FICHE ELEVAGE

TESTAMENTARÍA DE VICENTE JOSÉ VÁZQUEZ

Plan : 01.01



Le 10/11 (25 ?) février 1830, Vicente José VÁZQUEZ, créateur de la caste vázquez, décède sans héritier. Ses exécuteurs testamentaires -regroupés en TESTAMENTARÍA et qui appelleront désormais l'élevage TESTAMENTARÍA DE VICENTE JOSÉ VÁZQUEZ-, vont être chargés de liquider la ganadería VÁZQUEZ : cette prestigieuse caste vazqueña, qui a demandé tant d'efforts, de moyens et de génie, va-t-elle être dispersée et, par là, anéantie ?...
Dès 1930, après le renoncement des exécuteurs testamentaires désignés par Vicente José lui-même, le Capitaine Général d’Andalousie, Vicente Genaro (Janvier) de QUESADA (1782-1836), est nommé liquidateur judiciaire : la TESTAMENTARÍA effective, ce sera donc lui. Il met le troupeau en vente, soit au complet, soit par lots… au risque de voir se diluer et disparaître en un jour ce dont la création a tant coûté.

Quel troupeau Vicente José VÁZQUEZ laisse-t-il à sa mort ?
D’après des archives madrilènes, Vicente José VÁZQUEZ laisserait 3.923 têtes, représentant une valeur de 2 millions de réaux... Près de 5.000 animaux, dont 1.000 vaches braves et 300 toros braves disent aussi des sources assez fiables (comptent-elles les chevaux et les ânes?)... Le plus sûr semble être de se fier à l'inventaire réalisé un mois après la mort de Vicente José VÁZQUEZ par QUESADA. Il fait apparaître :
° (361 boeufs, 41 cabestros, 218 novillos castrés),
° 249 toros de plus de 3 ans, 285 utreros, 548 erales, 645 añojos, 1.124 vaches de plus de 3 ans, 383 utreras, 296 eralas, 706 añojas :
--> soit 4.236 têtes [sans compter les boeufs, les cabestros et les novillos castrés = 620 têtes : ce qui ferait alors 4.856 têtes en tout].

La "course à l'échalotte" ?
Il faudra quelque 20 ans pour liquider la totalité de la succession ; mais les toros, eux, ne peuvent pas attendre. La TESTAMENTARÍA (la "succession") doit répartir le bétail ; d'autant plus qu'il faut dégager de l'argent liquide pour payer les loyers (300.000 reales, dit-on !), dus par Vicente José VÁZQUEZ, pour des pâturages appartenant au Patrimoine de la Couronne.
Pour cet élevage des plus prestigieux, il y a évidemment beaucoup d’acquéreurs potentiels. Tel un certain Pedro de Alcántara ÁLVAREZ de TOLEDO y SALM-SALM (1768-1841), XIIIe duc del INFANTADO, qui envisage d'acheter la ganadería... Tel Pedro COLÓN de LARREÁTEGUI y RAMÍREZ de BAQUEDANO, XIIIe Duc de VERAGUA (connu aussi comme Pedro COLÓN de TOLEDO y RAMÍREZ de BAQUEDANO) : il y a si longtemps que ces toros l’ont séduit… D'autres, sans doute, s'intéressent à la vente... La bataille promet d'être rude !
Et voici que le Capitaine General QUESADA, responsable de la liquidation des biens, reçoit de la Cour l’ordre de retarder indéfiniment la vente de la ganadería, en attendant que le roi FERNANDO VII ait décidé d’en acquérir ou non une partie. Les autres intéressés ne peuvent que ronger leur frein, et espérer qu’il leur en restera après que le roi se soit servi. Si toutefois il se porte acquéreur…

La "course à l'échalotte" évitée de peu...
Heureusement pour l'aficion, le Roi FERNANDO VII ( roi d'Espagne entre mars et mai 1808, puis de 1814 à 1833) décide d’acquérir la prestigieuse ganadería dont il s’est entiché… réglant en même temps le contentieux financier : la cession a l’avantage d’éteindre l’importante dette de Vicente José VÀZQUEZ comme locataire de diverses fincas royales. Le souverain installera la ganadería du côté d'Aranjuez, dans les bosquets de la CASA DEL LABRADOR, sur les méandres du Tage.
C’est la reine María Cristina de BORBÓN, qui n’est pas ravie ! Son plaisir consiste à remonter le Tage en des embarcations dignes de l’extravagant et follement romantique futur roi de Bavière, LOUIS II (1845-1886). Se retrouver nez à nez, ou plutôt nez à corne, avec ce bétail n’enchante guère la dame. Elle s’empressera de revendre l’élevage après la mort de son époux...

La décision royale
Le roi, donc, envoie rapidement à Utrera le ganadero madrilène Fernando CRIADO FREIRE, éleveur de toros bravos jijón (il est le neveu du ganadero andalou Fernando FREIRE, lequel a du vistahermosa), nommé pour la circonstance Commissaire royal. Il a mission de représenter le roi en vue d’acquérir la majorité du bétail, en le choisissant soigneusement par la tienta.
La proposition du roi arrive avant que quiconque ait pu soustraire le meilleur de la vacada ou la diviser. Elle est évidemment acceptée et prise en compte par le capitaine général Vicente Genaro QUESADA, juge spécial de la succession. Les ducs doivent s'effacer. C’est ainsi que, dès 1830, la Maison Royale va acquérir sinon la plus grande partie de la ganadería de Vicente José VÁZQUEZ, du moins la meilleure.
Sa valeur estimée sera de l'ordre de 300.000 réaux ; soit une moyenne de 430 réaux par tête pour un total, très probable (voir ci-dessous), de 700 têtes.

Acquérir l'excellence
Le roi veut donc le meilleur, sélectioné par la tienta : étant donné les négligences entraînées par le vieillissement de Vicente José VÁZQUEZ, elle s’impose absolument. Cette tienta est organisée dans le cerrado sévillan de la dehesa de "CASALUENGA", pôle central des activités ganaderas de V. J. VÁZQUEZ. Pour tester la bravoure du bétail, elle est effectuée a campo abierto por acoso y derribo. Fidèle à sa mission, Fernando CRIADO FREIRE sollicite l’aide des célèbres varilargueros - picadors- Sebastián MÍGUEZ (qui est aussi un grand conocedor) et Francisco SEVILLA "EL TRONI" : il s'agit de bien choisir les animaux les plus braves.

La part du roi
Sont ainsi attribués au roi :
°°° 500 vaches " de ventre", la plupart suitées (= avec leur veau),
° 100 becerras (2 ans accomplis),
° 34 toros de 4 ans, déjà tientés comme erales et dont la qualité du poil comme du trapío semble insurpassable (ils le confirmeront dans l'arène par la qualité de leur combat) ;
° plus, évidemment, les droits au fer (mais il va créer le sien -ou reprendre celui de la première REAL VACADA ?- On optera ici pour une création) et la devise.
--> plus de 700 têtes ; et près d’un millier, si l’on compte 300 veaux.

Les archives de la TESTAMENTARÍA, quant à elles, ne font état que de 440 têtes, (vaches + utreros). Mais ces archives sont-elles complètes ?...

°°° Cependant, d’autres sources bien informées parlent de :
° 400 vaches ; plus 100 autres suitées (par leur veau) qui ne sont pas tientées puisqu’elles l’ont été alors qu’elles étaient becerras (entre 2 et 3 ans), formant un troupeau des 500 vaches (sur 1.000) ;
° plus 100 erales -entre 2 et 3 ans- (que des mâles ? non : mâles et femelles, cf. ci-dessous) non tientés ;
° plus que 34 toros de 4 ans déjà tientés alors qu’ils étaient erales et qui, par leur poil et leur trapío, paraissent les meilleurs possibles.
--> Soit 734 têtes.

°°° Mais qu’il est délicat de trouver des sources sûres ! Des archives madrilènes d’époque indiquent que le 23 juin 1823, FREIRE fait savoir au roi : "qu’en premier lieu [Erreur de date ?... Ou bien le roi aurait-il eu des vues depuis longtemps, et il s'agirait alors d'un premier sondage ?...], il a retenu:
° 106 vaches suitées avec autant de veaux,
° 293 vaches,
° 130 mâles et femelles à marquer [du fer : donc des añojos],
° 38 becerros/utreros destinés à la reproduction,
et 27 cabestros pouvant conduire 2 troupeaux.
--> Soit : 700 têtes.
C’est la source qui semblerait la plus solide, mais elle est d'une interprétation douteuse. Cependant les écarts ne sont quand même pas énormes…

°°° Mais voici qu'une autre source encore parle de :
° 400 vaches retenues... sur 1.500 tientées ! dont 294 seules et 100 suitées ;
° 130 femelles et mâles de 2 ans,
° 38 utreros (3 ans accomplis)
° et 27 cabestros.
--> 689 têtes. Soit quelque 700 têtes, en comptant les veaux : toujours la fine fleur de la ganadería de VÁZQUEZ.

Le total d'environ 700 têtes (sur plus de 4.000 !) paraît ainsi bien attesté. Considérons donc que ce sont 700 têtes qui vont quitter la finca andalouse de "CASALUENGA" pour former la REAL VACADA, dans les fincas de "DEHESA NUEVA DEL REY" à Aranjuez, et les monts du Pardo… Pour le bonheur de la reine !

La brève activité et la liquidation complète de la TESTAMENTARÍA
Le capitaine général QUESADA continue quelque temps à la tête de ce qui lui reste de la TESTAMENTARÍA : peut-être pas la fine fleur, mais quelque 3.500 têtes tout de même !
Désormais basé à Madrid, il y fait courir les vazqueños le 5 septembre 1831, sous l’appellation de "TESTAMENTARÍA DE VICENTE JOSÉ VÁZQUEZ", avec une devise violet et blanc ; puis plusieurs fois en 1832. Sous la même appellation, il fait courir aussi quelques toros à Aranjuez ; des affiches déposées dans des archives madrilènes en témoignent.

Mais QUESADA ne tarde pas à en finir avec ganadería qui, en 1832 semble-t-il, se trouve finalement répartie en 4 parts principales :
°° Ajoutons-y, en 1830, l’acquisition d’Antonio MERA, de Vejer de la Frontera (Cádiz). Il avait créé sa ganadería en 1813 (1818 ?) avec presque tout le bétail du Marqués de CASA ULLOA (ganadería dispersée en 1819 par ses héritiers). Il a déjà acheté quelques têtes (vaches et sementals) à V. J. VÁZQUEZ en 1824 et en 1826. En 1930, il achète un lot à la TESTAMENTARÍA DE VICENTE JOSÉ VÁZQUEZ : un lot de quelle importance ?....

°° Une première part est acquise par le Sévillan Francisco TAVIEL DE ANDRADE en 1832. Il aura bien plus tard, en 1902, (à moins qu'il n'en ait acquis auparavant chez BARBERO...) des vistahermosa [via BARBERO DE UTRERA (1823) - ARIAS DE SAAVEDRA (1834) - NÚÑEZ DE PRADO (1865/1868) - José ADALID (1890-1902)]. Il ne semble pas qu'il ait alors gardé dans son vistahermosa le moindre sang vazqueño...
Mais on a trace de toros de TAVIEL lidiés en juillet 1837 et annoncés comme d'origine VÁZQUEZ. Les chroniqueurs taurins et les auteurs n'ont pas une excellente opinion de ce ganadero ; ils l'accusent d'être davantage intéressé par le flamenco, le cante et la noche andaluza que par son ganado bravo. Il n'en lidie pas moins nombre de bons toros et même de fameux. Cette branche débouchera dans la ganadería CONCHA Y SIERRA en 1871/73.

°° Une deuxième part, qui constitue un lot important de quelque 500 têtes, va à José María BENJUMEA, de Sevilla ; cette caste vazqueña restera aux mains de sa famille jusqu'en 1882. Une part de ce bétail entrera dans l'alchimie de la ganadería PABLO ROMERO. Mais cette lignée est aujourd’hui éteinte.
°° Une troisième part, qui constitue elle aussi un lot important, va à Domingo VARELA, de Medina Sidonia (Cádiz).

°° Une quatrième part est acquise par le chanoine sévillan Diego HIDALGO BARQUERO, grâce au général QUESADA. Il s’agit de 2 utreros berrendo en negro achetés comme sementales. Ce pelage deviendra le plus caractérístique dans les ganaderías derivées d’HIDALGO Y BARQUERO 1.

°°°Rafael MOLINA (alias le matador "LAGARTIJO"), pour sa part, acquiert un lot ; et Francisco MARÍN MARTÍNEZ tout le reste. Mais quand, au juste ?...


Les événements


Date : le 01/03/1830
Date : 04/1830
Date : 06/1830
Date : entre 1830 et 1832
Date : 1832