FICHE ELEVEUR

José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, \"VALLADARES y RINCÓN\"


naît : 1842
meurt : 1906


Les dates indiquées correspondent à la naissance et au décès de José María ORDÓÑEZ y RINCÓN.
N.B._ Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les familles ganaderas VALLADARES, ORDÓÑEZ et RINCÓN sont apparentées. Les deux bouts de la chaîne sont clairs : au début, Manuel VALLADARES y ORDÓÑEZ ; à la fin, Manuel RINCÓN y RINCÓN. L'entre deux est assez confus. C'est, d'une part, que plusieurs personnes de l'un ou l'autre nom s'occupent parfois du même élevage, plus ou moins en même temps... ou successivement ; et, d'autre part, qu'il arrive à ce même élevage, dirigé par les mêmes personnes, d'être annoncé successivement sous plusieurs noms : (José María) ORDÓÑEZ y RINCÓN, Antonio ORDÓÑEZ LORENZO (fils du précédent et beau-frère de Manuel RINCÓN, avec lequel il dirige la ganadería), Carmen ORDÓÑEZ LORENZO. Pourtant, ce chainon intermédiaire semble bien être toujours le même. Aussi, faute d'informations plus précises -peut-être perdues à tout jamais- on regroupe ici ce chainon sous le seul nom de "VALLADARES RINCÓN", mais en y ajoutant le nom de celui qui semble être la cheville ouvrière de l'ensemble, ce qui donne : José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, "VALLADARES y RINCÓN". On trouve confirmation de cette perspective dans le fait que, dans ses livres, Manuel RINCÓN, neveu et gendre de José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, appellera toujours "Valladares" son bétail issu de cet élevage par héritage.
Les VALLADARES y RINCÓN sont (?) les enfants et héritiers de Manuel VALLADARES ORDÓÑEZ, dont l'épouse s'appellerait RINCÓN. En 1893, ils héritent du fer et du bétail de leur père. Mais lors de la liquidation de l'héritage, très certainement afin que le troupeau reste dans la famille, José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, un apparenté aux héritiers, l'achète aux enchères à Aracena ; il crée son propre fer. Pour quelle raison les choses se passent-elles ainsi ? On l'ignore largement. Toutefois, quelques bribes sont parvenues jusqu'à nous. Paz LORENZO SERRANO, épouse de José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, avocat de profession et sénateur de Badajoz (quelles années ?), est de Zalamea La Real, où sa famille est un riche propriétaire terrien qui, peu ou prou, fait vivre tout son pueblo. Dans l'héritage de cette Paz, il y avait probablement du bétail brave, et c'est ce qui pourrait avoir motivé son époux José María ORDÓÑEZ y RINCÓN à réorganiser le troupeau en achetant du bravo à divers parents comme Manuel VALLADARES (ou héritiers) et CARVAJAL (famille où l'on appellera tía une fille de Manuel RINCÓN et Carmen ORDÓÑEZ LORENZO).
José María ORDÓÑEZ y RINCÓN et son beau-père, José LORENZO SERRANO, ont été les protagonistes d'un conflit considéré comme la première revendication écologiste d'Espagne. Depuis presque 5°000 ans, on exploite le cuivre et le fer dans les mines du Riotinto, qui comptent parmi les plus vieilles du monde. Pour fondre le minerai, on utilise un procédé ancestral de calcination à l'air libre, qui libère d'assez grosses quantités de fumées toxiques, riches en dioxyde de souffre. En 1873, un consortium britannique avait acheté les mines à l'état et s'était lancé dans une production industrielle qui engendrait une pollution de plus en plus importante : pluies acides, intoxications chez des Hommes et du bétail, pollution de l'eau. Le phénomène se croisait avec un autre, social : l'augmentation de la population, causée par la présence de travail, entrainait l'émancipation de divers hameaux, si bien que les terratenientes voyaient les campesinos, dont ils avaient été les uniques employeurs, échapper à leur emprise et rejoindre le prolétariat ouvrier des mines. En 1888, les dommages provoquent la création d'une "Ligue antifumées". Avec probablement autant de sincérité (les plus gros propriétaires sont évidemment les plus touchés !) que d'habileté, José María ORDÓÑEZ y RINCÓN -qui n'a alors que 32 ans mais est soutenu par son beau-père, José LORENZO SERRANO qui en a 71- prend la présidence de la Ligue. En s'alliant avec un anarcho-syndicaliste expulsé de Cuba pour menées subversives –alliance bien atypique ! les salaires de misère de la mine sont aussi du nombre des revendications-, ils organisent la première manifestation écologiste contre le consortium. Le 4 février 1888, manifestation monstre de 12.000 ouvriers, agriculteurs, femmes et enfants, conduits par José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, son beau-père et le syndicaliste Maximiliano TORNET, tous 3 à cheval… Elle se solde par 3 décharges de coups de feu, suivies d’une charge à la baïonnette : 13 morts officiels (la presse parle de 48) et une centaine de blessés. Quelques milliers de disparus, morts ou licenciés, disent certains auteurs. La répression est si terrible que les ouvriers ne manifesteront plus pendant 12 ans. Les grands propriétaires prennent leur mal en patience : la ligne de chemin de fer construite pour la mine les sert, tant pour le transport du bétail que pour celui des récoltes.
On notera que le célébrissime Manuel RINCÓN y RINCÓN, neveu et gendre de José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, sera assez rapidement mélé de très près à la gestion de la ganadería (avec son beau-frère Antonio ORDÓÑEZ LORENZO, fils de José María ORDÓÑEZ RINCÓN). Il "restera seul propriétaire" d'une moitié en 1906, et de tout en 1908.
Les ganaderos introduisent, de façon assez cohérente mais sans que les quantités soient connues :
° Un complément de bétail vázquez - benjumea, acquis à Diego y Pablo BENJUMEA, les fils de José María BENJUMEA.
° Un équivalent du pablorromero) des origines (où se mêlent gallardo, cabrera, vázquez, plus un peu de jijón, de navarro, et de vistahermosa : excusez du peu !) acheté à Juan José GONZÁLEZ NANDÍN.
° Du ibarra (vistahermosa) de José CARVAJAL.
° Plus, semble-t-il, du cabrera ; venant de chez chez qui ?
Et tout cela élevé et sélectionné de quelle manière ? Il est regrettable qu'on ne le sache pas. L'amalgame gardant, semble-t-il, une forte dominante vazqueña, et la caste vázquez étant elle-même un amalgame des grandes castes andalouses, on fait ici le choix de l'assimiler à du vázqueño.
Comme souvent à cette époque encore, l'ensemble est probablement très mélangé et assez hétérogène, des étalons étant plus ou moins laissés ensemble sur les vaches. Les résultats sont certainement assez irréguliers, mais la ganadería doit aussi sortir de grands toros. C'est bien ce que confirmeront les choix de Manuel RINCÓN : devenu propriétaire d'une moitié en 1906 et de tout l'ensemble en 1908, il ne supprimera pas tout ce bétail au profit de bêtes choisies de Fernando PARLADÉ -contrairement à la thèse reçue, mais non vérifiée, qui court toute la littérature taurine-. Et avec quel succès !
José María ORDÓÑEZ RINCÓN meurt en 1906, à 54 ans. Ses biens reviennent à sa veuve, Paz LORENZO SERRANO, qui lidie en précisant antes de Valladares [c'est le nom du créateur qui fait autorité], avant que sa fille, Carmen ORDÓÑEZ LORENZO, et son fils Antonio ne recueillent chacun la moitié de la ganadería, qui reste gérée par Manuel RINCÓN et son beau-frère, Antonio ORDÓÑEZ LORENZO ; avant que Manuel ne rachète la part d'Antonio (1908). Comme on manque de précisions, comme Manuel RINCÓN est la cheville ouvrière de la ganadería depuis déjà de nombreuses années et qu'il le reste, on fait ici comme si ce dernier devenait immédiatement l'unique successeur de José María ORDÓÑEZ RINCÓN dès 1906.