FICHE ELEVAGE

Herederos del Conde de la CORTE 2

Plan : 00.06



Le toro placé en exergue est l'un des toros actuels : on voit que les lacorte n'ont rien perdu de leur trapío.
En 2016, Guillermo LÓPEZ MARTÍNEZ devient le jeune et nouveau ganadero des lacorte avec leur célèbre fer. Il n’a probablement jamais été sérieusement question de vendre. Cependant, en août 2015, un aficionado valencien, Isidro PRIETO GINER, avait acquis 70 vaches de ventre et 1 semental pour former sa ganadería... Depuis toujours, certes, on vient acheter des reproducteurs chez La CORTE ! Mais après cette vente, il ne restait plus que 25 vaches et 2 sementals.
Quand, en 2017, il a été décidé de lidier de nouveau, Guillermo est allé chercher certaines des vaches vendues en 2015, afin de récupérer une richesse génétique qui était devenue manquante : toutes les vaches rachetées étaient marquées du fer "maison", pas de confusion possible. Bien que les vaches vendues en 2015 n’aient pas été prises dans les familles (reatas) les plus importantes, Guillermo a pu récupérer ainsi des lignées lacorte qui lui manquaient, ce qui allait lui permettre d’ouvrir plus facilement les familles ; c'est particulièrement important dans une ganadería encore assez courte (80 vaches au total) et donc toujours menacée d'un excès de consanguinité. En pratique, il possède maintenant un peu plus de 100 vaches de ventre, représentant de 80 à 85 % des familles qui composaient la ganadería (avant la vente de 2015 ou depuis les origines ?). Il n’envisage pas d’autre achat, si ce n’est celui d’une pointe de vaches de plus, à la même source sans doute, afin de boucler la boucle des reatas.
Quoi qu’il en soit, le nombre de vaches n’est pas le principal. Le principal est que la fécondité des vaches soit élevée ; mais la consanguinité devient vite un problème, d’où la nécessité d’ouvrir rapidement les familles. Pour cela, Guillermo constitue de nombreux petits lots de vaches destinés à un nombre élevé de sementals ; il crée ainsi beaucoup de familles ayant des pères différents et fait reculer la consanguinité. Cela lui évite d’avoir à réaliser des apports extérieurs.
Pour le moment, le souci n’est pas de revenir dans les grandes arènes. Vu leur situation actuelle, ils ne lidient pas. Aussi la pandémie Covid ne les a pas trop touchés : ils n’ont que 10 ou 15 toros ; soit ils sont toréés sur place, soit ils sont vendus. Toutefois, Guillermo pense avoir 5 corridas en 2023.
Son souci est de conserver le type de l’encaste, sans tomber dans l'excès de ces toros énormes (dans les 600 kg), demandés par les grandes arènes, celles de première catégorie. Pour lui, l’important est que ses toros aient du répondant dans les trois tercios et beaucoup de caste. C’est le chemin des générations qui l’ont précédé et il estime que c’est le bon ! Mais il est vrai que le poids du nom et de la responsabilité est lourd… qu’il se sent jeune, ayant encore beaucoup à apprendre. Cependant il ne se refuse pas à tenir compte du fait que le toro actuel (de même que la tauromachie actuelle) n’est plus celui d’il y a 20, 30 ou 60 ans, et qu’il ne peut plus raisonner exactement comme son arrière-grand-père Agustín MENDOZA. L’engagement du toro au cheval et à la muleta reste certes fondamental à ses yeux ; mais avant, c’est le cheval qui primait, tandis que maintenant on cherche un toro qui dure dans la muleta, devenue essentielle. Il veut en tenir compte.
Cela ne l’empêche nullement de faire tienter ses vaches 7 ou 8 fois au cheval, d'exiger qu'elles viennent de loin, avec promptitude, en se livrant, en poussant. C'est ainsi qu'il recherche un toro qui transmette, qui fasse tout au galop et mette la tête. Un toro de caste, noble, avec de la classe, mais pas idiot. Guillermo est assez conscient que tous les ganaderos recherchent un tel toro, mais qu’il est fort difficile d’y parvenir. Au fond, c'est assez simple : il faut que le toro n’ait pas que de l’apparence, mais qu’il ait en lui-même ce qu’il donne à voir par son physique. Encore faut-il y arriver...
Le toro de Guillermo a bien conservé le type d'origine des lacorte. Il est de taille moyenne, long, imposant par sa corpulence et sa musculature. Il est aleonado [c'est-à-dire avec l'avant-train plus haut que l'arrière-train, ce qui correspond à la morphologie naturelle du toro, mais que les éleveurs cherchent généralement à inverser afin que l'animal puisse baisser la tête plus facilement, ce qui permet une tauromachie plus expressive]. Sa ligne dorso-lombaire est très peu ensellée, ses extrémités longues et fines supportent un thorax important et profond. Son arrière-train est peu développé, sa queue longue et au fouet/toupet/borlón abondant. Le morrillo est peu proéminent mais le fanon, lui, est très apparent. La tête est allongée, le profil céphalique le plus souvent droit, le front et le mufle larges. C'est un toro particulièrement bien armé, astifino, cornalôn, cornidelantero, quelquefois veleto, corniabierto ou playero, souvent astiblanco. Le pelage dominant est le negro , avec quelques colorado ou castaño, et de rares chorreado en morcillo.
Lorsqu'il ressortira en piste, on verra s'il a gardé son comportement typique. A savoir, distrait et abanto [courant un peu partout sans se fixer] à sa sortie en piste, et donc difficile à toréer à la cape ; puis montrant progressivement sa puissance et sa bravoure lors de spectaculaires tercios de piques, en venant de loin et en mettant les reins. Franc aux banderilles, il va a más à la muleta, mettant sa noblesse en évidence en chargeant avec style et en "humiliant" [baissant la tête dans les leurres]. Mais aura-t-il gommé son fréquent manque de force -que l'on retrouve hélas souvent dans les nombreux encastes dérivés...- qui enlève l'émotion et, en outre, l'emmène à se défendre sur place. Qui ne le souhaiterait ?!...


Les événements


Date : 2016