Le dessin du fer, un G majuscule, semble s'être dessiné de deux façons légèrement différentes, ce qui paraît alors une pratique assez fréquente. _
Francisco de Paula GALLARDO et ses fils, Francisco et Rafael prennent leur ancienneté en débutant à Madrid, dans les arènes de la plaza du Conde de Aranda (à l'extérieur de la Porte d'Alcalá), le lundi 14 mai 1792 : cette affiche en fait foi [le 8, disent certains à tort ; le 4 dit COSSÍO par erreur], avec devise blanche [à cette époque, elle est variable : on les verra aussi avec une devise rouge... verte... ou dorée et blanche]. Ces arènes de la Porte d'Alcalá ont fonctionné de 1749 à 1874. Humour de l'histoire, ce même jour et en ce même lieu, se présentent aussi à Madrid et prennent leur ancienneté les CHARTREUX de Jerez, qui sont leur source principale. 1792 étant l'année d'achat de l'élevage, les toros sont forcément marqués du fer du prédécesseur, Marcelino Bernaldo de Quirós ; mais le fer nominal est celui des GALLARDO et cette date marque l'ancienneté de leur fer.
Pourquoi cette rapidité de présentation à Madrid ? D'autant plus que le bétail andalou n'est pas très bien vu à la capitale, qui préfère ses durs toros castillans... C'est que Marcelino Bernaldo de Quirós avait rusé pour pouvoir présenter ses toros à Madrid (en 1790), en espérant mieux les vendre s'ils avaient du succès. Ce fut le cas. Les toros du curé avaient donné un bon jeu... ce qui s'était avéré efficace pour faire monter le prix de la vente !(cf. son fer. Sans exclure d'autres facteurs, on peut penser que cette renommée a facilité les choses aux successeurs.
Ce 14 mai 1792 est une course "de matinée et d'après-midi" : la 3e de l'année, au bénéfice des Reales Hopitales, à la Puerta de Alcalá. Dans son article préalable, le "Diario de Madrid" du 12 mai annonçait : "On a amené les meilleurs toros andalous pour répondre aux souhaits du public et lui apporter le maximum de plaisir". Il y a 18 toros, dont 16 vont être piqués :
* 4 de Miguel JIJÓN, de Villarrubia de los Ojos, avec devise rouge ;
* 3 des PP. CHARTREUX DE JEREZ de la Frontera, qui se présentent donc aussi à Madrid, avec devise verte ;
* 3 de Francisco GALLARDO y Hermanos, du Puerto de Santa María, avec la même devise blanche que leur prédécesseur, Marcelino BERNALDO DE QUIRÓS
Attention : Les Hermanos ne sont pas des frères de Francisco, mais ses 2 fils, Francisco et Rafael ; et le prénom complet du père est Francisco de Paula. A la mort du père, les 2 frères prennent la suite, puis Francisco seul : cet imbroglio de "Franciscos" GALLARDO a été, par la suite, source de grandes confusions, qui n'ont pas été simples à dénouer... si tant est qu'aucune erreur ne se soit glissée ! ;
* 3 de Alonso de PRADOS [inconnu de Toro-Genèse], de Arcos de la Frontera, avec devise bleu ;
* 3 de Fernando SEGURA [inconnu de Toro-Genèse], de Colmenar Viejo, avec devise violette -morada- ;
* et 2 de Francisco de Paula MARAÑÓN [inconnu de Toro-Genèse], de Alcázar de San Juan, avec devise vert pâle -escarolada-.
Les 6 toros du matin sont piqués par Manuel MUÑOZ "CAÑETE" et Alfonso GARCÍA "COLMILLO". Les 10 de l'après-midi par Pedro ORTEGA, Miguel PÉREZ, Bartolomé CARMONA et Juan LÓPEZ. Les 18 sont lidiés à pied par les frères rondeños [de Ronda] Pedro [le très grand torero], José et Antonio ROMERO. Quant aux 2 derniers, lidiés sans être piqués, ils sont estoqués par Vicente ESTRADA et Estebán PÉREZ. La corrida est bonne et le public semble s'être régalé... faisant ainsi grandir la côte des toros andalous dans la capitale, si bien que les toros de Francisco GALLARDO vont revenir plusieurs fois à Madrid cette même temporada.
L'élevage se présente à Sevilla au printemps 1795 ; chaque toro a été payé 1.500 reales. Ce prix, très élevé pour l'époque, donne une idée de la grande renommée acquise par la ganadería. Les picadors sont Laureano ORTEGA (de la Isla), Antonio PARRA (de Villanueva del Ariscal) et Juan LÓPEZ (de Guadajocillo) [les picadors voyagent, eux aussi !] ; et les matadors : "Pepe HILLO", Francisco GARCÉS et Bartolomé JIMÉNEZ, José JIMÉNEZ officiant comme media espada.
En 1808, au Puerto de Santa María, seront lidiés des toros sous le nom des seuls fils, Francisco et Rafael GALLARDO : ils viennent d'hériter de leur père, Francisco de Paula, mort cette même année. Cette fois, les toros portent une devise rouge -encarnada-. C'est encore une corrida "de mañana y tarde" ; il y a 14 toros.
À partir de 1814, pour des raisons inconnues, la ganadería lidie sous le seul nom de Francisco, ce qui lui vaudra de prendre, le 22 juillet 1816, une nouvelle ancienneté à Madrid sous ce nouveau nom ; la devise est dorée et blanche. Il s'agit de l'ancienneté, relative, du nom de l'élevage et non de l'ancienneté du fer, qui est toujours le même. En pratique, il est plus simple de dire, dans ce cas, que l'élevage se "présente" à Madrid, et de réserver l'appellation "ancienneté" pour les fers.
La señal n'est pas connue.