr le même encaste gamero civico, jusqu'en 1925, date à laquelle ils se séparent et vendent chacun leur part. Ils gardent cependant pour eux une réserve de quelques têtes sous le nom de ganadería TORRE ABAD, dont ils sont les propriétaires sous l'appellation de Hermanos GAMERO-CÍVICO TORRES.

Mais pourquoi se sont-ils aussi vite défaits de leur prestigieux élevage ?
L'histoire, abracadabrantesque, mérite d'être contée... Quoique les statuts de l’UCTL interdisent formellement toute vente de bétail à l'extérieur de l'association, les Herederos de Luis GAMERO CÍVICO (y BENJUMEA), à savoir ses enfants, les Hermanos GAMERO-CÍVICO TORRES, vendirent à un éleveur mexicain quelques têtes de bétail destinées à renouveler sa ganadería outre-Atlantique.
C'est le fameux Juan BELMONTE qui joua le rôle d'intermédiaire entre l'acquéreur et les vendeurs : par amitié... à moins que ce ne soit pour toucher une commission ! Toujours est-il que le 25 avril 1925, 2 erales, 2 utreros et 12 vaches, issus de la ganadería des Herederos de Luis GAMERO CÍVICO, et vendus par Juan BELMONTE, quittèrent le port espagnol de Santander à destination du port mexicain de Tampico : les frères Francisco et José GARCÍA MADRAZO, propriétaires de l'’hacienda LA PUNTA dans l'état de Jalisco, souhaitaient améliorer leur ganadería...
Apprenant cette vente, l'UCTL convoqua une assemblée générale pour statuer sur pareille infraction à son règlement intérieur [l'Europe supprimera cette clause qui entrave la liberté des échanges économiques]. Les héritiers GAMERO CÍVICO récoltèrent une amende de 40.000 pesetas.
On s'occupa également de BELMONTE, qui était devenu membre de l’UCTL en 1924. Sa culpabilité fut nettement établie. On ne lui infligea pas d'amende, mais on eut recours à la sanction la plus forte : on le pria de donner immédiatement sa démission, et on le mit en demeure de vendre le bétail qu’il possédait. Une fois l'affaire liquidée, BELMONTE envoya officiellement sa démission, ce qui évitait à ses collègues de lui faire l'affront de le radier.
Quant aux héritiers de Luis GAMERO CÍVICO, ils ne voulurent point payer l’amende de 40.000 pesetas et préférèrent vendre leur élevage : on se trouvait alors forcément dans la deuxième partie de l'année 1925.
Les 4 parts de l'élevage des Herederos de Luis GAMERO CÍVICO furent achetées en 1925 respectivement par : Ernesto BLANCO ; son fils Manuel BLANCO ; Leopoldo LAMAMIÉ DE CLAIRAC ; et Juan DOMÍNGUEZ DELGADO. Mais ce dernier ne fut pas admis par l'UCTL, car l'enquête établit sa qualité de maquignon et non d'éleveur. Il céda tout de suite sa part aux SAMUEL hermanos d’Albacete. Il y eut bien quatre lots en tout.
Maïs l'affaire n'en resta pas là. Lorsque les différents acheteurs se présentèrent à Palma del Río pour prendre livraison du ganado, ils apprirent avec surprise que les hermanos GAMERO-CÍVICO y TORRES avaient fait disparaître quelques têtes du troupeau. Ils se rendirent à Séville et demandèrent à être reçus par des membres du Comité de l'UCTL (région Sud) afin de les mettre au courant de la situation. Ils entrèrent en pourparler avec Juan Bautista CONRADI FERNS, Narciso DARNAUDE et Félix MORENO ARDANUY, membres de la junta directiva. Les acheteurs expliquèrent que, pour éviter toute supercherie, ils avaient envoyé quelques hommes de confiance dans toutes les propriétés des GAMERO CÍVICO sous prétexte d'acquérir des cochons et des moutons. Ces espions avaient découvert dans une ferme reculée 80 vaches environ d'âges différents. Une quinzaine étaient vieilles, et les autres âgées de trois, quatre et cinq ans. Toutes portaient bien le fer de Parladé, dit-on... mais ne serait-ce pas plutôt le fer de Gamero Cívico ??? Il y a un flou.
Les acquéreurs se demandèrent pourquoi ce ganado était séparé des autres troupeaux formant l'élevage. Ils en eurent vite l'explication en compulsant les livres où sont consignées les origines de tous les mâles et femelles. Sur les 80 vaches, moins de 20 avaient été acceptées après la tienta, les autres étaient du desecho (rebut) et auraient dû filer sur l'abattoir le plus proche.
En vertu du contrat de vente, les acquéreurs devaient prendre tout le bétail marqué au fer de Parladé [du fer de Parladé ou bien de Gamero Cívico ? encore le mêm flou], en le payant 1.100 pesetas par tête, l'un dans l'autre : toros, becerros, vaches etc. Si les GAMERO CÍVICO faisaient paraître au dernier moment ces 60 vaches, les acheteurs étaient obligés de les prendre et de les payer au prix fort de 1.100 pesetas chacune... alors qu'étant de desecho, elles valaient à peine 300 pesetas, prix moyen d'une vache de ganadería vendue à la boucherie.
L’UCTL donna raison aux acquéreurs et imposa qu'ils prennent seulement 16 vaches approuvées sur les 80. Les autres furent laissées pour compte aux GAMERO CÍVICO. Les acquéreurs eurent donc, de ce lot faisant l'objet du litige, seulement les animaux ayant été reconnus aptes à la reproduction après la tienta.
On sait aussi qu’avant la vente, les GAMERO CÍVICO parvinrent à cacher un toro de race afin de le conserver. Certains prétendent qu'ils en gardèrent deux. En tous cas, ce chiffre est un maximum.
On a dit, mais ce n'est pas absoliment certain, que BELMONTE avait pris, avant la vente, six ou huit vaches de PARLADÉ et les avait amenées dans ses domaines...
De toute la ganaderia des GAMERO CÍVICO, quand les quatre acquéreurs eurent emmené le bétail, il restait donc en Andalousie : 60 ou 65 vaches de desecho refusées par les deux BLANCO et CLAIRAC pour leur mauvaise note de tienta comme expliqué ci-dessus... six ou huit vaches braves amenées clandestinement par BELMONTE chez lui... et 1 toro, peut-être 2, conservé par les GAMERO. Pourtant, certains n'ont pas craint d’écrire que le meilleur du sang parladé était resté dans le Sud de l'Espagne !... Le mentidero taurin et ses coups-fourrés ont décidément de profondes racines...
Tout cela est de notoriété publique. En effet, à l'assemblée générale de l'UCTL, qui eut lieu à Madrid en mai 1930 et à laquelle il représentait ses collègues du Sud, Félix MORENO ARDANUY, rendit compte des à-côtés de la vente de la ganadería de GAMERO CÍVICO et des entrevues entre les représentants de l'UCTL pour la région Mediodia (Midi) et les quatre acheteurs, lorsque ces représentants vinrent leur faire part de leurs observations. Heureusement et malheureusement à la fois, l'affaire fut stoppée par un conflit d'une autre nature : la Guerre Civile. Elle tomba dans l'oubli.