FICHE ELEVEUR

Manuel RINCÓN y RINCÓN


naît : 1840/1870
meurt : 1937


(voir PLAN 00.06)
N.B._ Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les familles ganaderas VALLADARES, ORDÓÑEZ et RINCÓN sont apparentées. Les deux bouts de la chaîne sont clairs : au début, Manuel VALLADARES y ORDÓÑEZ ; à la fin, Manuel RINCÓN y RINCÓN. L'entre deux est assez confus. C'est, d'une part, que plusieurs personnes de l'un ou l'autre nom s'occupent parfois du même élevage, plus ou moins en même temps... ou successivement ; et, d'autre part, qu'il arrive à ce même élevage, dirigé par les mêmes personnes, d'être annoncé successivement sous plusieurs noms : (José María) ORDÓÑEZ y RINCÓN, Antonio ORDÓÑEZ LORENZO (fils du précédent et beau-frère de Manuel RINCÓN), Carmen ORDÓÑEZ LORENZO. Pourtant, ce chainon intermédiaire semble bien être toujours le même. La raison de ce flou est d'ordre familial. Carmen ORDÓÑEZ LORENZO, épouse de Manuel RINCÓN, est morte en 1917, à 32 ans, d'une occlusion intestinale. Son frère Antonio, accouru à cheval, est arrivé trop tard ; ensuite, il n'a jamais plus parlé du passé. En outre, les ORDÓÑEZ étaient du genre "taiseux". Tant et si bien que la mémoire familiale est devenue lacunaire. Un chainon intermédiaire avait disparu.
Aussi, faute d'informations plus précises -peut-être perdues à tout jamais- on regroupe ici ce chainon sous le seul nom de "VALLADARES RINCÓN";, mais en y ajoutant le nom de celui qui semble être la cheville ouvrière de l'ensemble : José María ORDÓÑEZ y RINCÓN. On notera que Manuel RINCÓN intervient déjà dans ce chainon intermédiaire ; et que, dans ses livres
ganaderos -magnifiquement retrouvés par André VIARD et présentés par lui dans le n°43 de Terres Taurines (février 2013)- il nomme toujours comme "Valladares" les bêtes qui lui viennent de cet héritage familial par José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, son oncle maternel... dont il a épousé la fille, sa cousine.

Manuel RINCÓN est originaire de Zufre (Huelva, Andalousie) et agriculteur dans la bourgade de HIGUERA DE LA SIERRA (sierra de ARACENA, au nord de HUELVA). Mais sa famille occupe une position sociale éminente. Sa puissance est basée sur un chapelet de fincas qui s'étend sur des milliers d'hectares. Entre Santa Olalla et Zalamea la Real, celles de "EL ENCINAR" près de Zufre, et de "LOS LOZANOS" à Higuera, sont dédiées aux toros. Mais il y a encore, en bordure de la marisma, "LAS CIGÜEÑAS" (simplement louée, pour pouvoir faire plaisir aux Infantes), près de Villamanrique, où paissent une partie des bêtes afin de pouvoir organiser ces faenas d'acoso y derribo dont les Infantes raffolent. La famille RINCÓN (et celle de son épouse ?) entretient en effet des relations étroites avec les ORLÉANS, c'est-à-dire la mère du roi, ses soeurs et les infants, don Carlos et doña Luisa. D'ailleurs, les MIURA ne manquent aucun tentadero. RINCÓN en fait un événement, et consigne soigneusement dans ses livres ce que l'on y mange... et ce qu'il en a coûté !
Manuel RINCÓN pourrait passer pour être l'un des héritiers de Manuel VALLADARES ORDÓÑEZ, en 1893, puisqu'il fait partie (depuis le début ?) des gestionnaires de l'élevage dont héritent les enfants (?) de Manuel VALLADARES ORDÓÑEZ : les "VALLADARES RINCÓN" (?). Mais il n'est pas fils de Manuel car il s'appellerait alors VALLADARES y RINCÓN (ou VALLADARES y AUTRE-NOM, en cas de secondes noces), et non RINCÓN y RINCÓN (à moins que "VALLADARES RINCÓN" soit la simple juxtaposition du nom de 2 familles marquantes dans cet élevage ?!...). Quoi qu'il en soit, il s'avère que Manuel RINCÓN est un neveu et gendre de son oncle maternel et beau-père : José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, dont il a épousé la fille, sa cousine : Carmen ORDÓÑEZ LORENZO. Or ce beau-père est propriétaire et, très peu de temps, gestionnaires de l'élevage José María ORDÓÑEZ y RINCÓN"VALLADARES y RINCÓN" : lors de la liquidation de l'héritage de Manuel VALLADARES ORDÓÑEZ, très certainement afin que le troupeau reste dans la famille, José María ORDÓÑEZ y RINCÓN, apparenté aux héritiers, achète tout le bétail aux enchères. Ensuite, il a largement confié la gestion de la ganadería aux 2 beaux-frères -son fils (et frère de Carmen) : Antonio ORDÓÑEZ LORENZO ainsi que son gendre Manuel RINCÓN. C'est par son épouse que Manuel RINCÓN héritera d'une moitié de l'élevage de son beau-père, décédé en 1906 ; avant que son beau-frère ne lui cède sa part et qu'il ne se retrouve seul propriétaire de l'élevage, en 1908. Comme il dirigeait déjà la ganadería, et qu'il s'agit d'une distinction purement juridique et passagère, on schématise ici en faisant commencer l'élevage de Manuel RINCÓN en 1906 (1908) ; tout en sachant qu'il n'est seul maître à bord qu'en 1908. Ses dates de naisssance et de mort ne sont guère mentionnées... D'aaprès sa famille actuelle, c'est au contact de son beau-père José María ORDÓÑEZ y RINCÓN que Manuel RINCÓN serait devenu aficionado.
En 1908, Manuel RINCÓN se retrouve donc, par rachat de la part de son beau-frère, seul propriétaire de cet élevage ayant pour base la prestigieuse branche benjumea, de caste vázquez, mais passablement croisé avec d'autres provenances : ibarra et cabrera X raso del portillo... ce qui, en pratique, ne le fait guère sortir de l'ensemble vazqueño [voir encaste valladares rincón]. Il passe alors l'élevage sous son nom, et crée son propre fer.

La thèse "officielle"
En 1908, Manuel RINCÓN liquide à l'abattoir tout le bétail antérieur, assez hétéroclite, qui ne le satisfait pas. Il le remplace par des "bêtes choisies" de Fernando PARLADÉ, et vole de succès en succès. Ses parladé deviennent les rincón. Cette thèse officielle, indéfiniment reprise par tous les commentateurs, se trouve complètement remise en cause par les recherches d'Andrén VIARD, qui est allé aux sources et a mis les faits réels à la portée de tous dans son passionnant n°43 de Terres Taurines (février 2013). Voir pour cela la fiche de l'élevage

Le ganadero vend une 30aine de toros par an, il est en train de devenir le favori de l'aficion... lorsqu'on apprend, en 1925, qu'il a vendu [pourquoi ?] au très jeune Antonio URQUIJO DE FEDERICO, dont la mère n'est d'ailleurs en possession de ses murube - urquijo que depuis 7 ans. Après cette vente, il vivra à Séville jusqu'en 1937 (qui semble être la date de sa mort).