FICHE ENCASTE

urquijo

Constitution de l'encaste : 1917-07-15



L'urquijo est un toro vistahermosa de grande qualité : comme le murube, dont il est la suite directe et pure lorsque, le 15 juillet 1917, Carmen de FEDERICO reprend sous son nom les murube de Tomasa ESCRIBANO, viuda de Joaquín MURUBE, que son mari Juan Manuel de URQUIJO y USSÍA (1879-1956 ; de Bilbao) vient d'acquérir. Le toro placé en en-tête est un urquijo de Carmen de FEDERICO couru à Pamplona en 1935.

° Un croisement non consommé : : Dans les années cinquante, Antonio URQUIJO achète un lot de vaches à Juan GUARDIOLA SOTO : du gamero cívico pour rafraîchir le sang puisque GAMERO CÍVICO provient directement de MURUBE par IBARRA et PARLADÉ. Finalement, tout ce qui provient de cette lignée sera vendu à JARDÓN, directeur des arènes de Madrid, qui formera la ganaderia EL PIZARRAL. La décision de se défaire de tout ce qui se rapporte aux GUARDIOLA SOTO semble motivée, en grande partie, par les réticences de certains toreros. En fait, à partir d’une corrida lidiée à Valencia, les matadors commencent à dédaigner les taureaux de ce croisement, et à élucubrer sur le fait que les purs urquijo, sont plus petits, alors que les guardiola soto sont beaucoup plus grands et volumineux. Antonio URQUIJO coupe court et vend ce bétail qui, malgré tout, ne représente qu’un faible pourcentage de la ganaderia et qui n'est resté à "JUAN GÓMEZ" que quatre ans.
Caractéristiques de l'urquijo: (outre les traits du murube)
° Morphologie : Pur murube, le toro d’urquijo est volumineux, osseux, avec du ‘coffre’ et du poids. Mais il n’est pas haut, et c’est un critère important pour Antonio URQUIJO qui, dès le temps de sa mère Carmen de FEDERICO, est le vrai dirigeant des urquijos. Il fait lidier les plus hauts sous la forme d’utreros adelantados -toros de 3 ans ‘poussés’ au pienso : le guarismo n’existe pas encore ! et les élevages décimés par la guerre civile peinent à fournir des toros de 4 ans- pour qu’ils n’atteignent pas une taille et un poids disproportionnés… mais il les envoie en France plutôt qu’en Espagne ! Par contre, il garde jusqu’à 4 ans ceux qu’il considère comme le dessus du panier.

° Comportement : Le toro d’Antonio URQUIJO est très brave, mais d’une bravoure ni indomptable ni brusque. Sa charge a un rythme (tranco) particulier : un galop "lisse", toujours à la même vitesse, qui permet de toréer lentement… et, en un sens, y oblige. Cette caractéristique sera précieusement maintenue chez certains élevages issus des urquijo, tels BOHÓRQUEZ, l’actuel MURUBE et Pedro GUTIÉRREZ MOYA, "NIÑO DE LA CAPEA" sous les noms de Carmen LORENZO (son épouse), Pedro y Verónica GUTIÉRREZ LORENZO (ses enfants), GUTIÉRREZ LORENZO (le couple), SAN MATEO, SAN PELAYO, et aujourd’hui EL CAPEA.
Pour Eduardo CID, de la grande famille des hommes de confiance d’Antonio URQUIJO, "Antonio ORDÓÑEZ est le torero qui a le mieux compris le toro urquijo. Par son impeccable placement, il ne le harcelait pas, il lui laissait le temps, s’en détachait un peu, le berçait et lui présentait doucement la muleta à nouveau. Il avait cette grandeur qu’il faut avoir pour le combattre très lentement. ORDÓÑEZ m’a dit une fois que le meilleur toro qu’il avait vu charger et le mieux toréer par Manolo GONZÁLEZ avait été un urquijo, à Algésiras. Après une admirable faena et une excellente estocade, Manolo lui donnera 4 naturelles, l’épée toujours en place ; alors, sur un dernier pecho, l’animal lui tombera dessus, raide mort."
Luis Miguel "DOMINGUÍN", Curro "ROMERO", Rafael de PAULA ont aussi une prédilection pour ce toro. Antonio "BIENVENIDA" le torée fort bien. En 1966, à Séville, Curro "ROMERO" coupe 8 oreilles à 6 urquijos... Toutefois, contrairement à ce que croient certains aficionados, cet encaste n’est pas fade. Domingo ORTEGA, pourtant grand lidiador, avouera un jour au père d’Eduardo CID : "Je vais mourir avec une peine au cœur, celle de ne pas pouvoir ressusciter ce toro de Valencia qui était tellement brave que c’est lui qui m’a lidié et non pas moi. À la fin, j’ai dû l’occire d’un mauvais coup de sabre dans les côtes pour me libérer."

° Pelages fondamentaux : s'il restait encore dans le murube quelques castaño, tostado et colorado, il n'y a plus maintenant dans l'urquijo que du negro : par élimination.
Antonio URQUIJO ne garde que les toros noirs : ce sont ceux qu’il aime -le public finira par s’en lasser, si bien qu’aujourd’hui il apprécie la variété des pelages-. C’est qu’au départ, il y a chez URQUIJO (= Carmen de FEDERICO, esposa URQUIJO), outre des negro, dominants, des colorado et des castaño, avec nombre de particularités de pelage : entrepelado, bragado, meano, C'est dire que le murube source était ainsi...
Quant à la couleur des pelages, il y avait parfois ce qu’on appelle des retours en arrière : ces toros-là aussi étaient combattus en France… Quand on tientait une vache non noire, ou issue d’une mère non noire, il ne la rejetait pas immédiatement, mais il exigeait d’elle des performances extrêmes. C’est ainsi qu’une vache noire issue d’une mère castaño a pris pas moins de 23 piques !
° Particularités de pelage : les mêmes que dans le murube, à savoir aucun axiblanco ni rabicano ; quelques bragado, meano, chorreado, coletero et listón [mais plus du tout des rarissimes girón].
° Les cornes des urquijo ont tendance à être resserrées, corni apretadas (probablement un choix sélectif, car les cornes sont le caractère le plus facile à modifier par la sélection, d’après les statistiques et l’expérience de Juan Pedro DOMECQ SOLÍS). Mais il y a toujours eu aussi des toros aux cornes longues et harmonieusement relevées, qui imposaient le respect. Quant à leur couleur, on trouve un métissage de noir et de blanc. Cela tient aux deux lignées vistahermosa dont le murube est issu : celle de Manuel SUÁREZ JIMÉNEZ, aux cornes banches, et celle d’ARIAS de SAAVEDRA, aux cornes noires.

Antonio et Carlos URQUIJO de FEDERICO, les fils de Carmen LORENZO, la fondatrice, accroissent encore la qualité et le prestige de ces toros ; mais dans les années 70, avec Carlos URQUIJO resté seul depuis 1962 en raison de la mort d'Antonio, l'encaste descend... Ensuite, Antonio ORDÓÑEZ et son successeur José MURUBE ESCOBAR ne parviennent qu'en partie à les remonter. Les années 50 et 60 sont l'âge d'or des urquijos.
° Dans la branche dérivée de Luis VALLEJO ALBA et BOHÓRQUEZ, on saura maintenir dans un bon ton cet excellent encaste. Toutefois, BOHÓRQUEZ lui donnera quelques caractéristiques propres [mais lesquelles au juste ?...] sans sortir des canons du murube. Ses murube - urquijo sont negro bien sûr ; très rarement tostado et castaño (preuve qu'il en restait encore dans les urquijo qu'il avait achetés... ou que ces pelages sont ressortis, ce qui est le plus ptobable) ; jamais le moindre colorado, signe que ce pelage-ci est maintenant éradiqué dans cet encaste.
° Depuis le courant des années 70 les murube - urquijo sortent donc fades, justes de trapío et de tête ; mais on observe un mieux depuis les alentours de 1995. Cf. chez "NIÑO de la CAPEA", où le mieux est plus notable ; cf. encore chez BOHÓRQUEZ. La bataille n'est pas gagnée, mais en 2.000,si à Sevilla pour la "Feria de abril" les toros de CAPEA ont été fort décevants, à Pamplona le meilleur toro de la " San Fermin" a été "Narciso" de CAPEA, avec lequel le modeste matador Francisco MARCO a obtenu un grand succès. Espoir...